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Déchet

47 164 octets ajoutés, 7 janvier 2016 à 15:29
<span id="ancre_1"></span>[[Fichier:erin brockovich.jpg|450px|thumb|right|alt=''Erin Brockovich ''. |'' Erin Brockovich''. Une petite fille malade de la pollution et des déchets toxiques infiltrés dans le sol. ]]
 
Question d’actualité, le déchet est une vaste question. Usuellement, un déchet (détritus, ordure, résidu, ) désigne : la quantité perdue dans l'usage d'un produit, ce qui en reste après son utilisation. <ref>Source : Wikipédia.</ref> En France, juridiquement : « Est un déchet toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se défaire. »<ref>Code de l'environnement. [http://www.ineris.fr/aida/consultation_document/1767 Site ineris.fr]</ref>
 
Question taille, le déchet peut être d’une petite taille, un mégot de cigarette (''[[Pledge (The)#ancre_313|The Pledge]]''), des photographies (''[[#ancre_3m1|Into the Wild]]''), des épluchures (''[[#ancre_3m2|Le Miroir]], [[#ancre_3m5|Viridiana]]''). Il peut être d’une grande taille, des épaves de voitures ou encore une maison abandonnée (''[[#ancre_3m3|Pays de Violence]]''). Il peut être microscopique et mortelle (''Erin Brockovich''). Enfin, il peut être illimité et dangereux, il peut concerner le territoire d'un pays (''[[#ancre_3m4|Stalker]]'', la « Zone »).
 
Ce qui est remarquable et qu’il faut souligner, c’est quand on analyse un film sous l’angle des déchets, nous obtenons une nouvelle interprétation inédite, que l’on attendait pas.
 
