Maître (Le) : Différence entre versions

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Fichier:maitrep21.jpg|Photogramme 21 : ''Le Maître'',  Plan 55. Alexandre se dirige vers la table, y dispose une bouteille, et sans toucher la bouteille, il réussit à la faire léviter. Le Musicien regarde le prodige avec étonnement.
 
Fichier:maitrep21.jpg|Photogramme 21 : ''Le Maître'',  Plan 55. Alexandre se dirige vers la table, y dispose une bouteille, et sans toucher la bouteille, il réussit à la faire léviter. Le Musicien regarde le prodige avec étonnement.
 
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_ C’était génial, hier, la bouteille (…) Tu pourras aller à Paris.
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_ Alexandre : Aucune chance.
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_ Le Musicien : Pourquoi ?
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_ Alexandre : Parce que je ne le contrôle pas. Si je n’ai pas bu, ça ne marche pas.
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_ Le Musicien : Pourquoi ?
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_ Alexandre : C’est la vie….
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Notons au passage, la boîte au carton que porte le Musicien, et la corde qu’Alexandre enroule en boule. Autres indices intéressants qui sont significatifs et révélateurs sur le caractère et l’évolution des deux personnages.
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====Choix d’un itinéraire====
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Alexandre, tout en roulant, met au point l’itinéraire du trajet, les villages cités sont situés dans le centre nord de la Pologne : Siemiany, Zalewo et Pokorzec. Mais aussitôt, le Musicien refuse de passer par Zalewo : « Si vous aller à Zalewo, je vous quitte. »
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====Cinquième jour====
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Alexandre réveille le Musicien en lui annonçant que la Batterie du Bus est vide, et qu’il compte retirer la somme nécessaire pour l’achat d’une nouvelle batterie de son salaire. (Car, il avait laissé les lampes allumées toute la nuit). Ensuite, il lui dit, en désignant Angela (qui ne dormait plus) : Ce n’est qu’une pute.
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====La Disparition d’Angela====
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====Second dialogue d’Alexandre et du Musicien====
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<span id="ancre_25">'''Photogramme 25. Plan 66.'''</span> '' 00h 35' 01&quot;'' : Sous la pluie, les deux hommes sont secoués des mauvaises nouvelles (1. La disparition d’Angela ; 2. L’argent volé ; 3. Le Bus en panne au milieu des champs).
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_ Le Musicien : Comment elle a pu faire ça ?
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_ Alexandre : Je t’ai dit : c’est une pute.
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_ Le Musicien : Tu n’aimes pas les femmes ?
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_ Alexandre : Si, je les adorent. Mais je ne crois pas à l’amour.
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_ Le Musicien : Pourquoi ?
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_ Alexandre : Parce que c’est toujours la même histoire. Elle commence pareille. Elle se développe pareille, après elle te dépasse, après elle éclate à cause d’elle ou de toi.
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_ Le Musicien : Tu confonds l’amour et l’orgasme.
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_ Alexandre : Non pas du tout. Ensuite, viennent les enfants.
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_ Le Musicien : On peut aimer sans enfant.
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_ Alexandre : Si on aime, il y a un enfant.
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_ Le Musicien : Quel mal, y-a-t-il à ça.
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_ Alexandre : Quel mal il y a. Je vais te le dire. (Il commence à raconter sa tragique expérience de la guerre en Afghanistan, et le massacre par son unité de cinq enfants afghans…)
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_ Le Musicien : C’était la guerre, Alexandre.
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_ Alexandre : C’était la vie. (C’est la seconde fois, que le Maître utilise cette expression. (Voir La 4ème journée.)
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Soulignons dans la composition de l’image, (comme dans le photogramme 22, au plan 56), le prolongement en perspective des rails de chemin de fer, derrière Alexandre, qui ne se poursuivent pas au-delà, et qui suggèrent un terminus. Et, en ce qui concerne le Musicien, la présence d’une roue de bicyclette, qui propose l’idée, comme nous allons le voir, d’un certain retour. (Voir : Résonance.)
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[[Fichier:maitrep25.jpg|200px|thumb|right|Photogramme 25 : ''Le Maître'',  Plan 66. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.]]
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==

