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Feu

4 759 octets ajoutés, 7 décembre 2014 à 15:31
<span id="ancre_1"></span>[[Fichier:feup5.jpg|center500px|Photogramme Feu : Tarkovski Andreïthumb|right|alt=''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', Plan 20. Le fenil en feu.|''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', 1974, Plan 20. Le fenil en feu.]] <span id="ancre_1m"><br/span>
==Titres des films==
<th>Durée (min.)</th>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_carav"> </span> ''' Caravane de Feu (La) ''' <br/>
'''&#167;.''' Un homme condamné à une peine de prison sur la base d'un faux témoignage, est libéré sur parole. Il élabore un plan pour se venger de cette injustice. (Pitch du film.) </td>
<td>'' War Wagon (The) '' </td>
<td>''' Kennedy Burt '''</td>
<td>Huffaker Clair</td>
<td>'''1967'''</td>
<td> USA</td>
<td> 98</td>
</tr>
<tr>
<td><strong>Feu Follet</strong></td>
<td>90</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_guerr"> </span> ''' Guerre du Feu (La) ''' <br/>
'''&#167;.''' Il y a quelques dizaines de milliers d'années, la lutte acharnée d'une tribu d'homo sapiens pour se réapproprier son bien le plus précieux : le feu. (Pitch du film.) </td>
<td>'' Quest for Fire '' </td>
<td>''' Annaud Jean-Jacques '''</td>
<td>Brach Gérarg, d'aprés le roman homonyme d'Aîné Rosny.</td>
<td>'''1981'''</td>
<td> Canada, France</td>
<td> 96</td>
</tr>
</table>
 
<center>* * *</center>
 
<span id="ancre_2m"></span>
==Autres titres de films==
 
 
<table class="wikitable sortable">
<tr>
<tr>
<td><strong>[[#Les signes du feu dans Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski|Andre&iuml; Roublev]]</strong></td>
<td>(Voir détail : ''[[Andreï Roublev|Andre&iuml; Rublyov]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Konchalovsky A.</td>
<td>215</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Jeremiah Johnson'''<br/>
'''&#167;.''' Jeremiah fait difficilement un petit feu, qui sera facilement éteint par la neige…</td>
<td>'' Jeremiah Johnson ''</td>
<td>''' Pollack Sydney'''</td>
<td>Anhalt Edward, Milius John, d’après les romans de Fisher Vardis, ''The Mountain Man'' et Throp Raymond, ''The Crow Killer''</td>
<td>'''1972 '''</td>
<td> USA</td>
<td> 108 - 116</td>
</tr>
<tr>
<td><strong>Maître (Le)</strong><br/>
'''&#167;.'''[[Maître (Le)#ancre_19|&#934;&#969;. 19. Plan 53a.]]'''<br/> '''&#167;.'''[[Maître (Le)#La décision du Maître|&#934;&#969;. 48. Plan 217a.]]'''</td> <td>(Voir détail : ''[[Maître (Le)#Maître (Le)|Mistrz]]'')</td>
<td><strong> Piotr Trzaskalski </strong></td>
<td> Lepianka W. <br />
<tr>
<td><strong> Mathilde</strong><br/>
'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_1|&#934;&#969;. 1. Plan 1.]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_2|&#934;&#969;. 2. Plan 6.]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_13|&#934;&#969;. 13. Plan 139.]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_49|&#934;&#969;. 49. Plan 1335.]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_56|&#934;&#969;. 56. Plan 1346]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_73|&#934;&#969;. 73. Plan 1699.]]'''<br/>'''&#167;.'''[[Mathilde#ancre_74|&#934;&#969;. 74. Plan 1763.]]'''</td> <td>(Voir détail : ''[[Mathilde#Mathilde|Mathilde]]'')</td>
<td><strong>Mimica Nina</strong></td>
<td>Mimica Nina</td>
<tr>
<td><strong> [[#Le Miroir d’Andreï Tarkovski| Miroir (Le) ]]</strong></td>
<td>(Voir détail : ''[[Miroir (Le)|Zerkalo]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />
<td>118</td>
</tr>
<tr>
<td><strong> Neuvième Porte (La)</strong><br/>
'''&#167;.[[Livre#ancre_1|&#934;&#969;. Livre en feu.''']]</td>
<td><em> The Ninth Gate</em></td>
<td><strong> Polanski Roman</strong></td>
<td> Brownjohn J., Polanski R., Urbizu E. &#156;uvre de Pérez-Reverte Arturo.</td>
<td><strong>1999</strong></td>
<td>Espagne, France, USA</td>
<td>133</td>
</tr>
<tr>
<td>'''[[#Nostalghia d’Andreï Tarkovski|Nostalghia]]'''</td>
<td>(Voir détail : ''[[Nostalghia]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Guerra T.</td>
<td>130</td>
</tr>
<tr>
<td><strong> Révoltés du Bounty (Les)</strong></td>
<td><em> Mutiny on the Bounty</em></td>
<td><strong> Milestone Lewis</strong></td>
<td> Reed Carol</td>
<td><strong>1962</strong></td>
<td>USA</td>
<td>178</td>
</tr>
<tr>
<td><strong> [[#Stalker d’Andreï Tarkovski|Stalker]]</strong></td>
<td>(Voir détail : ''[[Stalker]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />
</table>
 <center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> ==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.== <span id="ancre_3m1"></span>
===Les signes du feu dans ''Andreï Roublev'', d'Andreï Tarkovski===
<br/>  
====Andreï Roublev prend feu====
<br/>  
'''<span id="ancre_106">Plan</span> 106-1''' <ref> Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.</ref> : ''52' 15&quot;'' : Le 4ème épisode, '''« La Fête, printemps 1408 »''', commence par le débarquement de Roublev et de ses compagnons au bord accueillant d'une rivière. C'est le crépuscule. Une musique troublante en chant de cigale amorce une émotion d'excitation sensitive. <ref>'''F. Farago''' écrit : (…) "Des images d'une poésie envoûtante, doublées d'une musique magicienne, dépeint la grande nuit slave…", ''Andreï Tarkovski, Études cinématographiques,'' N° 135-138, Éditions Lettres Modernes, Minard, Paris, 1983. p. 33. </ref>
Il était venu chercher du bois, et c'est lui qui commence à prendre feu. Le plan 116 est inducteur de plusieurs propositions imaginaires. Nous venons de voir un cas de figure. Un second cas, serait la descente de Roublev en enfer. Un troisième cas : la flamme de feu, le feu éthéré, qui atteint Roublev par ses pieds, par la base de son être.
 