En somme, tout est susceptible de devenir un déchet.
<td>USA</td>
<td>147</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Matrix '''</td>
<td>'' Matrix ''</td>
<td>''' Wachowski Andy et Larry'''</td>
<td> Wachowski Andy et Larry </td>
<td>''' 1999 '''</td>
<td> USA</td>
<td>135</td>
</tr>
<tr>
<td>''' [[#ancre_3m2|Miroir (Le)]] ''' </td>
<td>''[[Miroir (Le)|Zerkalo]]''</td>
<td>''' Tarkovski Andre&iuml;''' </td>
<td>Tarkovski A.<br />
Micharine A.<br />
Et poèmes d'Arseni Tarkovski.</td>
<td>''' 1975''' </td>
<td>URSS</td>
<td>106</td>
</tr>
<tr>
<td>''' [[#ancre_3m3|Pays de la Violence (Le)]]'''</td>
<td>'' [[Pays de la Violence (Le)|I walk the Line]] ''</td>
<td>''' Frankenheimer John'''</td>
<td>Sargent Alvin, d’après la nouvelle de Jones Madison</td>
<td>'''1970 '''</td>
<td> USA</td>
<td> 97</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Pledge (The) '''<br/>
'''&#167;.''' 0h 40’ 35’’ - Jerry chez Stan Prolack (Inspecteur de police)<br/>
[[Pledge (The)#ancre_313|Le mégot dans les épluchures d'orange.]]
</td>
<td>'' [[Pledge (The)]] ''</td>
<td>''' Penn Sean'''</td>
<td> Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary </td>
<td>''' 2001 '''</td>
<td> USA</td>
<td>124</td>
</tr>
<tr>
<td>''' [[#ancre_3m4|Stalker]] ''' </td>
<td>''[[Stalker]]''</td>
<td>''' Tarkovski Andre&iuml;''' </td>
<td>Tarkovski A.<br />
Strougatski A. et B.</td>
<td>''' 1979''' </td>
<td>URSS</td>
<td>161</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_Virgi"> </span> ''' Virgin Suicides ''' <br/>
'''&#167;.''' Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. (Lire la suite : <ref>Elle a quatre soeurssœurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d'un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. </ref>) (Pitch du film.) </td>
<td>'' Virgin Suicides (The) '' </td>
<td>''' Coppola Sofia'''</td>
<td> 96</td>
</tr>
<tr>
<td>''' [[#ancre_3m5|Viridiana]]''' </td>
<td>''[[Viridiana]]''</td>
<td>''' Bu&ntilde;uel Luis''' </td>
<td>Bu&ntilde;uel L.<br />
Alejandro J.</td>
<td>''' 1961''' </td>
<td>Mexique<br />
Espagne</td>
<td>90</td>
</tr>
</table>
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_3m1a2"></span>
=====Les parents dans la poubelle=====
<span id="ancre_16p"></span>
[[Fichier:intothewildp16.jpg|300px|thumb|right|alt= '''Photogramme Déchets 1- Plan 321''' : '' Into The Wild '' '''Plan 321'''. Il sort de son portefeuille une photographie de ses parents, il la regarde quelques secondes.|'''Photogramme Déchets 1- Plan 321''' : '' Into The Wild '' '''Plan 321'''. Il sort de son portefeuille une photographie de ses parents, il la regarde quelques secondes.]]
<span id="ancre_17p"></span>
[[Fichier:intothewildp17.jpg|300px|thumb|right|alt= '''Photogramme Déchets 2- Plan 323''' : '' Into The Wild '' '''Plan 323'''. Et sans état d’âme, il la jette dans la poubelle. |'''Photogramme Déchets 2- Plan 323''' : '' Into The Wild '' '''Plan 323'''. Et sans état d’âme, il la jette dans la poubelle. ]]
<span id="ancre_18p"></span>
[[Fichier:intothewildp18.jpg|400px300px|thumb|centerright|alt= '''Photogramme Déchets 3- Plan 325''' : '' Into The Wild '' '''Plan 325'''. Par contre, il commence à découper systématiquement et avec un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' précis, son permis de conduire, sa carte d’étudiant, et autres cartes. |'''Photogramme Déchets 3- Plan 325''' : '' Into The Wild '' '''Plan 325'''. Par contre, il commence à découper systématiquement et avec un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' précis, son permis de conduire, sa carte d’étudiant, et autres cartes.]]
Les dernières paroles du père sont prophétiques, on les appellent également un '''[[Clédon#ancre_int|clédon]]'''. Il faut être attentif aux paroles des personnes, car ils cachent souvent des indices révélateurs : il est vrai que Christopher va faire « des histoires », qui seront à la fois merveilleuses et terribles. C'est le premier clédon dans le film, il y en aura d'autres.
* Après les adieux à la famille.
* '''[[Into the Wild#ancre_15|Photogramme 15 – Plan 312.]]''' ''0h 18' 37&quot;'' : Christopher range ses livres ;
* '''[[#ancre_16p|Photogramme Déchets 1 – Plan 321.]]''' ''0h 19' 04&quot;'' : Il sort de son portefeuille une photographie de ses parents, il la regarde quelques secondes ;* '''[[#ancre_17p|Photogramme Déchets 2 – Plan 323.]]''' ''0h 19' 08&quot;'' : Et sans état d’âme, il jette la photographie dans la poubelle. La photographie des parents devient un déchet, un résidu indésirable qu'il va supprimer d'un trait ;* '''[[#ancre_18p|Photogramme Déchets 3 – Plan 325.]]''' ''0h 19' 23&quot;'' : Christpopher Christopher commence à découper systématiquement et avec un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' précis, son permis de conduire, sa carte d’étudiant, et autres cartes ;
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m1b"></span>
=====La Datsun jaune est engloutie=====
<span id="ancre_20p"></span>
[[Fichier:intothewildp20.jpg|300px|thumb|right|alt= '''Photogramme Déchets 4- Plan 353''' : ''Into The Wild'', '''Plan 353'''. Résigné et déterminé, Christopher va continuer à poursuivre son plan, après avoir dévissé la plaque d’immatriculation de sa voiture, il va entreprendre un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' inouïe et très rare dans notre société : brûler de l'argent. |'''Photogramme Déchets 4- Plan 353''' : '' Into The Wild'', '''Plan 353'''. Résigné et déterminé, Christopher va continuer à poursuivre son plan, après avoir dévissé la plaque d’immatriculation de sa voiture, il va entreprendre un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' inouïe et très rare dans notre société : brûler de l'argent. ]]
* Plan 340. ''0h 20' 14&quot;'' : Dans sa Datsun Jaune, Christopher quitte Atlanta et roule vers l’ouest : « ''The west is the best.'' » ;
* '''[[#ancre_20p|Photogramme Déchets 4 – Plan 353.]]''' ''0h 21' 22&quot;'' : Christopher va continuer à poursuivre son plan, après avoir dévissé la plaque d’immatriculation de sa voiture, il va entreprendre un '''[[geste#ancre_int|geste]]''' inouïe et très rare dans notre société : brûler de l'argent ;
* Il quittera sa Datsun jaune, car elle sera littéralement engloutie par une énorme vague d'eau ;
* Ainsi, pour sa nouvelle naissance, il ne sortira pas du ventre de sa mère, mais de la carcasse ( [[Into the Wild#ancre_14|« tas de ferrailles »]] ) de sa voiture. L’[[eau]] de la vague remplaçant le liquide placentaire, c’est une espèce de fécondation par la seconde mère de Christopher : la mère nature.
*'''[[Into the Wild#ancre_c2|Lire la suite.]]'''
<center>*[[#ancre_1|▲]]</center>
* Christopher se déplace de sa Virginie natale vers l'Arizona. Distance parcourut 1900 miles, ce qui équivaut à peu près à 3100 Km ; * Plan 340. ''0h 20' 14&quot;'' : Dans sa Datsun Jaune, Christopher quitte Atlanta et roule vers l’ouest : « ''The west is the best.'' » ;* '''[[#ancre_21p|Photogramme 21 – Plan 360.]]''' ''0h 21' 42&quot;'' : Après un périple si long, Christopher se repose dans une tente ;<span id="ancre_3m1bb"></span>
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
<span id="ancre_3m1bb"></span>
=====Le rouge à lèvres entamé dans la poubelle=====
<span id="ancre_22p"></span>
[[Fichier:intothewildp22.jpg|300px|thumb|right|alt= '''Photogramme Déchets 5- Plan 369''' : '' Into The Wild '' '''Plan 369'''. Christopher est dans une station service, il a les cheveux mouillés, il est rasé, il décide : « ''Il me faut un '''[[Nom#ancre_int|nom]]'''.'' » Il fouille dans une poubelle, et trouve un tube de rouge à lèvres entamé. |'''Photogramme Déchets 5- Plan 369''' : '' Into The Wild '' '''Plan 369'''. Christopher est dans une station service, il a les cheveux mouillés, il est rasé, il décide : « ''Il me faut un [[nom]].'' » Il fouille dans une poubelle, et trouve un tube de rouge à lèvres entamé.]]
<span id="ancre_23p"></span>
[[Fichier:intothewildp23.jpg|300px|thumb|right|alt= '''Photogramme Déchets 6- Plan 371''' : '' Into The Wild '' '''Plan 371'''. Muni du rouge à lèvres, Christopher écrit sur toute la largeur du miroir : « ''Alexander Supertramp, July 1990.'' » |'''Photogramme Déchets 6- Plan 371''' : '' Into The Wild '' '''Plan 371'''.. Muni du rouge à lèvres, Christopher écrit sur toute la largeur du miroir : « ''Alexander Supertramp, July 1990.'' »]]
* '''[[#ancre_22p| Photogramme Déchets 5 – Plan 369.]]''' ''0h 22' 23&quot;'' : Christopher est dans une station service, il a les cheveux mouillés, il est rasé, il décide : « ''Il me faut un '''[[Nom#ancre_int|nom]]'''.'' » Il fouille dans une poubelle, et trouve un tube de rouge à lèvres entamé ;* '''[[#ancre_23p| Photogramme Déchets 6 – Plan 371.]]''' ''0h 22' 27&quot;'' : Muni du rouge à lèvres, Christopher écrit sur toute la largeur du [[miroir]] : « Alexander Supertramp, July 1990. » ;* L'image est extraordinaire, elle mérite qu'on s'y arrête. Tout d'abord, le choix du support est pertinent : un [[miroir]], à travers lequel nous distinguons le double virtuel de Christopher. Il aurait pu choisir un mur à l'extérieur, un tronc d''''[[Arbre#ancre_int|arbre]]''', un support qui ne sera pas effacé dans la journée. Il nous semble que par son choix, Christopher affirme l'aspect éphémère de son « plan ». La question qui se pose est celle de savoir où se trouve Christopher, par rapport à son double : Alexander, est-ce qu'il est de l'autre côté du miroir ? Ou devant le miroir ? Ensuite, son '''[[geste#ancre_int|geste]]''' d'écriture rejoint, non seulement le panneau de son [[Into the Wild#ancre_6|« credo »]], mais aussi le générique du film, ainsi, nous constatons le « poids des '''[[Mot#ancre_int|mots]]''' » qui commence à prendre une épaisseur significative pour devenir une part active du film, et terminer en instrument de mort. Enfin, dans la prolongation des mots, il reste la couleur rouge, qui n'est pas innocente, et qui semble être en relation avec [[Into the Wild#ancre_58|la fin tragique de l'élan]] ;.
*'''[[Into the Wild#ancre_24|Lire la suite.]]'''
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m1bc"></span>
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m2"></span>
<span id="ancre_3mb"> </span>
===Miroir (Le), d'Andreï Tarkovski===
====Coq au cou tranché et lait débordé====
<span id="ancre_145p"></span>[[Fichier:laitp5.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Plan 145''': ''Le Miroir''. Le lait tombe goutte à goutte sur les pommes de terre avec leurs [[Épluchure|épluchures]]. |'''Photogramme - Plan 145''': ''Le Miroir''.Le lait tombe goutte à goutte sur les pommes de terre avec leurs [[Épluchure|épluchures]]. ]]
 
