« Les Âmes Grises » : différence entre les versions

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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_00_Affiche.jpg|450px|thumb|right|alt='' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo. L'affiche du film. Nous pouvons lire : « ''Pour une victime, combien de coupables ? » |'' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  L'affiche du film. Nous pouvons lire : « ''Pour une victime, combien de coupables ? »]]  
[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_00_Affiche.jpg|450px|thumb|right|alt='' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo. L'affiche du film. Nous pouvons lire : « ''Pour une victime, combien de coupables ? » |'' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  L'affiche du film. Nous pouvons lire : « ''Pour une victime, combien de coupables ? »]]  
<small><blockquote>{{citation|
- ''Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil...T'es une âme grise, joliment grise, comme nous tous...''}}<br />&mdash;
Philippe Claudel. <ref>Joséphine Maulpas, ''La Peau'', à Aimé Lafaille, le policier. '' Les Âmes grises'', Éditions Le Livre de Poche, 2003, p. 134.  </ref></blockquote></small>


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''00h 01' 44&quot;'' : Un narrateur commence à parler, en voix-off. C'est la voix du policier de la ville, Aimé Lafaille  : « ''La petite on l'a surnommée : « Belle », et même parfois, « Belle du Jour »  <ref>C'est la jeune fille de l'aubergiste Bourrache (Joséphine Japy) </ref>  Il y avait des morts par milliers,  partout, et comme s'il n'y avait pas assez de morts, voilà maintenant qu'on tuait une enfant. La terre devenait folle.'' »   
''00h 01' 44&quot;'' : Un narrateur commence à parler, en voix-off. C'est la voix du policier de la ville, Aimé Lafaille  : « ''La petite on l'a surnommée : « Belle », et même parfois, « Belle du Jour »  <ref>C'est la jeune fille de l'aubergiste Bourrache (Joséphine Japy) </ref>  Il y avait des morts par milliers,  partout, et comme s'il n'y avait pas assez de morts, voilà maintenant qu'on tuait une enfant. La terre devenait folle.'' »   


''00h 01' 57&quot;'' : Le maire du village regarde le juge qui mange son œuf avec un air ahuri. Il ne croit pas ses yeux grands ouverts qui fixent le geste déplacé du geste. Il est comme nous, à notre tour, très désappointés : Comment dans une telle situation, si tragique et si dramatique, un juge continue à manger des œufs mollets, comme si de rien n'était ? Nous voyons la même chose, mais nous n'agissons pas, pareillement, en conséquence. Comment se fait-il qu'il ne déroge pas à ses habitudes ? Est-ce que les scènes d'homicide infantile sont si habituelles pour le juge ?   
''00h 01' 57&quot;'' : Le maire du village regarde le juge qui mange son œuf avec un air ahuri. Il ne croit pas ses yeux grands ouverts qui fixent le geste déplacé du juge. Il est comme nous, à notre tour, très désappointés : Comment dans une telle situation, si tragique et si dramatique, un juge continue à manger des œufs mollets, comme si de rien n'était ? Nous voyons la même chose, mais nous n'agissons pas, pareillement, en conséquence. Comment se fait-il qu'il ne déroge pas à ses habitudes ? Est-ce que les scènes d'homicide infantile sont si habituelles pour le juge ?   




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Mais ce qui est  terrible, c'est le plaisir qu'il prend pour écraser la coquille. Il aurait pu par exemple, remettre la coquille sur le plateau que le gendarme portait, près de lui. Mais il a préféré l'écraser avec ces chaussures neuves. C'est comme si, par '''[[résonance]]''',  il écrasait la tête de la fillette une seconde fois. Son acte exprime à la lettre, la locution populaire : « Tuer dans l’œuf ».  
Mais ce qui est  terrible, c'est le plaisir qu'il prend pour écraser la coquille. Il aurait pu par exemple, remettre la coquille sur le plateau que le gendarme portait, près de lui. Mais il a préféré l'écraser avec ces chaussures neuves. C'est comme si, par '''[[résonance]]''',  il écrasait la tête de la fillette une seconde fois. Son acte exprime à la lettre, la locution populaire : « Tuer dans l’œuf ».  
