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Feu

28 octets ajoutés, 23 décembre 2011 à 19:34
Ainsi, nous nous permettons d'affirmer que l'ensemble de cet épisode est "un montage en chaîne [[Thèse:Résumé|cinémantique]]". La plupart des [[Objet|objets]] en question sont des objets [[Quotidien|quotidiens]], qui se trouvent dans n'importe quelle [[maison]] de campagne. Mais ici, il faut le dire, l'aspect remarquable du montage nous raconte en quelque sorte l'histoire des protagonistes au travers des objets qui les entourent. La structure et la forme de l'objet déterminent souvent le degré de la situation psychologique d'une personne. (La [[clôture]] qui s'effondre, la chute du [[verre]] de la lampe à pétrole.)
<span id="ancre_feu"></span>En résumé, nous assistons à l'élaboration d'une structure qui s'appuie sur les combinaisons du signe et de sa signification par un "procédé de [[transfert]] et de déviation". D'ailleurs, cet épisode semble se présenter comme un second prologue. Mieux encore, par son aspect étrange, il devient un prologue résumant en partie l'ensemble de la diégèse : une femme attend son mari, elle rencontre par hasard un "passant" (l’Inconnu) qui a perdu son chemin. Il lui demande un clou, ensuite une [[cigarette]]. Le clou <ref>Cf. '''Jacques Siclier''', ''Ingmar Bergman'', Editions Universitaires, Paris, 1960, p. 151. </ref> est un indice qui suggère la fixation du destin, la cigarette est l'indice qui insuffle l'étincelle d'une passion amoureuse, mais comme une cigarette, cette passion sera de courte durée, comme "un passant", la passion est passagère. Dès le début l'homme lui dit qu'il est troublé par sa présence. L'homme iconiquement se transforme en [[chat]], il s'intègre dans le cadre familial. Mais, un chat noir garde une grande part de mystère.
L'épisode commence par Maroussia qui regarde des champs verts, et se termine par l'image de l'héroïne qui contemple un fenil en feu rouge. Notons à ce propos le fait significatif au plan précédent : elle asperge son visage de quelques gouttes d'[[eau]] devant l'énorme feu. En revanche, dans l'épisode suivant, elle plonge la tête, d'une manière étrange dans une bassine d'eau. L'eau et le feu vont devenir les éléments de liaison entre les épisodes et particulièrement entre les deux premiers, puisque dans le premier épisode, Maroussia attendait son mari, et dans le second elle est avec son mari, qui va lui verser de l'eau sur la tête. Or, dans le premier épisode, l'eau se réduit à quelques gouttes, et le feu est très intense. C'est en fait, toute la "[[maison]]" qui brûle, dans son sens psychanalytique, "sa maison", son chez-soi, c'est cela qui brûle. Et au début du second épisode, "Le rêve d'Aliocha", "la maison" est en quelque sorte inondée, "la maison" part littéralement en morceau, des morceaux de plâtres du plafond. Mais ici, le feu est réduit à une petite flamme minuscule. En fait, Tarkovski présente une composition en équation par analogie de contraste. Ne s'agit-il pas "d'équation amoureuse" ? La passion amoureuse est-elle hors mariage ? La passion amoureuse est-elle au détour d'un chemin ? Il est émouvant de voir qu'avec l'étranger le feu est bouleversant, et avec son mari, le feu est discret.