Rideau
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Rideau Cramoisi (Le) | Rideau cramoisi (Le) | Astruc Alexandre | Astruc A., roman de Barbey d’Aurevilly J.-A. | 1953 | France | 44 |
Rideau de Fer (Le) | The Iron Curtain | Wellman William A. | Krims M., Histoir e de Gouzenko I. | 1948 | USA | 87 |
Rideau Déchiré (Le) | Torn Curtain | Hitchcock Alfred | Moore Brian | 1966 | USA | 128 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Apiculteur (L’) | Ο Μελισσκομος | Angelopoulos Theo | Angelopoulos T. Guerra Tonino |
1986 | Grèce | 140 |
Dernier Métro (Le) | Dernier Métro (Le) | Truffaut François | Grumberg J.-Cl., Schiffman S., Truffaut Fr. | 1980 | France | 131 |
Maître (Le) §. Les Rideaux du Bus |
(Voir détail : Mistrz) | Piotr Trzaskalski | Lepianka W. Trzaskalski P ; |
2005 | Allemagne Pologne |
117 |
Mathilde §. Les rideaux de camouflage |
(Voir détail : Mathilde) | Mimica Nina | Mimica Nina | 2004 | Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne | 97 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Nostalghia | (Voir détail : Nostalghia) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Thé et Sympathie | Tea and Sympathy | Minnelli Vincente | Anderson Robert, d’après sa pièce de théâtre | 1953 | USA | 122 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Le Miroir, d’Andreï Tarkovski
Le téléphone et le rideau sombre
Le long plan 29 du film, commence par des rideaux clairs retenus par une cordelière, pour aboutir à deux fenêtres séparées par un trumeau. La fenêtre de gauche à deux rideaux sombres tirés, la fenêtre de droite un seul rideau, disposé au milieu de la fenêtre. Grâce à cette disposition particulière, nous obtenons deux grandes fentes lumineuses : des rideaux de lumière (Cf. Photogramme – Rideau 1).
A la fin du travelling-avant, la caméra s'arrête pendant une seconde sur la fenêtre de gauche, complètement obscurcie, pour amorcer, en un faux-raccord, l'image de Maroussia qui court dans l'épisode suivant. Andreï Tarkovski aborde la figure de la fenêtre, comme un outil d'ouverture sur le passé (ou sur le présent, qui est un caractère cinémantique.) Comme dans Nostalghia, les rideaux sombres suggèrent, ici, une période sombre, presque tragique. En effet, la fenêtre de gauche propose un passage sombre, un obstacle. Le rideau de la fenêtre de droite est au milieu de la fenêtre, il annonce un choix à faire, une décision à prendre. Ainsi, il nous semble que ces éléments sont des révélations à prendre en considération. Ils déterminent, d'une manière ou d'une autre, un état psychologique particulier, un certain comportement singulier. [1] Dans l'épisode suivant, nous aurons droit à d'autres conduites particulières.
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Nostalghia, d’Andreï Tarkovski
Le premier rêve du poète
Plan 78a – 1 : 1h 13' 25" : ( 10è flash-back, en noir et blanc. 2ème série de quatre plans.) La femme du Poète se lève de son lit, comme si elle était inquiète ? [2] Ce plan est en fait le développement, en flash-back, du 1er plan du film, celui du prologue. Ce plan démontre que le film commence par le rêve du Poète.
La femme du Poète se dirige vers un côté de la chambre ajourée de trois grandes fenêtres. Le rideau de la fenêtre du milieu est tiré. [3] C'est la proposition d'un "espace alternatif". La femme se dirige vers la fenêtre du milieu, elle écarte le rideau (78c) : une colombe surgit. (Cf. Photogramme – Rideau 2.)
Elle se dirige vers la droite du cadre, ouvre une porte et la referme aussitôt (78 e). Il nous semble que la disposition particulière des fenêtres suggère le triple temps : le passé, le présent et le futur. La femme ouvre donc le rideau du présent pour voir jaillir une colombe, qui devient une représentation de son mari, le Poète. La suite de la séquence présente l'arrivée des personnages, comme dans le prologue (plan 1).