Il reste une explication qui peut expliquer le geste du juge : il est superstitieux. En effet, il existe une croyance qu'on peut nuire à une personne en se procurant la coquille (non brisée) d'un œuf qu'elle a mangé. Le seul moyen de se protéger de la sorcellerie est d'écraser les coques des œufs que l'on vient de manger. ([[Œuf #ancre_4m2|Cf. Éléments superstitieux de l'œuf]])


Dans le prologue, le réalisateur insiste sur le comportement inhumain d'un juge, dans le chapitre suivant il présente la folie d'un instituteur.
Dans le prologue, le réalisateur insiste sur le comportement inhumain d'un juge, dans le chapitre suivant il présente la folie d'un instituteur.
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===0h 07’ 23’’ –  L’institutrice chez le procureur ===
===0h 07’ 23’’ –  L’institutrice chez le procureur ===


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===0h 14’ 01’’ – La relation tendue entre le procureur et le juge  ===
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_20_0h_14_11_rencontre_proc_mierck.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 20.'''  L'entrée du juge Mierck dans le bureau du procureur. | '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 20.''' <br/>L'entrée du juge Mierck dans le bureau du procureur. ]]
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_21_0h_14_34_mierck_dossier_proc.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 21.'''  Le juge refuse une affaire de vol et rend le dossier au procureur.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 21.''' <br/>Le juge refuse une affaire de vol et rend le dossier au procureur.]]
Plan rapproché. Devant son bureau du palais de justice, le procureur est assis de profil. Un greffier vient lui annoncer la présence du  juge Mierck. Le procureur, sans bouger la tête, lui fait signe qu'il peut laisser entrer le juge.
* <span id="ancre_am20">'''[[#ancre_ame20|Photogramme 20.]] '''</span> ''00h 14' 11&quot;'' : Le juge Mierck entre dans le bureau du procureur. Ce dernier reste assis, il ne manifeste aucune attention au juge, par exemple, il ne se lève pas pour l’accueillir. Le juge fait quelques pas et salue le procureur : « ''Monsieur le procureur. ''<br/>
- ''Asseyez-vous, je vous en prie. ''<br/>
- ''Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préfère rester debout. ''<br/>
- (Le procureur n'accorde pas d'importance aux propos du juge, il saisit un dossier.) ''Un vol semble-t-il, trois génisses à Chauville, vous lirez le rapport des gendarmes. '' (Il tend le dossier au juge.) ''Vous verrez sur place. ''<br/>
- (Le juge met un temps à prendre le dossier, il finit par le prendre avec un air sarcastique.) ''Hum, monsieur le procureur, il me semble qu'en tant que premier juge d'instruction, cette affaire ne soit pas de ma compétence. '' (Il pose le dossier sur la table.) (Cf. ''' [[#ancre_ame21|Photogramme 21.]]''' ''0h 14' 34&quot;'') <br/>
- (Le juge le dévisage.) ''Vous n'aimez que les jolies meurtres, n'est-ce pas monsieur le juge ? Vous rêvez aux assassins ! ''»
La remarque du procureur est pertinente, elle annonce le goût macabre du juge pour les "jolies" meurtres. Ainsi, petit à petit, nous entrons dans la nébuleuse de ces "Âmes grises" et tourmentées. Nous commençons à comprendre la délectation du juge à [[#ancre_ame202|savourer des œufs mollets]], devant une scène de crime.
Le juge est étonné par la brutale franchise du procureur : « ''Je ne sais pas monsieur le procureur ce qui me vaut ses propos. J'exerce ma charge du mieux que je peux. ''<br/>
- ''Alors, instruisez donc, quand on vous le demande. '' (Il rend le dossier avec un geste brutal.) '' Après tout, quand vous étiez chez vos nègres, il devait bien s'envoler du bétail, ou ces gens là, s'entretuent-ils sans cesse pour mieux vous plaire. ''<br/>
- ''Vous savez, j'ai quitté l'Afrique il y a plus de dix ans. ''<br/>
- (Le procureur, d'un signe, arrête le juge.) ''Je n'ai plus rien à vous dire. '' (Le juge prend le dossier et sort.) »
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 15’ 19’’ – Le jeu des enfants à la récréation  ===
* <span id="ancre_am22">'''[[#ancre_ame22|Photogramme 22.]] '''</span> ''00h 02' 41&quot;'' : Plan général de la cour de l'école. Sous le regard soucieux de l'institutrice, des enfants jouent en toute insouciance, certains imitent “le [[jeu]]” des adultes, ils jouent à la guerre, en guise de fusil, ils sont armés d'un [[bâton]], ils s'amusent à tirer et à répéter, comme l'a fait [[#ancre_am10b|l'instituteur au début du film]], mort, mort – six fois.