Version du 22 juillet 2011 à 17:34

Aspects techniques du film

Maître (Le) : Année de réalisation : 2005, diffusion 30 septembre 2005.
Titre original : Mistrz (Pologne), Der Meister (Allemagne), The Master (Titre international anglais).
Réalisation : Piotr Trzaskalski.
Pays : Pologne, Allemagne. 117 minutes, couleur.
Nombre de plans (ici, "plan" désigne,"tout morceau de film compris entre deux changements de… plan) : 219
Langues : Polonais, russe.
Production : Agencja Produckcji Filmowej.
Directeur de Production : Jacek Gawryszczak.
Scénario : Piotr Trzaskalski et Wojciech Lepianka.
Images (zdjecia) : Piotr Sliskowski P.S.C.
Décors (scénographie) : Wojciech Zogala.
Costumes : Monika Ugrewicz.
Son (dzwiek) : Jan Freda.
Musique : Wojciech Lemanski.
Montage : Cezary Kowelezuk.

Principaux acteurs :

• Maître Aleksandr Sapalov : Konstantin Lavronenko.
• Musicien (Mlody) : Jacek Braciak.
• Angela : Teresa Branna.
• Anna : Monika Buchowiec.
• Elodie : Aurélia Georges.
• Ela Snigorska : Elzbieta Snigorska.

*

Résumé du film

Alexandre, dit "le maître", excelle dans l'art du lancer de couteaux. Mais cet ancien soldat russe qui a vécu l'enfer de la guerre en Afghanistan est aussi très porté sur la bouteille. Un jour, alors qu'il a encore une fois trop bu, il ouvre toutes les cages des animaux du cirque. Renvoyé, Alexandre décide de monter son propre numéro et de se lancer sur les routes de Pologne. Lors de ses pérégrinations, il rencontre Andzela, une prostituée, et Mlody, un accordéoniste. La première devient son assistante, et le second son accompagnateur musical. Le trio est bien décidé à amasser suffisamment d'argent pour se rendre à Paris. Mais l'apparition de la belle Anna change radicalement la donne...

Auteur : Cinémotions.com

Le Maître : Chef-d'œuvre inconnu

Encore une fois, nous ne comprenons pas comment un film comme Le Maître, d’une si grande envergure, d’une si grande beauté, riche en rebondissements, en nouveautés, en situations, en innovations, reste inaperçu et passe sous silence. Certes le film a eu des récompenses (Festival du film de Miami (2006) et de Pologne (2005). Mais, que font-ils donc les organisateurs des grands festivals ? Pourquoi des voix ne s’élèvent-elle pas pour signaler et corriger cette immense méprise culturelle ? Pourquoi le féodalisme culturel pèse lourdement sur la rigidité des structures culturelles ? Mais nous ne sommes pas là pour parler des lacunes et des choix des festivals de cinéma. Mais seulement d’attirer l’attention sur un film rare, exceptionnel et tout simplement sublime. Un chef-d’œuvre.

En effet, la construction de l’édifice filmique est à la fois légère et haute. Le ciel est à ses pieds. Les transitions, le montage et le rythme du film sont franchement remarquables et bien souvent inédits (comme par exemple les plans d’ouvertures, les plans en plongée, le rideau d’eau, le croisement du bus et du bateau, etc.)… Finalement, nous pouvons dire que le seul défaut de ce film est qu’il n’en a pas, jamais de lourdeur, de remplissage, de fioriture, tout est à sa place. C’est un bel exemple, en ce qui nous concerne, d’une composition filmique parfaite.

*

Nous sommes fermement persuadé que le cinéma reste un continent à découvrir, un continent avec des richesses insoupçonnables… Ainsi, nous inaugurons, à travers le film, Le Maître, de l’éblouissant réalisateur polonais, Piotr Trzaskalski, (un nom à retenir), une nouvelle orientation, une autre direction dans l’étude de la cinémancie. En effet, comme nous l’avons déjà dit ailleurs, l’analyse d’un film s’effectue d’une part, du premier plan du film au dernier plan, en tenant compte de la bande son et des dialogues ; et d’autre part, en établissant des combinaisons qui rendent le film si profond.