'''<span id="ancre_143">Plan</span> 143 ''' : ''1h 19' 12&quot;'' :
La mère et le fils sont à l'intérieur de la [[maison]]. Ils essuient leurs [[Pied|pieds]] sur la nappe, mais il y a des [[Objet|objets]] qui [[Catalogie (de l'objet)|tombent]] d'elle. Panoramique au sol. Maroussia ramasse des [[Bijou|bijoux]] ; à côté, les pieds nus d'Aliocha tachés de [[boue]]. Les deux dames entrent dans une [[chambre]] voisine. Ignat est seul.
 
'''<span id="ancre_145">Plan</span> 145''' : ''1h 20' 18&quot;'' :
Aliocha s'assied sur les bords d'une chaise. Près de lui, sur une [[table]], il suit du regard du lait qui tombe goutte à goutte sur des pommes de terre avec leurs [[Épluchure|épluchures]].(Cf. '''Photogramme – Plan 145.''' )
 
 
<span id="ancre_145a"></span>Les mouvements oscillatoires droite, gauche, à l'endroit et à l'envers, contrastent avec les mouvements verticaux de [[chute]] du haut vers le bas : les [[Bijou|bijoux]] et les gouttes de lait sur les épluchures, des déchets. De plus, ces contrastes s'acheminent et s'enfoncent verticalement, si l'on ose dire, dans la profondeur du film. À travers les objets du film et leurs représentations, nous constatons que les données significatives ne sont pas très favorables. Ce qui en fin de compte exprime directement la pénible situation pendant et après la seconde Guerre Mondiale. D'autre part, la répétition dans cet épisode de mouvements verticaux de chute est aussi une façon d'attirer l'attention sur ces mouvements particuliers : le premier, les bijoux, avec une chute rapide ; le second, les gouttes de lait, avec une chute lente. Ce sont des indices et des exemples de liaisons qui se forment entre cet épisode et le second épisode ("[[Feu#Le feu au fenil ou l’attente brûlante|Le feu au fenil]]"). Ces mouvements ne correspondent-ils pas à la chute conjuguée de Maroussia et de l'inconnu-médecin (le passant), à la rupture de la [[Clôture#ancre_3m2|clôture]] ? Rappelons-nous le [[Clôture#ancre_9|dialogue]] des personnes avant la chute, au second épisode (plan 9).
 