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_22_0h_15_24_enfants jouent à la guerre.jpg|400px|thumb|center|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 22.'''  Les enfants jouent à la guerre en imitant l'instituteur qui répétait : [[#ancre_am10b|« ''mort, mort... '' »]]| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 22.''' <br/>Les enfants jouent à la guerre en imitant l'instituteur qui répétait : [[#ancre_am10b|« ''mort, mort... '' »]] .]]
<span id="ancre_a09a"> </span>''00h 15' 28&quot;'' : Isolée du groupe, la caméra cadre une petite fille qui fixe du regard l'institutrice, cette dernière remarque cette attitude mystérieuse : « '' Tu me regardes ? ''(La petite fille, avec un sourire, continue à la regarder.) ''Pourquoi tu me regardes comme ça ? ''<br/>
- ''Vous êtes comme dans les [[Livre|livres]]. ''<br/>
- ''Comment on est dans les livres ? ''<br/>
- ''On est bien, tout est bien. '' »
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 15’ 57’’ –  “Les lettres de la petite demoiselle”  ===
<span id="ancre_ame23"> </span>
[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_23_0h_16_51_lettre violée.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 23.'''  La lettre violée.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 23.''' <br/>La lettre violée.]]
La correspondance de l'institutrice avec son amoureux est présente dans plusieurs séquences, nous n'aborderons que la dernière correspondance, celle qui annonce, hélas, la mort de son amoureux.
Cette correspondance devient un support pour illustrer l'esprit nostalgique et mélancolique du procureur qui, à plusieurs reprises sera perdu dans des songes impénétrables. Lui, un procureur de la république, garant de l'intégrité des citoyens et de la vie privée, va se permettre l'impensable, ouvrir les lettres personnelles de l'institutrice. Le procureur devient le facteur personnel de l'institutrice. Un facteur inquisiteur.
Finalement, en quinze minutes, le bilan n'est pas reluisant, nous commençons par un juge sadique qui savoure viscéralement les scènes de crime, nous passons par un instituteur qui tombe dans le côté obscur de la démence et enfin, un procureur de la république qui se complaît dans le voyeurisme et le “viol” des lettres de la demoiselle.  (Cf. ''' [[#ancre_ame23|Photogramme 23.]]''' ''0h 14' 34&quot;'')  Il rappelle par moment don Jaime, l'oncle de [[Épluchure#ancre_3m1|Viridiana]], le film de Luis Buñuel.
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 18’ 08’’ –  Le baiser au blessé ===
L'institutrice au manteau rouge traverse une rue, elle dépose une lettre dans la boîte à lettres. Elle est interpellée par deux soldats. Un troisième soldat reste discret et en retrait. L'institutrice fait demi tour, se dirige vers le troisième soldat, un blessé de guerre et elle lui donne un baiser sur la joue et un autre sur la bouche.  (Cf. ''' [[#ancre_ame24|Photogramme 24.]]''' ''0h 18' 39&quot;'') 




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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_24_0h_18_39_baiser_borgne.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 24.'''  Le baiser au blessé de guerre.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 24.''' <br/>Le baiser au blessé de guerre.]]
<span id="ancre_a11a"> </span>''00h 19' 01&quot;'' : Les deux soldats en entrant dans un bistrot auront une vive altercation avec des civils qui va finir tragiquement avec un civil poignardé.