<center>*</center>
 
====Les figures dérivées du feu : torche et fumée====
 
Dans le '''[[#ancre_116|plan 116]]''', les [[Pied|pieds]] de Roublev ont commencé à prendre feu à cause d'une torche lâchée vraisemblablement par la bacchante elle-même – peut-être quand elle a aperçu le moine et pour faire oublier la nudité de son corps. Mais ce feu, est-ce un feu purificateur ? Ou un feu démoniaque ? Notamment avec l'articulation de la signification phallique du pied. L'image peut suggérer un sens érotique, avec en plus, pour renforcer cette idée, la présence de la branche près de la tête de Roublev. Nous pouvons constater que plusieurs idées peuvent prendre sens et forme dans l'âme confuse d'Andreï Roublev, et cela précisément parce qu'il a tout vécu, tout traversé. A la force de l'expression de l'acteur, le cinéaste ajoute des éléments formels qui contribuent à montrer les différents passages du grand peintre.
'''<span id="ancre_117">Plan</span> 117 - 11 :''' '' 55' 35&quot;'' : Après la robe en feu de Roublev, nous assistons à une cérémonie étrange, pleine de douceur et de fraternité. En effet, au bord de la rivière, deux rangs d'hommes et de femmes forment une double chaîne humaine qui poussent une petite [[barque]]. Dans cette barque on a déposé une curieuse figurine faite de [[paille]], une [[bougie]] allumée est plantée au niveau de sa tête. (Cf. '''Photogramme – Feu 1.''')
<span id="ancre_117ap"></span>[[Fichier:feup2.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 117a'''. La petite barque de procession.|'''Photogramme - Feu 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 117a'''. La petite barque de procession.]]
La petite barque est ensuite repoussée délicatement par la double chaîne humaine au fur et à mesure qu'elle voguait sur l'eau. (Cf. '''Photogramme – Feu 2.''')
<span id="ancre_117bp"></span>[[Fichier:feup3.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 2''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 117b'''. L'étrange procession de la petite barque.|'''Photogramme - Feu 2''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 117b'''. L'étrange procession de la petite barque.]] Le titre de "Dadouques" donné à l'un des principaux prêtres d'Eleusis signifie "Porte-torche". La torche semble indiquer un symbole de purification et d'illumination. (…) "Elle est la lumière qui éclaire la traversée des Enfers (Perséphone) et les chemins de l'érudition. <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 956. </ref> Les innombrables rites de purification par le feu sont manifestes, de l'occident au Japon, en passant par la Chine, l'Inde, les Aztèques, les Bambaras, les Celtes, etc. Généralement ces rites de passage sont caractéristiques de cultures agraires : (…) "Ils symbolisent, les incendies des champs qui se parent ensuite d'un manteau vert de nature vivante." <ref> '''R. Guenon''', ''Symboles fondamentaux de la science sacrée'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' </ref> Mircea Eliade note la signification sexuelle du feu qui est, "universellement liée à la première technique du feu par frottement, en va et vient, image de l'acte sexuel." <ref>'''Mircea Eliade''', ''Forgerons et Alchimistes'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 41. </ref> Cependant il précise que le feu a un caractère ambivalent : (...) "Il est d'origine soit divine, soit démoniaque (car d'après certaines croyances archaïques, il s'engendre magiquement dans l'organe génital des sorcières.) (Ibid.) Gilbert Durand observe que la sexualisation du feu est "nettement soulignée par les nombreuses légendes, qui situent le lieu naturel du feu dans la queue d'un animal." <ref> ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' pp. 360-361. </ref> Une illustration de cette image est le plan de la queue enflammée de l'âne dans ''Au hasard Balthasar'', de [[Bresson Robert|Robert Bresson]].
Le titre de "Dadouques" donné à l'un des principaux prêtres d'Eleusis signifie "Porte-torche". La torche semble indiquer un symbole de purification et d'illumination. (…) "Elle est la lumière qui éclaire la traversée des Enfers (Perséphone) et les chemins de l'érudition. <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 956. </ref> Les innombrables rites de purification par le feu sont manifestes, de l'occident au Japon, en passant par la Chine, l'Inde, les Aztèques, les Bambaras, les Celtes, etc. Généralement ces rites de passage sont caractéristiques de cultures agraires : (…) "Ils symbolisent, les incendies des champs qui se parent ensuite d'un manteau vert de nature