<span id="ancre_145b"></span>Il y a là d'abord une première allusion à un [[anneau]], à une alliance, à un [[objet]] de valeur qui scelle le sort de deux êtres. Du reste, il y a la position centrale d'Aliocha quand il s'assied. A sa gauche, le [[miroir]] ovale, qui reflète son image ; à sa droite, le lait qui coule goutte à goutte, reflète un aspect de sa mère. Le lait tombe d'une certaine hauteur, il atterrit d'abord sur une [[table]] sur laquelle sont disposées des pommes de terre et leurs [[Épluchure|épluchures]], le lait qui devient une flaque et déborde sur le plancher. Ce plan rejoint sans difficultés le [[Feu#Variation d’éclairage, le mythe du phénix et l'énigme du coq|plan 134]]. Lors du second rêve d'Aliocha enfant : la mère, les pommes de terre et le [[chien]]. Il rejoint également le '''[[#ancre_1|plan 17]]''' : le chat noir et le lait renversé.
 
La confluence des indices démontre comme pour le plan 135 : "l'obscur animal", un destin obscur ou plutôt l'obscurité d'une destinée est traduite par l'écoulement du lait. Au moment de son écoulement, le lait est blanc immaculé in-corrompu. Par paliers, il se mélange aux déchets de la terre (les [[Épluchure|épluchures]]), pour finir enfin au sol du plancher, aux [[Pied|pieds]] de son fils, ou aux pieds des gens tout court. L'obscurité d'une destinée est traduite ensuite par les pommes de terre, ce fruit de la terre qui pousse dans l'obscurité de la terre, qui de plus est représenté dans deux moments rapprochés du film (Maroussia était dans une pièce obscure). Enfin, dernière traduction, le chat noir lapant le lait. Tous ces indices concourent à la détermination d'un statut particulier de Maroussia. Mais aussi paradoxal que cela paraisse, aussi obscure qu'elle puisse paraître, elle reste, quoi qu'on puisse dire, un fruit, un fruit délicieux qu'on appelle "maman". Car il semble que le drame de Maroussia, c'est que son second mariage ait échoué aussi.
 
 
*'''[[Lait#ancre_145c|Lire la suite.]]'''
*'''[[Miroir (Le)|Voir les plans du films.]]'''
 
<center>[[#ancre_1a|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m3"></span>
 
===Pays de la Violence (Le), de John Frankenheimer===
==== Résumé du film ====
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)|Lire le résumé du film]]'''
 
<center>[[#ancre_1a|▲]]</center>
 
<span id="ancre_201"> </span>
 
==== 0h 00’ 00’’ – Générique : Un barrage de sentiment====
 
<span id="ancre_1p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_01__1ere_Image_film.jpg|300px|thumb|right|alt='' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 1. Premier plan du film. ''' Un large fleuve qui coupe en diagonale l’image. Au fond, un barrage hydroélectrique. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 1. Premier plan du film. ''' Un large fleuve qui coupe en diagonale l’image. Au fond, un barrage hydroélectrique.]]
 
<span id="ancre_1">'''[[#ancre_1p|Photogramme 1.]] Premier plan du film.'''</span> ''00h 00' 06&quot;'' : L’ouverture du film est révélatrice, d’emblée elle présente un paysage fluvial transformé par un barrage hydroélectrique qui « bouche » le fond de l’image, qui barre le paysage d’un trait (une ligne) monumental en ciment. Face à cette contradiction, la nature s’exprime d’une manière différente : les arbres poussent dans l’eau, mais ils n’ont pas de feuilles, est-ce un paysage d’automne ? Les arbres vivent dans l’eau, mais ils ont l’air desséchés, comme l’est peut-être le shérif, en hors-champ, qui observe les alentours. Il est pensif, songeur. On l’appelle sur la ligne interne du véhicule de service. Il ne répond pas. Il entre dans le véhicule, il démarre et roule à vive allure.
 
<span id="ancre_2">''' [[Pays de la Violence (Le)#ancre_2p|Photogramme 2.]] '''</span> ''01' 03&quot;'' : Aussitôt, nous nous retrouvons sur le gigantesque barrage du fond de l’image précédente. Une division en diagonale : à gauche l’eau, et à droite, les contreforts du barrage. L’image est impressionnante, elle semble suggérer, l’état provisoire des principaux protagonistes : est-ce que l’eau suggère la personnalité d’Alma qui va finir par déborder sur les contreforts, la force naturelle de Henry ?
 
Durant le parcours sinueux du shérif, nous allons découvrir des plans qui représentent un panorama de la population rurale de la ville, des portraits instantanés, principalement des personnes âgées assissent, qui prennent le frais, sous les toits des vérandas. Ce qui est frappant dans ces portraits, c’est un caractère dominant de stoïcisme, de résignation. En fait, les regards de ces personnes âgées est comparable à celui du shérif quand il était près de l’eau.
 
<span id="ancre_4">'''[[#ancre_4p|Photogramme 4.]]'''</span> ''02' 49&quot;'' : Le réalisateur semble insister sur le côté « abandonné », « obscur » de la société, le shérif traverse une casse d’épaves de voitures alignées et rouillées.
 