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 19’ 45’’ –  Le policier et le procureur à “contresens” ===
Le policier Aimé Lafaille à vélo, parcourt à “contresens” un chemin de campagne emprunté par un régiment. Il entend des soldats qui ricanent : « '' Tu te trompes de sens, c'est par là-bas qu'on s'amuse.'' (Un autre crie) ''Planqué. ''»  Le policier agacé, sort de sa poche le brassard tricolore avec l'inscription : Sûreté Nationale. Cela conduit à exciter encore plus les soldats, l'un d'eux lui dit en s'approchant près de sa figure : « ''Tu fait mieux de te cacher sale flic ! '' »
* <span id="ancre_am25">'''[[#ancre_ame25|Photogramme 25.]] '''</span> ''00h 20' 26&quot;'' : Plan général. Dans le vacarme du régiment en marche, nous entendons les roues d'une calèche qui avance en trot sur le bas-côté du sentier. C'est le procureur qui passe d'un air indifférent.
<span id="ancre_ame25"> </span>
[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_25_0h_20_26_policier_procureur_contresens.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 25.'''  Le policier et le procureur à contresens.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 25.''' <br/>
Le policier et le procureur à contresens. L'image ne suggère-t-elle pas l'opposition de deux mouvements, l'une massive et l'autre linéaire : la flèche bleue (la masse qui représente le peuple), la flèche rouge (le procureur et le policier qui représentent l'exécutif) ? ]]
<center>* * *</center>
''00h 20' 43&quot;'' : Dans le bureau du Juge Mierck. Ce dernier est très agacé que le policier n'a pas arrêté [[#ancre_a11a|le soldat qui a poignardé un civil]] : « ''(…) Tout de même, si nos soldats se mettent à poignarder nos civils, où va-t-on ? D'ailleurs, je pense que le mieux serait que ce soldat ne soit pas mêlé à la population, qu'il soit parqué quelque part, il faut trancher, n'est-ce pas ? '' (Il s'approche du policier) ''Séparer le pus du muscle sain. '' »  Nous commençons à reconnaître le goût prononcé du juge pour les comparaisons organiques.
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 21’ 43’’ –  Le décès du caporal ===
C'est la nuit au château. L'institutrice dans sa chambre écrit à son caporal aimé.
''00h 22' 17&quot;'' : Le lendemain, dans la salle de classe, l'institutrice donne une rédaction à rédiger à ses élèves, il s'agit d'écrire une lettre aux papas qui sont à la guerre. Nous retrouvons la petite fille de la cour de récréation, elle est silencieuse, elle n'écrit rien, l'institutrice s'accroupit à sa hauteur et lui demande : « ''(...) Pourquoi tu n'écris pas ? ''<br/>
- (Long temps de silence.) ''Ca ne sert plus à rien. '' »
La réponse sibylline de la petite fille est en nette contradiction avec ce qu'elle avait dit un peu plus tôt : [[#ancre_a09a|« ''On est bien, tout est bien. '' »]] C'est de fait, un terrible [[clédon]], une parole prophétique. La suite des événements vont lui donner raison : 
''00h 23' 15&quot;'' : Le procureur trouve une enveloppe posée dans le petit plateau d'argent. [[#ancre_a10|On l'a vu]], c'est une habitude, il l'ouvre avec un coupe-papier et commence à lire la lettre : « '' (…) Il y a dix jours, lors d'un assaut dirigé vers les lignes ennemies, le Caporal Bastien Francœur a été touché à la tête par une rafale de mitrailleuse. (...) '' » (Cf. ''' [[#ancre_ame26|Photogramme 26.]]''' ''0h 23' 48&quot;'') 
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_26_0h_23_48_lettre_mort du caporal.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 26.'''  La lettre de décès du caporal.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 26.''' <br/>La lettre de décès du caporal.]]
''00h 24' 05&quot;'' : Le visage du procureur change, des traits se creusent. Il est bouleversé. Il se laisse aller sur le dos de son siège.
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> 
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===0h 24’ 14’’ –  La promenade de l'institutrice===
L'institutrice sort en promenade, elle dispose de son chapeau sur la tête.  Elle prend son cahier journal, un petit cahier rouge et elle accroche un crayon au dos de la couverture. Elle sort de la  maison.