D’ailleurs, il nous semble que l’art cinématographique est essentiellement, un art des combinaisons, un art des liaisons. De plus, il ne s’agit pas seulement des liaisons des images, des paroles, des sons, des objets, mais aussi, des liaisons extra-cinématographiques : la relation avec le spectateur, la société, le monde… Mais, cette méthode d’analyse nécessite un temps considérable, avec en un premier temps la constitution d’un corpus d’image significatif, et en un second temps, l’approche par tâtonnements des « relations significatives » du film [1]. Nous sommes conscient que cette approche est hypothétique et discutable…

Nous allons tout d’abord, établir un corpus d’image du film, et ce n’est qu’en second temps, que nous allons effectuer notre analyse. C’est une nouvelle méthode, car contrairement à l’édition du livre, ou l’ordre des pages (et de l’analyse) est à respecter scrupuleusement, grâce à Internet, nous pouvons modifier cette méthode d’analyse strictement linéaire, et d’effectuer des changements instantanés et répétitifs, selon l’orientation du discours. C’est comme si nous partagions, avant analyse, notre « brouillon » ou plan de travail avec le public. Ainsi, la page Internet aura une double fonction, un support de mémoire visuel des plans du film, et un partage des images (magnifiques) du film.

(14 mars 2010 - 10 mars 2011)

Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.

Le Maître, de Piotr Trzaskalski (2005)

Prologue

Photogramme 1. Plan 1. 00h 00' 10" : Prologue. L’enfant aveugle, les clochettes et la balançoire.

Photogramme 1 : Le Maître, Plan 1. L’enfant aveugle, les clochettes et la balançoire.
*

Un Cirque en ville

Photogramme 2. Plan 3. 00h 02' 15" : Un éléphant abandonné dans la ville.

Photogramme 1 : Le Maître, Plan 3. Un éléphant abandonné dans la ville.
*

Alexandre est renvoyé

Photogramme 3. Plan 4. 00h 03' 38" : Alexandre, le lanceur de couteau, dans la cage des singes.

Alexandre sera renvoyé. Il quitte le Cirque avec son Bus. Une espèce de « maison » mobile.

Photogramme 4. Plan 5. 00h 05' 30" : Le Bus d’Alexandre qui se faufile entre les maisons.

Photogramme 5. Plan 6. 00h 05' 57" : L’image d’Alexandre reflété dans le rétroviseur du Bus. Son passé est derrière lui, il avance vers l’inconnu. (Cette image sera montrée une seconde fois, à la fin du film (plan 214, 1h 40’ 13’’).

Photogramme 6. Plan 7. 00h 06' 48" : Alexandre est de bonne humeur, il peint sur son Bus les lettres : cirque de couteaux.

C’est à ce moment-là qu’il entend les cris d’une personne qui se fait agressée.

*

Le viol d’Angela

Photogramme 7. Plan 10b. 00h 07' 35" : Alexandre se dirige vers le lieu de l’agression afin de secourir la personne qui hurle.

Il sort un couteau de la main gauche. C’est la première apparition d’un couteau.

Il faut dire, qu’il y avait un instant, il tenait un pinceau !

Photogramme 7 : Le Maître, Plan 10b. Alexandre sort un couteau de la main gauche.

Alexandre libère la fille des mains des agresseurs, en les blessant avec le couteau. Il embarque la jeune femme en larmes dans son Bus.

*

Premier dialogue entre Alexandre et Angela

Photogramme 8. Plan 11a. 00h 07' 49" : Angela, c’est le nom de la jeune femme, continue à pleurer tout en enlevant une perruque couleur cuivre rouge.

Photogramme 9. Plan 11b. 00h 07' 53" : Sous la perruque apparaissent les cheveux naturels et blonds d’Angela. Alexandre lui propose de devenir son assistante.

*

Premier spectacle à deux : Polyphème

Photogramme 10. Plan 24. 00h 10' 38" : Alexandre au cours son spectacle. Les yeux bandés, il doit « délivrer » (pour la seconde fois) Angela des bras de Polyphème [2]. Mais Angela prise de panique, prendra la fuite en public, laissant Alexandre dans le noir.

Photogramme 10 : Le Maître, Plan 24. Alexandre, les yeux bandés, doit « délivrer » Angela des bras de Polyphème.
*

L’amour passagé d’Alexandre et Angela

Photogramme 11. Plan 36. 00h 12' 27" : Angela revient s’excuser auprès d’Alexandre, mais ce dernier est insensible aux charmes d’Angela, qui lui dit : Pourquoi tu es comme ça ? Alexandre lui réponds : « Je suis comme toi ».

Photogramme 11 : Le Maître, Plan 36. Angela qui demande à Alexandre, « Pourquoi tu es comme ça ? » Il lui réponds : « Je suis comme toi ».
*

Le Jeu du verre

Photogramme 12. Plan 37. 00h 13' 26" : Dans une auberge, Alexandre faisait des paris avec le « jeu du verre ». Il s’agit de laisser tomber un verre d’une certaine hauteur, et Alexandre devait rattraper le verre avant qu’il touche le sol. Nous distinguons, assis, à gauche de l'image, le Musicien qui assiste pour la première fois à un numéro du Maître.

