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Viridiana

5 340 octets ajoutés, 29 novembre 2015 à 14:41
'''[ Parallélisme 5]''' : [[#ancre_vir16| Couronne d’épines]] (''0h 07' 24"'') / [[#ancre_vir41| Couronne de fleurs artificielles]] (''0h 17' 00"'')
<center>* * *</center>
 
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==== Est-il bon de traîner les restes de son passé ?====
 
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[[Fichier: Viridiana41_Bunuel_17_01_robe_mariee.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme 41 - Plan 42 (bis).''' Viridiana qui apparaît vêtue de la robe de mariée, elle porte d’une main un chandelier allumé. Elle s’avance, parée comme si elle montait à l’autel. Ramona l’aide en portant sa traîne.| ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme 41 - Plan 42 (bis).''' <br/> Viridiana qui apparaît vêtue de la robe de mariée, elle porte d’une main un chandelier allumé. Elle s’avance, parée comme si elle montait à l’autel. Ramona l’aide en portant sa traîne.]]
 
Il y a une citation d’Oscar Wilde qui convient parfaitement à cette situation dramatique : « ''Aucun homme n’est assez riche pour pouvoir se payer son passé.'' » Or, Don Jaime, non seulement il veut se payer son passé, mais il veut également se payer une seconde jeunesse, non pas avec n’importe quelle personne, mais avec sa nièce, un membre de sa famille, ce qui signifie l’officialisation d’un acte incestueux. Et de plus, il n’y va pas de main morte, à peine Viridiana est arrivée, (c’est sa seconde journée de visite à son oncle), qu’il veut déjà l’épouser. Mais Viridiana ne voit pas les choses sous cet angle, bien au contraire, elle a un tout autre projet, consacrée sa vie à Dieu et à l’humanité.
 
En somme, il y a une grande incompatibilité entre les deux principaux protagonistes, d’abord, ils sont déjà parents ; ensuite, Don Jaime est égocentrique, il vise à « réparer » le passé de sa vie ;
Viridiana est, si l’on ose dire, allocentrique <ref> Du grec, "allo", l'autre, caractéristique de ceux qui ne voient que les autres comme centre d'intérêt</ref>, elle souhaite préparer la vie des autres.
 
Passons au troisième protagoniste, Ramona, qui est l’agent annonciateur du souhait de Don Jaime, qui lâche la terrible phrase  : [[#ancre_45|« ''Il veut vous épouser, mademoiselle. '' »]] C’est donc elle qui déclenche le désordre de la situation. Jusqu’à présent, Ramona était la discrétion même, nous l’avons vu au '''[[#ancre_vir41a|plan 42]]''', tenir la traîne de la robe de mariée, comme si elle a toujours était à la « traîne », derrière Don Jaime, et ensuite derrière Viridiana, mais cette fois-ci, elle monte, si l’on ose dire, aux premières lignes, et lance une action qui hélas, va mal finir.
 
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Nous pouvons d’ailleurs, nous poser cette question, pourquoi Don Jaime n’a pas jeté son dévolu sur Ramona ? Comme le fera plus tard son fils naturel, Jorge. En fait, nous nous trouvons devant une obsession presque maladive de la part de Don Jaime, car au cours de cette séquence nous apprenons un fait important, <span id="ancre_vir211f"> </span>quelque chose qu’il n’a jamais dit à personne : [[#ancre_43|''Ta tante est morte du cœur, dans mes bras, la nuit de nos noces, vêtue de cette robe. Et toi, tu lui ressembles tant ! '' (…) ''Tu dois penser que je suis fou. '']]
 
Nous avons commencé le chapitre par une citation, nous allons le conclure par une autre citation, elle est tirée des écritures bibliques, qui concerne Sodome et Gomorrhe quand Loth, le neveu d'Abraham et sa famille, sa femme Édith, ainsi que ses deux filles ont voulu quitté la ville infernale. Les deux anges lui ont demandé expressément de partir et de ne pas regarder en arrière, de ne pas se retourner, au risque de devenir une statue de sel, Édith a bravé l’interdit et regardé en arrière pour finir en une statue de sel. Nous pensons traduire ce passage biblique par un avertissement, qu’il est vain de regarder en arrière, c’est-à-dire de regarder le passé, car nous nous transformons en une statue de sel, nous devenons amer. Et c’est ce qu’est devenu Don Jaime, un être amer qui s’accroche à son passé, comme un remord qui ne le quitte plus. Un être amer est aussi un être malheureux qui est capable d’accomplir les pires atrocités. Cependant, il reste encore un point à élucider :
<center>* * *</center>
 
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==== La question du chandelier ====
 
Au moment où Don Jaime prononce [[#ancre_vir211f|le secret]], il avance vers une table pour poser le chandelier qu’il avait pris des mains de Viridiana. Le chandelier doit également nous interpeller : c’est un chandelier à cinq branches, mais, il n’y a que [[#ancre_vir42|trois bougies qui sont allumées]], il manque deux bougies, pourquoi ? Est-ce pour présenter « la lumière » des trois protagonistes ? Mais ce qui est troublant dans ce chandelier c’est que les bougies sont disposées d’une manière asymétrique.
 
Ainsi, les emplacements vides du chandelier représentent en quelque sorte le passé de Don Jaime, qu’il tient absolument à combler. En fait, cela se traduit dans l’esprit naïf de Don Jaime de remplacer une bougie par une autre ; mais, Viridiana n’est pas une bougie.
 
Mais avant d’assister au comportement pitoyable de Don Jaime, Buñuel choisit de faire une transition avec un animal sombre : un taureau.
 
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
''La suite est en cours de préparation.''