<span id="ancre_4p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_04_Voitures cassées.jpg|400px|thumb|center|alt='' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 4.''' Le shérif traverse une casse d’épaves de voitures. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 4.''' Le shérif traverse une casse d’épaves de voitures.]]
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_202"> </span>
 
==== 0h 03’ 40’’ – Alma et Buddy « jouent » avec une camionnette====
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_202|Lire la séquence]]'''
 
'''Résumé''' : Le shérif se lance à la poursuite de la « camionnette ivre » de Buddy (un mineur) et de sa sœur Alma. Après l'arrêt du véhicule et la fuite de Buddy.
 
Le shérif sort de sa voiture de fonction et se dirige calmement, vers la camionnette, la contourne, s’approche de la porte du conducteur.
 
<span id="ancre_7">'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_7p|Photogramme 7.]]'''</span> ''04' 52&quot;'' : Alma est tapie au fond du véhicule, elle a l’air craintive. Le shérif s’incline légèrement à l’intérieure de la camionnette et demande : « <br/>
<span id="ancre_202a"> </span>- ''Ca va ? ''<br/>
- ''Oui, shérif. ''<br/>
- ''Sortez de là. ''<br/>
- ''Bien, shérif. ''<br/>
- ''C’est qui dans les taillis ? ''<br/>
- ''Hein ! ''<br/>
- ''Quelqu’un s’est échappé. ''<br/>
- ''Ça c’est Buddy. Mais c’est qu’un gamin. ''<br/>
(…) (Elle raconte l'incident des chaussures de crocodiles de grande taille.) <br/>
- ''Votre nom ? '' <br/>
- ''Alma McCain. '' (Cf. ''' [[Pays de la Violence (Le)#ancre_8p|Photogramme - 8.]]''' ''05' 55&quot;'')<br/>
- ''Où habitez-vous ? ''<br/>
- ''Gatesboro Road. On est arrivés récemment. Avant, on était à Loomis Canyon.<br/>
- ''Qui ça, « on » ? ''<br/>
- '' Mon père, Buddy, Clay et moi. Clay a presque 18 ans. Mais ils sont pas à la [[maison]], ils bossent.''<br/>
- ''Où ça ? ''<br/>
- ''A l’usine. Mais c’est du travail quand même. Ca fait rentrer de l’argent, c’est bien. '' (Elle sourit. Henri est dubitatif. ) <br/>
- ''C’est très bien '' (Elle sort de la camionnette.) <br/>
- ''Ils sont chez Kingman. Ils fabriquent des cafetières. ''<br/>
- ''Et votre mère ? ''<br/>
- ''J’en ai pas. Je fais la cuisine et je m’occupe de Buddy.''<br/>
- ''Moi, je vous dis ce que j’ai vu : c’était un petit garçon qui conduisait. Et vous êtes pas un petit garçon à ce que je sache. '' (Elle rit.) <br/>
- '' Non, shérif.'' (Temps de silence prolongé.) ''N’arrêtez pas Buddy. Je suis responsable de lui. Il est encore petit. '' (Elle lui prend le chapeau de Buddy des mains. (Cf. ''' [[#ancre_10p|Photogramme - 10.]]''' ''07' 17&quot;'') ''Je vous en serais vraiment reconnaissante. ''<br/>
- ''Montez. '' (Cf. ''' [[#ancre_11p|Photogramme - 11.]]''' ''05' 55&quot;'') <br/>
- ''Dites à votre père que le shérif Tawes a dit : que les gens qui conduisent doivent avoir leur permis… ''<br/>
- ''Entendu shérif. Je vous remercie infiniment. ''<br/>
- ''Et dites aussi à votre frère de mettre des chaussures à sa taille. ''<br/>
- ''Oui shérif. ''
 
<span id="ancre_8p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_08_Nom_Alma.jpg|400px|thumb|center|alt='' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 8.''' - Henri : ''Votre nom ? '' - Alma : ''Alma McCain. '' | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 8.''' - Henri (off) : ''Votre nom ? '' <br/>- Alma : ''Alma McCain. '']]
 
<span id="ancre_10p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_10_Alma_Chapeau Buddy.jpg|400px|thumb|center|alt='' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 10.''' Alma prend le chapeau de Buddy des mains du shérif.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 10.''' Alma prend le chapeau de Buddy des mains du shérif.]]
 
<span id="ancre_11p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_11_Vitre cassée.jpg|400px|thumb|center|alt='' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 11.''' Derrière la pare-brise fêlée de la camionnette, l’impact des lignes de fêlures sur l’âme du shérif. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme - 11.''' Derrière la pare-brise fêlée de la camionnette, l’impact des lignes de fêlures sur l’âme du shérif.]]
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_203|Lire la suite]]'''
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_211"> </span>
 
==== 0h 22’ 44’’ – L’inspecteur fédéral Bascomb====
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_211|Lire la séquence]]'''
 
'''Résumé''' : L'inspecteur est en mission. Il exige du Shérif d'établir la liste de tous les contrevenants qui distillent illégalement de l'alcool. Le père d'Alma McCain est concerné par cette enquête. Le Shérif va passer sous silence le délit.
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_213"> </span>
 
==== 0h 28’ 53’’ – La page arrachée du registre ====
 
<span id="ancre_43p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_43_0h_28_53_Coffre et combinaison.jpg|300px|thumb|right |alt=|'' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 43''' La main du shérif qui compose la combinaison du coffre de la police pour sortir un grand registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 43''' La main du shérif qui compose la combinaison du coffre de la police pour sortir un grand registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?]]
 