vivante." <ref> '''R. Guenon''', ''Symboles fondamentaux de la science sacrée'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' </ref> Mircea Eliade note la signification sexuelle du feu qui est, "universellement liée à la première technique du feu par frottement, en va et vient, image de l'acte sexuel." <ref>'''Mircea Eliade''', ''Forgerons et Alchimistes'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 41. </ref> Cependant il précise que le feu a un caractère ambivalent : (...) "Il est d'origine soit divine, soit démoniaque (car d'après certaines croyances archaïques, il s'engendre magiquement dans l'organe génital des sorcières.) (Ibid.) Gilbert Durand observe que la sexualisation du feu est "nettement soulignée par les nombreuses légendes, qui situent le lieu naturel du feu dans la queue d'un animal." <ref> ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' pp. 360-361. </ref> Une illustration de cette image est le plan de la queue enflammée de l'âne dans ''Au hasard Balthasar'' , de [[Robert Bresson]].
La question du feu est vaste, au niveau de sa figure archétypale. <ref> Cf. '''Christian Roche et Jean-Jacques Barrère''', ''Le feu'', Editions du Seuil, Paris, 1999. Eric Golay (sous la responsabilité de), Editeur : musée d'ethnographie de Genève, 1999. </ref> Nous le verrons dans [[Miroir (Le)|Le Miroir]]. Elle est aussi en profondeur dans cette séquence. Nous allons y revenir, mais pour le moment nous ne devons pas négliger un autre plan étrange qui suit directement la petite barque de procession. En effet, dans le '''[[#ancre_8|plan 117]]''', les hommes et les femmes sont nus face à face. Dans le plan en question :
'''<span id="ancre_118">Plan</span> 118-12 :''' '' 56' 28&quot;'' : Nous distinguons avec une certaine difficulté, dans une clairière, un homme (ou une femme) debout sur un autre homme. Ils se couvrent ensuite de haut en bas d'une longue tunique de tissu clair : comme un fantôme de la nuit ! C'est l'image d'un géant de plus de trois mètres qui semble avoir un certain sens par rapport aux deux plans qui le précédent : la robe en feu et la petite barque. Par sa forme nettement phallique, c'est, si l'on ose dire, une érection physique de l'esprit, car c'est comme si la partie supérieure de l'homme, la tête, grandissait démesurément. Un sexe géant qui s'accouple avec la forêt. Le tissu clair lui confère un aspect lumineux spectral. Il y a comme une ascension réelle de l'âme. Cette image n'est-elle pas aussi une "image de feu" ? D'après la tradition initiatique peule, "le feu est du ciel, car il monte, tandis que l'eau est de la terre car elle descend en pluie." <ref> '''Amadou Hampate Ba''', ''Kaydara'', document de l'Unesco. </ref>
'''<span id="ancre_120">Plan</span> 120-14 :''' '' 57' 07&quot;'' : Andreï Roublev regarde la scène de la femme qui saute sur la fumée. (Cf. '''Photogramme – Feu-fumée 3.''')
<span id="ancre_120p"></span>[[Fichier:feup4.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu-fumée 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 120'''. Une jeune femme qui saute à travers une fumée, après avoir monter un petit escalier.|'''Photogramme - Feu-fumée 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 120'''. Une jeune femme qui saute à travers une fumée, après avoir monter un petit escalier.]]
Il est surpris par trois moujiks malveillants : « ''Passez-moi les rênes'' » dit un moujik. Ils le mettent en croix, les bras ficelés solidement. « ''Comme le christ'' », dit un autre moujik ! Roublev demande le supplice extrême : « ''Je veux la tête en bas.''»
'''<span id="ancre_121">Plan</span> 121-14 :''' '' 58' 19&quot;'' : Travelling de l'intérieur sur deux moujiks qui se déplacent de gauche à droite. A la fin du travelling, une femme nue (vraisemblablement celle qui sautait l'escalier, elle n'était pas loin) regarde Roublev. Plan dynamique. Elle se détache de l'[[ombre]] et elle avance vers le crucifié et lui dit : « ''Pourquoi voulais-tu la tête en bas ?''» Gêné par la nudité de la jeune femme, Andreï Roublev répond : « ''C'est un péché de courir nu.''» Cette question et sa réponse déviée, semblent offrir le visage psychologique de Roublev. Ce petit dialogue constitue une synthèse partielle. Il conclut, en quelque sorte, un certain nombre de figures que nous avons vu : l'[[inversion]], la [[croix]], les [[Pied|pieds]]. Soulignons que la figure de la tête en bas est un caractère du bouffon (plans II 26-5 ; 33-12). De fait, n’y a-t-il pas dans cette figure comme une suggestion d'un pouvoir titanesque, l'homme qui porte la terre : « l'homme Atlas » ?
 