Photogramme 12 : Le Maître, Plan 37. Alexandre fait des paris avec le « jeu du verre ».
*

L’agression d’Alexandre : la rencontre avec le Musicien

Photogramme 13. Plan 38. 00h 15' 47" : Alexandre sort de l’auberge riche et ivre, mais il sera agressé par deux individus. Il est allongé au sol. Au même moment, le Musicien sort de l’auberge, il remarque Alexandre, il avance vers lui pour l’aider à se relever.
- Alexandre : Ah, c’est toi, le musicien.
- Le Musicien : J’allai prendre le bus.
- Alexandre : Tu voulais aller où ?
- Le Musicien : Quelque part ?
- Alexandre : Bon, alors on va dans la même direction.

Photogramme 13 : Le Maître, Plan 38. Alexandre se fait, à son tour agressé.
*

Premier jour de Voyage en Bus

Photogramme 14. Plan 40b. 00h 17' 57" : Le bus s’arrête, les deux hommes descendent pour se soulager. Le Musicien dit à Alexandre :
- Cirque de couteaux, ça veut dire quoi ?
- Alexandre : Je lance des couteaux.
- Le Musicien : Hier, ce n’était pas un couteau (allusion au jeu de verre).
- Alexandre : Hier, c’était juste comme ça, pour s’amuser. (Alexandre se présente) Alexandre Sapalov, Maître des arts du cirque. Diplômé. Chez nous on avait un diplôme pour tout.
- Le Musicien : Enchanté.
- Alexandre : Et toi, tu as des projets.
- Le Musicien : Comme tout le monde.
- Alexandre : Moi c’est Paris, me produire là-bas. Ca c’est un endroit pour le cirque. Là-bas ils comprennent les artistes, toujours, Chagall… Magritte…
- Le Musicien : C’étaient des peintres.
- Alexandre : Et alors ? Je ne suis pas un artiste si je lance des couteaux ? L’art c’est l’art.

Photogramme 14 : Le Maître, Plan 40b. Alexandre : « Moi c’est Paris, me produire là-bas. Ca c’est un endroit pour le cirque. »
*

Le thé à la Vodka

Photogramme 15. Plan 41. 00h 18' 44" : Alexandre veut fêter à sa manière la rencontre en triangle de ses nouveaux amis. Il verse de la vodka dans le thé de ses nouveaux collaborateurs. Mais, il n’a pas eu, en retour, la réaction espérée. En effet, Angela crachera le liquide avec un certain dégoût, en traitant Alexandre de « crétin », et le Musicien avec la même mixture arrosera le pied d’un arbre. Pour détendre l’atmosphère, Alexandre fait passer la musique de Scriabine par l’énorme haut-parleur du Bus.

Photogramme 15 : Le Maître, Plan 41. Alexandre verse de la vodka dans le thé de ses nouveaux collaborateurs. Mais, il n’a pas eu, en retour, la réaction espérée.
*

Second jour : La proposition d’un spectacle à trois

Photogramme 16. Plan 43. 00h 18' 44" : Le lendemain, à 6 heures du matin, Alexandre réveille ses invités : Il propose de monter des spectacles dans les villages touristiques : avec des allemands et des hollandais. (…) Là encore, il n’aura pas la réaction espérée :
_ Angela (à demi-réveillée) : Et, hors saison, on fait quoi ?
_ Alexandre : J’ai pensé à tout, on ira à Paris.
_ Le Musicien : C’est une idiotie.
_ Alexandre : Non, un rêve.

Photogramme 16 : Le Maître, Plan 43. Le lendemain, Alexandre réveille ses invités : Il propose de monter des spectacles dans les villages touristiques.