 
<span id="ancre_43">'''[[#ancre_43p|Photogramme 43.]]'''</span> ''28' 53&quot;'' : Gros plan de la main du shérif qui ouvre un coffre métallique en faisant tourner le code d'une combinaison. Il sort un grand livre du genre registre. Il s’installe à son bureau et commence à consulter le registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?Il arrive à la page McCain. (Cf. ''' [[#ancre_44p|Photogramme - 44.]]''' ''29' 21&quot;'') Il boit un verre de whisky. Il déchire la page.(Cf. ''' [[#ancre_45p|Photogramme - 45.]]''' ''29' 38&quot;'')
 
''29' 43&quot;'' : Au même moment, en face du commissariat, Hunnicutt est en civile dans une salle de jeux où l’on joue au billard, il mange des pop-corn. Mais d’une nature fouineuse, Hunnicutt monte de la cave de la salle de jeux, pour observer le shérif qui est encore dans son bureau.
Il continue à manger ses pop-corn pour voir que le shérif sort de son bureau, monte dans sa voiture, et part.
 
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_44_0h_29_21_Livre_01.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 44''' Le shérif consulte le registre et trouve la page des McCain, la page qui représente Alma. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 44.''' Le shérif consulte le registre et trouve la page des McCain, la page qui représente Alma.]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_45_0h_29_38_Livre_02.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 45''' Le shérif vide un verre de whisky et sépare la page des McCain en la déchirant. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 45.''' Le shérif vide un verre de whisky et sépare la page des McCain en la déchirant.]]
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_214|Lire la suite]]'''
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
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==== 0h 49’ 32’’ – Cinquième rencontre – La maison abandonnée====
 
<span id="ancre_222a"> </span>
 
===== L'histoire du shérif – Les piles=====
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_66_0h_50_17_maison abandonnée.jpg|300px|thumb|right |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 66.''' Le shérif invite Alma à entrer dans une maison abandonnée. La maison de son enfance.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 66.''' Le shérif invite Alma à entrer dans une '''[[maison]]''' abandonnée. La [[maison]] de son enfance. ]]
 
Des images d'une '''[[maison]]''' abandonnée défilent. Le shérif tenant la main d'Alma entre dans la [[maison]]. (Cf. ''' [[#ancre_66p|Photogramme - 66.]]''' ''50' 17&quot;'') Alma visite la [[maison]] complètement délabrée. Le shérif la suit et chuchote : «
'' Des fantômes.'' (Cf. ''' [[#ancre_67p|Photogramme - 67.]]''' ''51' 00&quot;'')<br/>
- ''Hum ! '' <br/>
- '' Des fantômes.'' (Alma rigole.) ''J'ai toujours cru qu'il y en avait, ici. '' (Il tient Alma par la taille.) '' On entendait plein de trucs.''<br/>
- ''Qui ça, “on” ? '' <br/>
- ''Avec mes sœurs.''<br/>
- ''Vous entendiez quoi ? ''<br/>
- ''Des bruits. ''<br/>
- ''Elles sont mortes, maintenant... Il y a 16 ans. Leur voiture a été heurtée sur l'autoroute. Ma mère et mes sœurs. Mon père s'en est toujours pas remis.'' <br/>
- ''Tu vas à l'église ? '' (Il la regarde d'une manière dubitative.) ''Le fait que tu sois shérif... '' (Le shérif lui sourit, et l'enlace tendrement, longtemps.) (Cf. ''' [[#ancre_68p|Photogramme - 68.]]''' ''51' 52&quot;'') ''Je suis désolée pour ta famille.'' (Il l'embrasse au front.) <br/>
- ''Tu vois le lac, là-bas ? '' (Elle se dirige vers la fenêtre.) ''C'était chez nous. ''<br/>
- ''Vous en êtes partis ? ''<br/>
- ''On nous a expulsés. '' (Tout à coup, le shérif fouille dans ses poches.) '' J'allais oublier.'' (Il sort de sa poche, deux piles rouges emballées. Alma est heureuse. Ils rigolent.)<br/>
- ''Je vais les mettre. ''» (Cf. ''' [[#ancre_69p|Photogramme - 69.]]''' ''52' 37&quot;'')
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_67_0h_51_00_maison abandonnée_fantomes.jpg|400px|thumb|center |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 67.''' Le shérif qui chuchote : « ''Des fantômes. ''»| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 67.''' Le shérif qui chuchote : « ''Des fantômes. ''» ]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_68_0h_51_52_maison abandonnée_Ils s'enlacent.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 68.''' Le shérif qui enlace Alma.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 68.''' Le shérif qui enlace Alma.]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_69_0h_52_37_maison abandonnée_les piles.jpg|400px|thumb|center |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 69.''' Le shérif sort de sa poche les piles afin de les offrir à Alma.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 69.''' Le shérif sort de sa poche les piles afin de les offrir à Alma.]]
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_222b"> </span>
 
===== La partie de cache-cache=====
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_222b|Lire la séquence]]'''
 
'''Résumé''' : Une partie de cache-cache s'engage entre Alma et le Shérif.
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_222c"> </span>
 
===== L'escalier – Le shérif veut enlever Alma=====
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_74_0h_54_52_maison abandonnée_Escalier_01.jpg|300px|thumb|right |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 74.''' Alma trouve enfin le shérif, assis au milieu d'un escalier.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 74.''' Alma trouve enfin le shérif, assis au milieu d'un escalier.]]
 