 
<center>*</center>
====Liens spécifiques du film====
 
 
 
Voir : ''[[Andreï Roublev]]''
  <center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>  <span id="ancre_3m2"></span>
===''Le Miroir'' d’Andreï Tarkovski===
<br/>  
====Le feu au fenil ou l’attente brûlante====
 
 
'''<span id="ancre_6">Plan</span> 6 :''' '' 05' 24&quot;'' : Une jeune femme interprète un double rôle : celui de Maroussia, mère d'Alexeï (Aliocha), le narrateur du film, et celui de Natalia, épouse d'Alexeï et mère d'Ignat qui est le fils du narrateur. C'est Maroussia qui est assise sur une [[clôture]] en bois à l'allure incertaine et branlante. Elle fume une [[cigarette]]. Elle regarde au loin vers des étendues de champs verdoyants. Panoramique général. D'emblée, deux éléments de la thématique tarkovskienne sont annoncés : l'[[attente]] et la limite <ref>Cf. '''G. Deleuze''', tome 1, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', pp. 25 ; 254. </ref> (la clôture).
Nous l'avons vu, le thème de l'attente est un thème majeur dans le cinéma de Tarkovski. Au plan 6, cette figure féminine de l'attente rappelle par moment la "figure de Pénélope". Mais contrairement à Pénélope, et pour tromper l'attente, Maroussia ne se livre pas au tissage, mais à l'action de fumer une cigarette, à l'action de brûler petit à petit le temps et de le transformer en fumée. La cigarette devient par la même occasion le premier indice imperceptible mais tangible du "feu" qui, comme nous allons le voir, a une importance capitale.
 