* <span id="ancre_am27">'''[[#ancre_ame27|Photogramme 27.]] '''</span> ''00h 24' 44&quot;'' : Elle ouvre la grille verdâtre du château en tenant à la main son cahier journal. En voix-off, elle parle à son amant... Elle descend un petit escalier.
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_27_0h_24_44_cahier rouge.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 27.'''  L'institutrice qui passe la grille du château, elle tient en main, le petit cahier rouge.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 27.''' <br/>L'institutrice qui passe la grille du château, elle tient en main, le petit cahier rouge.]]
* <span id="ancre_am28">'''[[#ancre_ame28|Photogramme 28.]] '''</span> ''00h 25' 18&quot;'' : L'institutrice avance au bord du fleuve et s'assied sur le sol.
<span id="ancre_ame28"> </span>
[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_29_0h_25_18_futur scène crime_2.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 28.'''  L'institutrice au fond de l'image, au pied de l'escalier.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 28.''' <br/>L'institutrice assise au bord de la rivière.]]
Cette image est tristement dramatique. La surface bucolique innocente, sur laquelle est assise l'institutrice, perdu dans des pensées tendres et romantiques, va devenir dans peu de temps le théâtre et la scène d'un crime abject. C'est sur cet endroit qu'on va trouver [[#ancre_am2|Belle de Jour morte]].
''00h 25' 29&quot;'' : Le procureur apparaît en haut de l'escalier, il aperçoit l'institutrice, il s'arrête quelques secondes pour la voir, ou bien l'admirer ? Cette dernière sent qu'il y a un regard pesant qui s'attarde sur elle, elle détourne la tête, nous sentons le trouble du procureur, qui ressemble à un adolescent devant sa dulcinée. Il détourne le visage et continue sa promenade.
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 25’ 49’’ –  L'invitation du procureur===
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_30_0h_26_01_Lettre_invitation_proc.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 30.'''  La lettre d'invitation.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 30.''' <br/>La lettre d'invitation.]]
* <span id="ancre_am30">'''[[#ancre_ame30|Photogramme 30.]] '''</span> ''00h 26' 01&quot;'' : Barbe, la servante du procureur, avance vers la maison de l'institutrice, avec un petit plateau d'argent à la main, sur laquelle est déposée une enveloppe. Elle frappe à la porte, l'institutrice ouvre et sort. Barbe lui dit : « ''C'est une lettre de monsieur le procureur pour vous. ''<br/>
- (Elle prend l'enveloppe.) ''J'en attendais une autre ! ''<br/>
- ''C'est tout chamboulé en ce moment, vous savez. ''<br/>
- (L'insitutrice ouvre l'enveloppe.) '' Pierre-Ange Destinat. Procureur de la République prie mademoiselle Lysia Verhaine de bien vouloir accepter son invitation à dîner, le 29 octobre à 8h.''<br/>
- ''Alors, qu'est-ce que je répond, c'est oui ou c'est non. ''<br/>
- ''C'est oui. '' <br/>»
''00h 26' 26&quot;'' : Barbe commence à préparer le dîner, elle dresse une grande nappe blanche sur la table de la salle à manger. 
''00h 26' 35&quot;'' : Le procureur s'habille avec élégance, il boutonne, uniquement avec la main gauche un gilet blanc.
Montage alterné : d'une part les séquences de Barbe qui continue les préparatifs du dîner ; et d'autre part, le procureur qui finit par s'habiller, il range la lettre de la mort du caporal dans un tiroir, mais au dernier moment, il hésite un instant, et finit par sortir la lettre du tiroir pour la déposer dans la poche revolver de son veston. C'est un geste qui continue à noircir l'âme du Procureur, puisqu'il accueille Lysia en sachant que son  amant est mort. Par conséquent, les paroles prononcées au cours du repas, comme nous allons le voir, sont à prendre en considération. (Cf. ''' [[#ancre_ame33|Photogramme 33.]]''' ''0h 28' 18&quot;'') D'autre part, on peut dire que le dîner se transforme comme étant le dernier repas d'un condamné a mort. 