*

Premier spectacle à trois

Photogramme 17. Plan 49. 00h 23' 02" : Finalement, la première partie de sa proposition a été acceptée par le groupe, puisque le soir, ils feront une représentation sur la place d’un village. L’une des innovations du réalisateur est celle de ne montrer qu’une seule fois un numéro de cirque. Ici, Angela invite une spectatrice de monter sur scène et de tourner un disque géant sur lequel sont disposés symétriquement et en croix quatre cœurs. Alexandre avec maîtrise crèvera les quatre cœurs. Cette scène est prémonitoire, parce qu’elle annonce bientôt, le cœur "percé" d’Anna…

Photogramme 17 : Le Maître, Plan 49. Angela invite une spectatrice de monter sur scène et de tourner un disque géant sur lequel sont disposés symétriquement et en croix quatre cœurs.
*

Sur la route

Photogramme 18. Plan 52. 00h 23' 43" : La petite équipe voyage. Le réalisateur s’attarde sur les rideaux flottants du Bus. La caméra fait un panoramique en plan rapproché sur les « paupières » du Bus, d’avant en arrière, pour terminer sur le plan suivant :

Photogramme 18 : Le Maître, Plan 52. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.
*

Second spectacle

Photogramme 19. Plan 53a. 00h 24' 04" : Un pompier en uniforme de parade ivre, tourne pour s'amsuer, le disque géant du spectacle dépourvu des quatre cœurs. Cette fois-ci, le spectacle a déjà eu lieu, et l’équipe se repose. Alexandre est assis au pied de la scène, une bouteille de vodka à la main. Il invite le pompier à boire :
_ Alexandre : Tiens. (Il lui tend la bouteille).
_ Le pompier : Je ne peux plus (…)
_ Alexandre : Tiens, bois.
_ Le pompier : Je ne peux pas, (balbutiant) si ça brûle, le garage, les camions, (…) qui l’éteindrais ?
_ Alexandre : Moi j’éteindrais.
_ Le pompier : Allez, tu éteindras… Toi l’artiste, tu éteindrais ?
_ Alexandre : J’éteindrai d’une main, comme ça.
Le Maître fait un tour de magie en faisant disparaître sa cigarette allumée dans le creux de sa main. Et, en ouvrant sa main, il y avait une nouvelle cigarette qu’il offre au pompier. Il se lève en laissant le pompier perplexe et se dirige vers une auberge.

Photogramme 20. Plan 53b. 00h 25' 28" : Devant l’entrée de l’’auberge, il y avait une table vide sur lequel se trouvait une poule. Alexandre, s’arrête devant la table, en posant ses deux mains sur les bords, et fixe la poule d’un air amusé. Il nous semble que nous avons affaire à une image-clé, qui sera en relation avec la séquence de « l’omelette » (plans 67b et 68), que nous verrons plus loin.

Photogramme 21. Plan 55. 00h 27' 36" : Alexandre entre dans l’auberge, et il trouve Angela et le Musicien qui s’embrassent. Alexandre désinvolte lance au Musicien : Il y a chez toi un secret, je ne sais pas quoi ?

Ensuite, il sort de l’auberge, il se dirige vers la table, y dispose une bouteille, et sans toucher la bouteille, il réussit à la faire léviter. Le Musicien regarde le prodige avec étonnement.

*

Le lendemain du quatrième jour

Photogramme 22. Plan 56. 00h 28' 27" : C’est le matin, l’équipe range les affaires dans le Bus. Le Musicien s’approche d’Alexandre et lui dit : _ C’était génial, hier, la bouteille (…) Tu pourras aller à Paris. _ Alexandre : Aucune chance. _ Le Musicien : Pourquoi ? _ Alexandre : Parce que je ne le contrôle pas. Si je n’ai pas bu, ça ne marche pas. _ Le Musicien : Pourquoi ? _ Alexandre : C’est la vie….

Notons au passage, la boîte au carton que porte le Musicien, et la corde qu’Alexandre enroule en boule. Autres indices intéressants qui sont significatifs et révélateurs sur le caractère et l’évolution des deux personnages.

Photogramme 22 : Le Maître, Plan 56. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.
*

Choix d’un itinéraire

Alexandre, tout en roulant, met au point l’itinéraire du trajet, les villages cités sont situés dans le centre nord de la Pologne : Siemiany, Zalewo et Pokorzec. Mais aussitôt, le Musicien refuse de passer par Zalewo : « Si vous aller à Zalewo, je vous quitte. »

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La route perdu

Photogramme 23. Plan 58. 00h 29' 55" : L’attitude du Musicien n’a pas tardé d’avoir une conséquence immédiate. C’est qu’en changeant la trajectoire de l’itinéraire, le Bus était perdu en plein champ, sans aucune route à suivre. Alexandre sort du Bus en colère, accompagné d’une bouteille de vodka. Angela et le Musicien profitent de la situation pour coucher ensemble.