 
<center>*</center>
 
 
====Chat noir et verre de lampe à pétrole====
 
 
'''<span id="ancre_18">Plan</span> 18 :''' '' 13' 08&quot;'' : Plan rapproché sur Maroussia qui pleure. Un homme crie à l'extérieur. Maroussia sort, les enfants restent à table. Elle revient, elle leur dit : "Le feu, mais ne hurlez pas." Les enfants se précipitent dehors. Mais la caméra ne suit pas les enfants.
Dans le même mouvement de la séquence, les enfants passent, fugacement, devant un miroir, s'arrêtent au pied de la porte pour voir le feu au fenil, et Klanka sort de derrière le miroir. (Cf. '''Photogramme – Feu 4.''')
<span id="ancre_19bp"></span>[[Fichier:feup8.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 4 ''': ''Miroir (Le)'', '''Plan 19b'''. Le reflet des enfants dans un miroir, Klanka qui sort de derrière le miroir.|'''Photogramme - Feu 4 ''': ''Miroir (Le)'', '''Plan 19b'''. Le reflet des enfants dans un miroir, Klanka qui sort de derrière le miroir.]]
A l'extérieur, au :
L'accumulation et la cristallisation dans un temps court, d'un certain nombre d'indices [[Irrationnel|irrationnels]], étranges et [[Insolite|insolites]] sont des données significatives pour la cinémancie. Ainsi, si nous reprenons dans l'ordre la suite des indices, nous avons :
- *Plan 11 : la [[Clôture#ancre_11p|clôture]] s'effondre ;- *Plan 12 : le [[buisson]] agité ;- *Plan 15 : le [[Livre#ancre_15p|livre]] qui tombe ;- *Plan 17 : le [[Verre#Chat noir et verre de lampe à pétrole|chat]] noir qui lape le lait renversé ;- *Plan 19a : le [[Verre#Chat noir et verre de lampe à pétrole|verre]] de la lampe à pétrole qui [[Catalogie(de l'objet)|tombe]].
Le dernier indice est un signe complexe. Ne s'agit-il pas d'un signe sexuel ? Un signe hermaphrodite ? D'abord par sa forme : un long tube en verre renflé dans sa partie supérieure. C'est un signe "transparent". Ensuite, il installe une liaison directe avec "Le fenil en feu." C'est d'abord, grâce au mouvement de la caméra au moment où le verre tombe. Nous avons, en effet, un mouvement continu qui s'amorce avec la lampe à pétrole éteinte, avec son verre détaché, et se termine avec le feu gigantesque du fenil. C'est ensuite, une seconde liaison avec le petit appareil de chauffage de l'épisode suivant "le [[Rêve]] d'Aliocha", dans lequel le feu, au départ une simple lueur, va jaillir en flamme, pour finalement s'éteindre. Soulignons qu'à ce moment-là, la mère est avec son mari. Et ici, la lampe éteinte qui finit avec le fenil en feu. N'est-on pas en présence d'une [[métaphore]] du cheminement du mariage ? Précisons encore que le premier appareil, le verre de la lampe à pétrole, sert à éclairer alors que le second (dans l'épisode suivant) sert à chauffer. Un autre témoignage c'est le plan en insert, fugace, à la fin du "Rêve d'Aliocha" : le dos d'une [[main]] qui se chauffe devant un feu. (Cf. '''Photogramme – Feu 6.''')
<span id="ancre_28p"></span>[[Fichier:feup6.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 6''' : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]'', '''Plan 28'''. La main en insert qui se chauffe à un bout de bois incandescent.|'''Photogramme - Feu 6''' : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]'', '''Plan 28'''. La main en insert qui se chauffe à un bout de bois incandescent.]]
C'est grâce à ce type de formalisme métonymique que Tarkovski construit, à l'intérieur de ses figures cinématographiques, des structures qui permettent le développement de voies parallèles, et la multiplication de codes de lecture.
Ainsi, nous nous permettons d'affirmer que l'ensemble de cet épisode est "un montage en chaîne [[Thèse:Résumé|cinémantique]]". La plupart des [[Objet|objets]] en question sont des objets [[Quotidien|quotidiens]], qui se trouvent dans n'importe quelle [[maison]] de campagne. Mais ici, il faut le dire, l'aspect remarquable du montage nous raconte en quelque sorte l'histoire des protagonistes au travers des objets qui les entourent. La structure et la forme de l'objet déterminent souvent le degré de la situation psychologique d'une personne. (La [[clôture]] qui s'effondre, la chute du [[verre]] de la lampe à pétrole.)
<span id="ancre_feu"></span>En résumé, nous assistons à l'élaboration d'une structure qui s'appuie sur les combinaisons du signe et de sa signification par un "procédé de [[transfert]] et de déviation". D'ailleurs, cet épisode semble se présenter comme un second prologue. Mieux encore, par son aspect étrange, il devient un prologue résumant en partie l'ensemble de la diégèse : une femme attend son mari, elle rencontre par hasard un "passant" (l’Inconnu) qui a perdu son chemin. Il lui demande un clou, ensuite une [[cigarette]]. Le clou <ref>Cf. '''Jacques Siclier''', ''Ingmar Bergman'', Editions Universitaires, Paris, 1960, p. 151. </ref> est un indice qui suggère la fixation du destin, la cigarette est l'indice qui insuffle l'étincelle d'une passion amoureuse, mais comme une cigarette, cette passion sera de courte durée, comme "un passant", la passion est passagère. Dès le début l'homme lui dit qu'il est troublé par sa présence. L'homme iconiquement se transforme en [[chat]], il s'intègre dans le cadre familial. Mais, un chat noir garde une grande part de mystère.
L'épisode commence par Maroussia qui regarde des champs verts, et se termine par l'image de l'héroïne qui contemple un fenil en feu rouge. Notons à ce propos le fait significatif au plan précédent : elle asperge son visage de quelques gouttes d'[[eau]] devant l'énorme feu. En revanche, dans l'épisode suivant, elle plonge la tête, d'une manière étrange dans une bassine d'eau. L'eau et le feu vont devenir les éléments de liaison entre les épisodes et particulièrement entre les deux premiers, puisque dans le premier épisode, Maroussia attendait son mari, et dans le second elle est avec son mari, qui va lui verser de l'eau sur la tête. Or, dans le premier épisode, l'eau se réduit à quelques gouttes, et le feu est très intense. C'est en fait, toute la "[[maison]]" qui brûle, dans son sens psychanalytique, "sa maison", son chez-soi, c'est cela qui brûle. Et au début du second épisode, "Le rêve d'Aliocha", "la maison" est en quelque sorte inondée, "la maison" part littéralement en morceau, des morceaux de plâtres du plafond. Mais ici, le feu est réduit à une petite flamme minuscule. En fait, Tarkovski présente une composition en équation par analogie de contraste. Ne s'agit-il pas "d'équation amoureuse" ? La passion amoureuse est-elle hors mariage ? La passion amoureuse est-elle au détour d'un chemin ? Il est émouvant de voir qu'avec l'étranger le feu est bouleversant, et avec son mari, le feu est discret.
 