<span id="ancre_75p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_75_0h_54_55_maison abandonnée_Escalier_01.jpg|300px|thumb|right |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 75.''' Plan moyen du shérif assis sur l'escalier; Notez au niveau de sa tête un barreau cassée de la rampe. Est-ce l'ouverture vers ce qui semble une cassure intérieure ?| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 75.''' Plan moyen du shérif assis sur l'escalier; Notez au niveau de sa tête un barreau cassée de la rampe. Est-ce l'ouverture vers ce qui semble une cassure intérieure ? ]]
 
Elle entre par une autre porte dans la '''[[maison]]''', et tout à coup, elle est effrayé de voir le shérif assit sur l'escalier. (Cf. ''' [[#ancre_74p|Photogramme - 74.]]''' ''54' 52&quot;'')
 
Le cadrage est d'une grande qualité.
 
En contre-champ, le shérif regarde Alma, silencieusement. Alma, pensant que c'était la suite du jeu de cache-cache lui dit : « '' Tu m'as foutu la frousse. Tu es vraiment terrible, tu le sais ? '' (Le shérif ne répond pas, se contentant de la regarder.) (Cf. ''' [[#ancre_75p|Photogramme - 75.]]''' ''54' 55&quot;'')''Qu'y-a-t-il ? ''<br/>
- ''Partons ensemble, Alma. ''<br/>
- ''Hum ''<br/>
- ''Partons ensemble. '' (Cf. ''' [[#ancre_76p|Photogramme - 76.]]''' ''55' 16&quot;'')<br/>
- (En souriant, comme si c'était, aussi, un jeu.) ''D'accord. Où veux-tu aller ? '' (Cf. ''' [[#ancre_77p|Photogramme - 77.]]''' ''55' 20&quot;'')<br/>
- ''Où tu veux. '' <br/>
- ''Chicago. '' <br/>
- ''D'accord. '' <br/>
- ''En avion car je l'ai jamais pris. ''<br/>
-(Le shérif est subitement, très enthousiaste, car il pensait qu'elle disait vrai.) ''En avion. ''<br/>
- ''Tout ce que je pourrais ramener de Chicago... ''<br/>
- ''On ne reviendra pas. ''<br/>
- ''J'ai jamais dépassé Knoxville. Et ce n’est pas demain la veille. Mon oncle de Waco, dans le Texas, est venu nous rendre visite. Il m'a invitée, mais j'ai plus de nouvelles.''<br/>
-(Le shérif s'extasie de plus en plus.) ''On va aller plus loin que Waco... On va aller en Californie et au Canada. '' <br/>
- ''En Californie. '' (Il la scrute attentivement, pour voir si elle accepte.) (Cf. ''' [[#ancre_78p|Photogramme - 78.]]''' ''55' 53&quot;'')<br/>
- (Alma remarque que le shérif ne plaisantait pas, qu'il est très ému.) '' Tu est un homme bon.''» (Elle lui tend la main, il la prend.) (Cf. ''' [[#ancre_79p|Photogramme - 79.]]''' ''56' 05&quot;'')
 
Cut.
 
<span id="ancre_76p"> </span>
[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_76_0h_55_16_maison abandonnée_Escalier_03.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 76.''' Gros plan du shérif qui demande à Alma de partir avec lui.| '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 76.''' Gros plan du shérif qui demande à Alma de partir avec lui.]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_77_0h_55_20_maison abandonnée_Escalier_04.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 77.''' Alma qui considère la proposition du shérif comme un jeu. L'expression de son visage témoigne de son incrédulité, ce qui n'était pas le cas du shérif. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 77.''' Alma qui considère la proposition du shérif comme un jeu. L'expression de son visage témoigne de son incrédulité, ce qui n'était pas le cas du shérif. ]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_78_0h_55_53_maison abandonnée_Escalier_05_Californie.jpg|400px|thumb|center |alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 78.''' La transformation du shérif quand Alma lui annonce qu'elle accepte de partir avec lui. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 78.''' La transformation du shérif quand Alma lui annonce qu'elle accepte de partir avec lui.]]
 
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[[Fichier: Frankenheimer_I Walk the Line_00_79_0h_56_05_maison abandonnée_Escalier_06_Mains.jpg|400px|thumb|center|alt= '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 79.''' Heureux, le shérif prend la main d'Alma. | '' I walk the line '' de Frankenheimer John. ''' Photogramme 79.''' Heureux, le shérif prend la main d'Alma. ]]
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)#ancre_224|Lire la suite.]]'''
 
*'''[[Pays de la Violence (Le)|Lire le début du film.]]'''
 
<center>[[#ancre_1a|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_3m4"></span>
 
===Stalker, d'Andreï Tarkovski===
 
==== Résumé du film ====
 
Dans le film ''Stalker'' , le Stalker est un personnage clé. Il est la clé de la Zone : (…) "Un no man's land gardé par des militaires et qui contient la "Chambre des Désirs", capables d'exaucer les vœux de ceux qui y parviennent. Mais l'accès en est interdit et seul quelques guides - "les stalkers"- en connaissent le chemin. Un écrivain et un physicien, <ref>"Le physicien" dans le film s'appelle "Le professeur", nous n'avons pas modifié le texte. </ref> demandent à un stalker de les y conduire." <ref>Plaquette présentation du film, ''Film de ma vie'', Editions FNAC, 1979. </ref>
 
*'''[[Stalker#ancre_sta100|Lire le résumé.]]'''
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
==== Les pistes de réflexions ====
 
Comme nous pouvons nous en apercevoir, il est difficile de distinguer le passage d’un objet d’une phase utilitaire à sa phase de déchet. Il s’agit de la question suivante : quand est-ce qu’un objet devient un déchet : Nous rappelons qu’en France, juridiquement : « Est un déchet toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se défaire. »<ref>Code de l'environnement. [http://www.ineris.fr/aida/consultation_document/1767 Site ineris.fr]</ref>
Nous allons donc mentionner les plans pertinents qui proposent des pistes de réflexion autour de la question.
 