Plan 81a – 4 : 1h 15' 35" : Retour en plan moyen sur la femme du Poète. Travelling de gauche à droite sur la jeune fille, la dame au fichu, l'enfant et le chien. Mais paradoxe : le même travelling continue pour nous représenter les mêmes personnages dans le même ordre (81b). Il y a une espèce d'inauguration de l'aspect "infini du souvenir", qui se répète sans fin ! « Le rideau du Temps ». Nous entendons le son d'une corne de brume. L'image s'arrête sur une vue de la maison, un soleil émerge de derrière la maison (81c), seconde représentation métaphorique du Poète. (Cf. Photogramme – Soleil. )
Le 10ème flash-back propose une redéfinition, une re-combinaison du premier plan du film. Un retour, le dixième, vers l'âge mythique du Poète. Il y a en effet une incise déstructurante de la linéarité filmique par un gonflement du temps (celui du Poète [4]), et l'introduction de trois rêves successifs. Cela démontre par ailleurs que le début du film n'est pas le prologue, mais l'arrivée de la Traductrice et du Poète en voiture (plan 3). Le plan des trois fenêtres (78a) précède en fait le prologue. Enfin, l'aspect trinitaire [5] est une constante tarkovskyenne.
Dans l'épisode suivant nous allons rejoindre le Poète dans une église. Mais cette église est inondée. Est-ce un présage de sa future mission ? La piscine de Sainte Catherine.
Passages et messages
Plan 98 : 1h 31' 31" : Le Poète est devant le parvis d'un grand hôtel romain. Il vérifie ses sacs de voyage. Il est prêt à partir. Il s'assied sur un banc, du côté d'une valise noire, disposée seule, à l'opposée d'autres valises. Un chauffeur de taxi vient lui dire qu'il est prêt à partir, il prend les valises. Mais un concierge vient annoncer au Poète qu'il est demandé au téléphone.
Plan 99 : 1h 32' 48" : La Traductrice est au téléphone. Elle est debout dans une luxueuse demeure, "son ami" Vittorio mange, assis au milieu de la table. La Traductrice annonce au Poète, que "Domenico le Fou" est à Rome pour une manifestation : " Voilà trois jours que Domenico parle." Le Poète lui dit : " Je m'ennuie, je veux rentrer chez moi." La Traductrice lui demande de la part du "Fou" : "Si tu as fait ce que tu avais à faire." Une servante passe derrière Vittorio, et ferme soigneusement des rideaux blancs. (Cf. Photogramme – Rideau 3.)
Là encore, les rideaux ont un rôle non négligeable dans la structure cinémantique de l'image. C'est comme s'ils annonçaient la fin du message de la Traductrice, et de fait le début d'un autre message ou plutôt d'un double message : celui du "Fou", et celui du Poète. En effet, nous avons vu au plan 78b, "les trois rideaux noirs", à travers desquelles nous avons détecté une suggestion d'une proposition temporelle. Ici, par la centralité de l'image, nous y voyons une affirmation du "présent". D'autre part, la réalité du moment est affirmée dans le même plan : un inconnu dépose un paquet (d'argent) sous la nappe blanche, que Vittorio soulève à peine, pour aussitôt le recouvrir. Il accomplit cela avec une certaine indifférence, sans regarder ni l'inconnu, ni le paquet.
Plan 102 : 1h 25' 48" : Retour au Poète. Il change son projet, celui de rentrer à "la maison". Il demande au taxi de le conduire à Bagno-Vignoni. Il fait quelques pas, il passe sous un porche sombre. Il reste dans l'ombre quelques secondes. (Cf. Photogramme – Passage.) L'image n'indique-t-elle pas "la sombre décision" du Poète. « Des rideaux muraux ».
Liens spécifiques du film
Voir : Nostalghia
Notes et références
- ↑ Dans L'Apiculteur, Spyros, en tirant complètement les rideaux rouges de sa chambre d'hôtel, il baisse les rideaux de l'avant-dernier acte de sa vie.
- ↑ Ce plan ressemble au plan 21 du Miroir, à propos du "Rêve d'Aliocha."
- ↑ Une variante de cette figure de rideau est également proposée dans Le Miroir.
- ↑ Qui est en fait, toujours individuel. Ce qui signifie qu'à travers la notion d'un temps cosmique homogène, s'installe un temps individuel, propre à chaque individu.
- ↑ Cf. F. Cesarman, les relations triangulaires chez L. Buñuel, op. cit., p. 74 et 87 ; El, 122 ; Nazarin, 137 ; Viridiana, 149.