<center>*</center>
  ====Variation d’éclairage, le mythe du sphinx phénix et l'énigme du coq====  
'''<span id="ancre_124">Plan</span> 124 :''' '' 1h 05' 22&quot;'' : Natalia (la mère d’Ignat) regarde des photos. Elle discute avec son ex-mari, à propos d'un autre homme qu’elle a rencontré, et qu'elle hésite à épouser : « ''dois-je l'épouser ?'' » demande-t-elle à son ex-mari. L'épisode ressemble à l'épisode de "La question espagnole", à ceci près qu'il y a un jeu savant de la lumière sur le visage de Natalia. En effet, au début, un éclairage intense illumine momentanément son profil gauche, ensuite c'est au tour du profil droit (plan 126). Dans le même plan, l'éclairage change encore, il est de face, il s'obscurcit quelques secondes au moment où Ignat entre dans le champ visuel, pour à la fin, s'amplifier et devenir plus intense qu'auparavant. Ce jeu de lumière indique les différents degrés du doute que Natalia traverse. La caméra effectue un zoom avant pour se placer devant une fenêtre, par laquelle nous observons Ignat dans une cour, près d'un petit feu. La mère dit : « ''regarde, notre cher cancre a brûlé quelque chose.'' » Ce feu mérite une attention particulière, car il est situé avant le fil de la discussion entre les parents, à propos du [[Buisson]] ardent :
- Natalia : « ''Te souviens-tu, à qui l'ange parut comme un buisson ardent ?'' »<br/>
- Alexeï (en voix-off) : « ''Non, en tout cas, pas à Ignat.'' » (Après quelques secondes de silence.) « ''C'est à Moïse que l'ange a paru.''»<br/>
_ - Natalia : « ''Pourquoi, jamais rien de tel ne m'apparaît ?''»
'''<span id="ancre_127">Plan</span> 127 :''' '' 1h 12' 36&quot;'' : Après la rèplique de la mère, apparaît le plan en [[insert]] du buisson soufflé par le [[vent]]. (Plan 12, 3ème représentation de l'insert.) D'autre part, un regard attentif sur le feu d'Ignat suggère "un effet d'ouverture", une forme "en cage", comme si la structure de l'élément en combustion rappelait une espèce "d'oiseau qui brûle". (Cf. '''Vignette, Photogramme Feu 7.''') Mais la question qui se pose, est celle de savoir si justement c'est un oiseau qui brûle. Ou un [[oiseau]] qui renaît ? Ne serait-ce pas en fin de compte, le mythe du sphinx phénix qui est présenté par déviation ? (Cf. '''Photogramme – Feu 7.''')
<span id="ancre_124p"></span>[[Fichier:feup7.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 7''' : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]'', '''Plan 124'''. Le feu qui brûle, ne serait-il pas une représentation symbolique du mythe du phénix ? (Cf. la vignette.)|'''Photogramme - Feu 7''' : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]'', '''Plan 124'''. Le feu qui brûle, ne serait-il pas une représentation symbolique du mythe du sphinx phénix ? (Cf. la vignette.)]]
D'autres propos en voix-off du père convergent vers notre hypothèse. Ils sont situés avant le feu d'Ignat. « ''Le poète doit bouleverser l'âme, non pas former des idolâtres.''» L'image du feu est bouleversante, car elle "marche à l'envers", comme tout le jeu de l'éclairage, qui [[Annonciateur(signe)|annonce]] indirectement un feu animalisé, par l'aspect changeant du feu, qui n'est pas uniforme. C'est comme un feu en miroir. D'autres arguments vont venir appuyer notre hypothèse à propos du feu d'Ignat. Pour le moment, nous dévoilons quelques indices en attendant le moment opportun. Une autre image « marche à l'envers », au cours de cet épisode, c'est un événement qui va nous intéresser, quand le père dit en voix-off : « ''je revois régulièrement le même rêve.''»
'''<span id="ancre_128">Plan</span> 128 :''' '' 1h 12' 42&quot;'' : Changement de cadre, retour à la maison de l'enfance, celle du premier épisode « Le fenil en feu ». C'est le jour. Klanka (une voisine) décroche du plafond une lampe à pétrole. C'est ainsi que petit à petit, les éléments se mettent en place, et en ordre. C'est un indice de plus à propos de notre hypothèse du feu. Le père continue son [[rêve]] : « ''On dirait qu'il veut'' (le rêve) ''me ramener de force à ces lieux chers et pleins d'amertume où je suis né il y a 40 ans, juste sur la table. Quelque chose m'empêche d'entrer dans la maison. (…) Tout est encore à venir, tout est encore possible.''» La [[table]] en question c'est la table sur laquelle monte la jeune fille pour décrocher la lampe à pétrole, et qu'elle dépose. C'est la même table des [[plans 16]] et du [[Verre#ancre_17|plan 17]], avec la séquence de la chute du [[verre]] de la lampe à pétrole, dont on a vu à plusieurs reprises l'extrême importance.
'''<span id="ancre_129">Plan</span> 129 :''' '' 1h 14' 22&quot;'' : Passage en noir et blanc. Aliocha, enfant de 5 ans, marche autour de la maison. Il appelle « ''maman'' ». Tout à coup :
'''<span id="ancre_131">Plan</span> 131 :''' '' 1h 15' 12&quot;'': Un [[coq]] surgit à l'extérieur. (Cf. '''Photogramme – Coq 1.''')
<span id="ancre_131p"></span>[[Fichier:coqp1.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Coq 1''' : ''Miroir (Le)'', '''Plan 131'''. Le coq qui surgit de la fenêtre et casse la vitre en deux.|'''Photogramme - Coq 1''' : ''Miroir (Le)'', '''Plan 131'''. Le coq qui surgit de la fenêtre et casse la vitre en deux.]]
'''<span id="ancre_132">Plan</span> 132 :''' '' 1h 15' 20&quot;'' : Retour sur le [[buisson]] soufflé par le vent (Plan 12, 4ème représentation.), mais contrairement aux plans précédents, il n'est plus en insert, il propose une suite : travelling gauche vers une table disposée au milieu d'un champ, sur laquelle sont disposées une pierre et une lampe à pétrole, qui sont soulevées par la force du vent. La lampe tombe au sol. ''(Cf. Photogramme – Verre 4. )''
Nous assistons en fait au [[rêve]] du père découpé en plusieurs parties. Il est d'abord annoncé par la voix-off du père : « ''je revois régulièrement le même rêve… Quelque chose m'empêche d'entrer à la maison.''» La maison signifie le foyer, la protection familiale, la chaleur humaine, le don de soi. Il reste à l'extérieur. Curieusement, un [[coq]], qui en principe a sa place à l'extérieur, est à l'intérieur. Sa sortie est fracassante, par une fenêtre, par un passage inhabituel. Il casse la vitre en morceaux, comme s'il cassait un couple en morceaux. La figure du coq dans cette représentation est énigmatique, comme le rêve lui-même.
Par ailleurs, dans le prolongement même de nos constatations, nous entrons de plain-pied dans le plan qui suit, à savoir le [[#ancre_132|plan 132]]. Le développement du buisson soufflé par le vent, avec la [[pierre]] qui bouge sur la [[table]], légère comme une [[aile]], et la lampe qui roule en tombant : ce ne sont pas des objets, ce sont des « idées ». Finalement, c'est à se demander s'il n' y a pas une cause importante et profonde dans le choix d'Andreï Tarkovski de figures mythologiques (le sphinxphénix) ou bibliques (Moïse). 
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====La lampe à pétrole oscillante====
 