Photogramme 23 : Le Maître, Plan 58. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.
*

Cinquième jour

Alexandre réveille le Musicien en lui annonçant que la Batterie du Bus est vide, et qu’il compte retirer la somme nécessaire pour l’achat d’une nouvelle batterie de son salaire. (Car, il avait laissé les lampes allumées toute la nuit). Ensuite, il lui dit, en désignant Angela (qui ne dormait plus) : Ce n’est qu’une pute.

*

La Disparition d’Angela

Photogramme 24. Plan 65. 00h 34' 38" : Les deux hommes sont de retour à vélo, après avoir fait des courses. Alexandre monte dans le Bus et comprends qu’Angela est partie en lui volant son argent. Il montre au Musicien le livre vide, dans lequel il cachait son argent. Soulignons au passage, la valeur du livre qui devient de la sorte, le trésor du Maître.

Photogramme 24 : Le Maître, Plan 65. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.
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Second dialogue d’Alexandre et du Musicien

Photogramme 25. Plan 66. 00h 35' 01" : Sous la pluie, les deux hommes sont secoués des mauvaises nouvelles (1. La disparition d’Angela ; 2. L’argent volé ; 3. Le Bus en panne au milieu des champs). _ Le Musicien : Comment elle a pu faire ça ? _ Alexandre : Je t’ai dit : c’est une pute. _ Le Musicien : Tu n’aimes pas les femmes ? _ Alexandre : Si, je les adorent. Mais je ne crois pas à l’amour. _ Le Musicien : Pourquoi ? _ Alexandre : Parce que c’est toujours la même histoire. Elle commence pareille. Elle se développe pareille, après elle te dépasse, après elle éclate à cause d’elle ou de toi. _ Le Musicien : Tu confonds l’amour et l’orgasme. _ Alexandre : Non pas du tout. Ensuite, viennent les enfants. _ Le Musicien : On peut aimer sans enfant. _ Alexandre : Si on aime, il y a un enfant. _ Le Musicien : Quel mal, y-a-t-il à ça. _ Alexandre : Quel mal il y a. Je vais te le dire. (Il commence à raconter sa tragique expérience de la guerre en Afghanistan, et le massacre par son unité de cinq enfants afghans…) _ Le Musicien : C’était la guerre, Alexandre. _ Alexandre : C’était la vie. (C’est la seconde fois, que le Maître utilise cette expression. (Voir La 4ème journée.)

Soulignons dans la composition de l’image, (comme dans le photogramme 22, au plan 56), le prolongement en perspective des rails de chemin de fer, derrière Alexandre, qui ne se poursuivent pas au-delà, et qui suggèrent un terminus. Et, en ce qui concerne le Musicien, la présence d’une roue de bicyclette, qui propose l’idée, comme nous allons le voir, d’un certain retour. (Voir : Résonance.)

Photogramme 25 : Le Maître, Plan 66. La petite équipe voyage. Les rideaux flottants du Bus.

Notes et références

  1. En ce qui nous concerne, il nous semble qu’il est impossible d’analyser un film en l’ayant vu une ou deux fois. Un film se feuillette comme un livre. Il faut prendre des notes, se poser des questions, faire une enquête, des dessins, ouvrir un chantier, essayer de se mettre à la place du réalisateur, etc. Ensuite, on laisse reposer quelques temps, avant de revenir sur les résultats obtenus, et c’est ainsi que le produit gonfle, prends de l’épaisseur, trouve une direction. Et par la suite, chaque détail crée un pont vers d’autres éléments du film, les résultats se précise en se prolongeant et en plongeant dans d’autres relations, d’autres combinaisons. En résumé, un film reste ouvert.
  2. Polyphéme : « C’est un personnage célèbre qui joue un rôle dans l’Odyssée. Il est le fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa, elle-même fille de Phorcys. Le récit homérique le présente comme un géant horrible. (...) Ulysse et ses douze compagnons ont été capturés par Polyphéme… Alors que le Cyclope était profondément endormi, sous l’effet du vin, Ulysse et ses compagnons aiguisèrent un immense pieu, le durcirent au feu et l’enfoncèrent dans l’œil unique du géant. (...) Une fois en liberté, Ulysse se moqua de lui… C’est à partir de ce moment que date la colère de Poséidon, le père de Polyphème contre Ulysse. » Pierre Grimal, Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, P.U.F. Paris, 1988, p. 386.
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