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===0h 27’ 26’’ –  Le dîner===
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_31_0h_27_26_dîner_institutrice_belle_0.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 31.'''  Le dîner aux chandelles.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 31.''' <br/>Le dîner aux chandelles.]]
* <span id="ancre_am31">'''[[#ancre_ame31|Photogramme 31.]] '''</span> ''00h 27' 26&quot;'' : Plan général de la salle à manger du château. L'institutrice et le procureur sont assis de part et d'autre de la grande table. ''Belle du jour'', de dos, avance doucement, car elle tient dans ses mains un plat (une soupière). En effet, le procureur a décidé de se faire servir par la jeune fille, à la place de sa servante, ''Barbe'', que nous venons de voir furieuse dans la cuisine.
Nous entendons crépiter dans la cheminée un feu ardent, est-ce une représentation de l'ardeur du procureur pour la jeunesse ?
L'institutrice brise un silence pesant : « ''Je n'ai guerre de conversation. ''<br/>
- ''Moi non plus, je ne sais pas quoi vous dire. '' (Temps de silence.) ''J'ai appris à me méfier des mots. Ils sont dangereux.'' (Cf. ''' [[#ancre_ame32|Photogramme 32.]]''' ''0h 27' 48&quot;'')  <br/>
- ''Dangereux ! Mais, pourquoi ?  Nous ne serons plus rien sans les mots, que nous restera-t-il d'autres ? En tout cas, je crois qu'il y a bien plus dangereux que les mots en ce moment. ''<br/>
- ''On peut faire mourir quelqu'un avec des mots très simples. ''(Cf. ''' [[#ancre_ame33|Photogramme 33.]]''' ''0h 28' 18&quot;'')  ''Il n'y a pas que la balle et le couteau. Vous ne croyez pas ? '' (Le Procureur est donc conscient de ce qu'il vient de dire, les mots de la lettre de la mort du caporal vont pousser Lysia à commettre l'irréparable. (Cf. ''' [[#ancre_ame26|Photogramme 26.]]''')<br/>
- ''On m'a dit que vous aviez été mariez ? '' <br/>
- ''J'ai en effet, été marié il y a bien longtemps, mon épouse est morte, elle avait vingt trois ans, elle n'a pas connue la laideur. '' <br/>
- ''Pourquoi aurait-elle connue la laideur ? Il me semble que le monde peut être si beau parfois. '' »
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_32_0h_27_48_dîner_institutrice_belle_1.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 32.'''  Destinat avait expressément demandé à Bourrache de préparer le dîner et de le faire servir par ''Belle du Jour''. Il faut noter le ressemblance troublante entre Lysia et l'enfant, comme une mère et son enfant.| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 32.''' <br/>Destinat avait expressément demandé à Bourrache de préparer le dîner et de le faire servir par ''Belle du Jour''. Il faut noter le ressemblance troublante entre Lysia et l'enfant, comme une mère et son enfant.]]
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_33_0h_28_18_dîner_institutrice_belle_2.jpg|400px|thumb|centre|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 33.'''  Destinat : «'' On peut faire mourir quelqu'un avec des mots très simples. Il n'y a pas que la balle et le couteau. Vous ne croyez pas ?'' »| '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 33.''' <br/> Destinat : «'' On peut faire mourir quelqu'un avec des mots très simples. Il n'y a pas que la balle et le couteau. Vous ne croyez pas ?'' »]]
Montage alterné : 1. Dans la cuisine, l'aubergiste prépare un plat, Barbe assise, est toujours furieuse...  2. La suite du dîner aux  chandelles, Destinat, on peut le dire est “aux anges” avec la présence de Lysia et de ''Belle du jour''.
''00h 31' 30&quot;'' : Le procureur raccompagne Lysia dans la petite maison. Il s'incline solennellement devant elle, lui fait un baisemain et lui dit sur un ton grave : «'' Merci.  '' <br/>
- '' Bonne nuit, Monsieur.  ''»
''00h 32' 23&quot;'' : Chez elle, la photographie de son amant dans les mains, Lysia murmure quelques mots  : «'' J'ai mal, le sais-tu... Mon amour où es-tu ? '' »
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== Notes et références ==
== Notes et références ==

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