 
C’est l’épisode des [[Bijou|Bijoux]]qui tombent chez Nadejda Petrovna. Aliocha assis, attendait sa mère. Il avait à sa droite, "un aspect de sa mère", et à sa gauche, "un reflet de lui-même". Grâce au [[miroir]], nous avons traversé le temps, pour rejoindre la rousse que le père aimait quand il avait son âge. Le feu commence et clôt la séquence de la rousse, à l'intérieur de l'épisode. Quant à Aliocha perdu dans sa contemplation, il est ramené de ses rêveries à la réalité au :
'''<span id="ancre_151">Plan</span> 151 :''' '' 1h 22' 42&quot;'' : par le son d'une lampe à pétrole [[Hésitation|vacillante]]. La lampe vacille trois fois et s'éteint. La vacillation de la lampe, comme le jeu de lumière sur sa mère, indique aussi la variation de l'état d'âme d'Aliocha : oscillation entre le père et la mère.
*
====Liens Spécifiques du film====
[[Miroir (Le)]]
 Voir : [[Miroir (Le)]]   <center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>  <span id="ancre_3m3"></span>
===''Nostalghia'' d’Andreï Tarkovski===
<br/>  
====« Le hall d'hôtel Palma » : Variations sur le thème de passage====
  Voir : [[Passage#"Le hall d'hôtel Palma" - Variations sur le thème de passage : Postures et costumes|Passage]].  
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====Pré-figuration et trans-figuration====
 
 
Du plan 84 au plan 90, c’est la séquence de l’[[apparition]] de la petite Angela. (Voir : [[Eau]], [[Plume]].)
'''<span id="ancre_92">Plan</span> 92 :''' '' 1h 25' 10&quot;'' : Second panoramique droite/gauche et gros plan de la tête du Poète allongé, près du feu. La caméra dépasse la tête du Poète et cadre le feu. (Cf. '''Photogramme – Feu 8'''.)Transition avec "le rêve du Poète".
<span id="ancre_91p"></span>[[Fichier:feup1.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 8''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 91'''. Le panoramique droite/ gauche qui dépasse la tête du Poète, et fixe le feu. Soulignons le passage « tête &rarr; feu » .|'''Photogramme - Feu 8''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 91'''. Le panoramique droite/ gauche qui dépasse la tête du Poète, et fixe le feu. Soulignons le passage « tête &rarr; feu » .]]   
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====Passages et messages====
 
 
<small>« ''Il n'y a que mon semblable, la compagne ou le compagnon,
René Char.</small><ref>''Commune présence'', titre du poème : ''La bibliothèque est en feu'', Editions Gallimard, Paris, 1978, p. 230. </ref>
(Voir : [[Bougie#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|Bougie]])  
'''<span id="ancre_108n">Plan</span> 108 : ''' ''1h 43' 35&quot;'' : Plan rapproché sur le «Fou à cheval». Un collègue du «Fou», tient un bidon d'essence dans la main. Il monte l'échafaudage et donne le bidon au «Fou»(plan 109a). «Le Fou» s'asperge d'essence (110). «Le Fou» allume le briquet (113). (Cf. '''Photogramme Feu 9'''.)
<span id="ancre_113np"></span>[[Fichier:chevalfeup1.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Feu 9''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 113'''. Le Fou à cheval en feu.|'''Photogramme - Feu 9''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 113'''. Le Fou à cheval en feu.]]
'''Bagno-Vignoni''': La traversée de la piscine de Sainte Catherine.
'''<span id="ancre_119n">Plan</span> 119 : ''' ''1h 48' 18&quot;'' : Le Poète allume la petite [[bougie]], celle que le «Fou» lui a donnée. Il commence d'abord par toucher le bord de la piscine (119b). Aussitôt qu'il a fait quelques pas, la bougie s'éteint (119c). Il allume la bougie une seconde fois, il ouvre son [[manteau]], et abrite la flamme de la bougie du vent. (119 e) Ce n'est qu'à la troisième tentative qu'il réussit à avancer, sans que la bougie s'éteigne. (Cf. '''Photogramme Feu-bougie 10'''.)
<span id="ancre_119hp">Plan</span>[[Fichier:bougiep2.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme Feu-bougie 10 ''': ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 119h'''. Le poète protège la flamme de la bougie avec son manteau.|'''Photogramme Feu-bougie 10 ''': ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 119h'''. Le poète protège la flamme de la bougie avec son manteau.]]
Il arrive enfin au bord opposé de la piscine, il est extrêmement épuisé, il s'agrippe à un petit [[escalier]] métallique.<ref>C'est grâce à ce plan (et au plan 27d, p. 55) que le cinéaste montre les problèmes de santé du Poète. Il est cardiaque et mourra au bout de sa mission. </ref> (119i) Il réussit à fixer la bougie sur le bord de la piscine. Il pousse un petit cri, et s'effondre. (119 j)
(Voir : «[[Nostalghia#L'importance des objets : aspect de miniaturisation/monumentalisation |miniaturisation/monumentalisation]]».)
 
 
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====Liens Spécifiques du film====
[[Nostalghia]]
Voir : [[Nostalghia]]   <center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>  <span id="ancre_3m4"></span>
===''Stalker'' d’Andreï Tarkovski===
<br/>  
C’est le début du film, le [[#Aspects extra-filmiques ; Que veut dire "Stalker" ? |stalker]] se prépare pour aller dans la Zone.
'''<span id="ancre_9">Plan</span> 9 : ''' ''09' 15&quot;'' : « En contre-champ, la femme qui tient encore le fil de l'ampoule.» L'image n'est-elle pas [[Thèse:Résumé|cinémantique]] ? N'annonce-t-elle pas l'éphémère, l'instantané ? C'est une représentation de la brève réaction de la femme du Stalker, qui découvre en une seconde dans toute sa lumière, l'éclatante vérité du départ du Stalker pour la «Zone». Elle tient à présent, un fil électrique au bout duquel ne règne que l'obscurité. Elle dit au Stalker : «''Pourquoi as-tu pris mon réveil ? Dis où est-ce que tu vas ? Tu m'avais pourtant juré…''»
'''<span id="ancre_10">Plan</span> 10 :''' '' 09' 54&quot;'' : Le Stalker se brosse les dents, il dit à sa femme, imperturbable : « ''Chut ! Tu vas réveiller Ouistiti !''» Il continue à se brosser les dents. A gauche du cadre, les flammes du chauffe-eau. L'image, ici, suggère le feu de la [[Déterminisme|détermination]] qui habite le Stalker. La permanence du feu s'oppose à l'éclair instantané de la lampe qui implose. Si cette dernière représente sa femme, la première représente le Stalker. De plus, l'une éclaire, l'autre chauffe. <ref> Cette idée ou ce couple feu/lumière est proposé dans le 1er épisode du [[Miroir (Le)|Miroir]], « Le Feu au Fenil» avec le [[verre]] de la lampe à pétrole et le feu au fenil. Ici, les rapports ne sont pas de la même envergure, puisque la vie familiale est entre parenthèses dans Stalker (disposé au début et à la fin du film), tandis que dans Le Miroir la famille est le centre du film. C'est aussi d'autre part, un cas de "[[résonance]] latéral".</ref>Le Stalker [[Crachat|crache]] de l'[[eau]], se retourne et s'essuie la bouche avec une [[serviette]]. 
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====Liens Spécifiques du film====
[[Stalker]]
Voir : [[Stalker]]   <center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>  <span id="ancre_4m"></span>
==Symbolisme==
Gilbert Durand distingue avec Bachelard, deux directions ou deux constellations psychiques dans la symbolique du feu, suivant qu'il est obtenu, soit par percussion, soit par frottement : (…)« Dans le premier cas, il s'apparente à l'éclair et à la flèche et possède une valeur de purification et d'illumination ; il est le prolongement igné de la lumière. ''Pur'' et ''feu'' ne sont en sanscrit qu'un même mot (''lumière'' et ''feu'' en grec, à une syllabe près ; ''jour'' et ''feu'' en arabe, à une syllabe près.) Il s'oppose au «feu sexuel», obtenu par friction, comme la flamme purificatrice s'oppose au centre génital du foyer matriarcal, comme l'exaltation de la lumière céleste se distingue d'un rituel «de fécondité agraire».<ref>'''Gilbert Durand''', ''Les structures anthropologiques de l'imaginaire,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' pp.195-196. </ref>
 
 
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== Voir aussi ==
 
 
*[[Bougie]]
*[[Cigarette]]
 
 
<center>* * *</center>
 
== Notes et références ==
<references />
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