<center>[[#ancre_1a|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_3m5"></span>
===Viridiana, de Luis Buñuel===
 
<span id="ancre_vir100"> </span>
 
==== Résumé du film : ''Viridiana'' : Un film tissé comme une toile d’araignée parfaite====
 
*'''[[Viridiana#ancre_vir100|Lire le début du résumé.]]'''
 
La grande puissance poétique de ce film réside dans un fait rare au cinéma, c’est que Buñuel va tisser son film comme une toile d’araignée. Chaque fil de la toile correspond à un objet spécifique, entre autres : [[#ancre_vir202|La corde à sauter de Rita]], [[#ancre_vir15|la croix et la couronne d’épines]], [[#ancre_vir207|les cendres]], l’épluchure d’orange, la robe de mariée, le voile et la couronne de fleurs artificielles, etc. Le grand art du réalisateur c’est non seulement, d’avoir relier les objets entre eux, mais de mettre également au centre de la toile deux sujets tabous : l’inceste et l’iconoclasme.
 
Enfin, soulignons que les cendres et l'épluchure d'orange sont des déchets.
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_vir207"> </span>
 
==== 7ème chapitre : 0h 11’ 39’’ – 0h 13’ 26’’ : Plans 23 – 33. Viridiana somnambule – Les cendres sur le lit de Don Jaime ====
 
* <span id="ancre_23">'''[[#ancre_vir28|Photogramme - Plan 23.]] '''</span> ''0h 11' 41&quot;'' : Don Jaime est étonné de voir passer près de lui Viridiana en chemise de nuit, elle porte sur les épaules un tricot de laine. La jeune femme est visiblement absente, elle a les yeux ouverts, mais le regard est sans expression. Elle tient dans ses mains une corbeille à ouvrage en osier. Don Jaime la suit du regard.
 
<span id="ancre_vir28"> </span>
[[Fichier: Viridiana27_Bunuel_11_41_somnanbulisme_01.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 23.''' L'étrange apparition de Viridiana. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 23.''' <br/>L'étrange apparition de Viridiana. ]]
 
<span id="ancre_24">''' Plan 24 '''</span> ''0h 11' 53&quot;'' : Viridiana se dirige directement vers la cheminée du salon. Elle s'approche d'un fauteuil, elle s'assied.
 
* <span id="ancre_25">'''[[Viridiana#ancre_vir29|Photogramme 29 – Plan 25.]] '''</span> ''0h 11' 41&quot;'' : Au moment où Viridiana s'assied, sa chemise s'ajuste mal et laisse voir ses jambes et ses pieds nus.
 
* <span id="ancre_26">'''[[Viridiana#ancre_vir30|Photogramme 30 – Plan 26.]] '''</span> ''0h 12' 09&quot;'' : Les yeux de Don Jaime se fixent sur ces jambes parfaites, il n'arrive pas à détacher son regard. Il est visiblement troublé.
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_vir207b"> </span>
 
=====Cendre et bouquet de fleur sur le lit de Don Jaime=====
 
* <span id="ancre_27">'''[[#ancre_vir31|Photogramme – Plan 27.]] '''</span> ''0h 12' 12&quot;'' : La caméra est placée en arrière du feu. Viridiana le regard toujours fixe, se lève du fauteuil, elle s'approche du feu, et commence à jeter dans le feu ce que contient la corbeille : aiguilles, pelotes, écheveaux.
 
<span id="ancre_vir31"> </span>
[[Fichier: Viridiana30_Bunuel_12_15_somnanbulisme_04_corbeille_laine_feu.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 27.''' Le regard fixe, Viridiana jette dans le feu une pelote de laine. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 27.''' <br/>Le regard fixe, Viridiana jette dans le feu une pelote de laine.]]
 
* <span id="ancre_28">'''[[#ancre_vir32|Photogramme – Plan 28.]] '''</span> ''0h 12' 29&quot;'' : Plan rapproché. Viridiana s'accroupit devant le feu. Elle saisit de la cendre à pleine main pour le déposer dans la corbeille. Plan rapproché sur Don Jaime qui est de plus en plus perplexe '''(Plan 29)'''.
 
<span id="ancre_vir32"> </span>
[[Fichier: Viridiana31_Bunuel_12_29_somnanbulisme_05_corbeille_cendre.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 28.''' Viridiana jette la cendre dans la corbeille. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 28.''' <br/>Viridiana jette la cendre dans la corbeille.]]
 
<span id="ancre_29">''' Plan 29 '''</span> : Plan rapproché sur Don Jaime qui est de plus en plus perplexe. Il est inquiet.
 
<span id="ancre_30a">''' Plan 30a. '''</span> ''0h 12' 36&quot;'' : Retour sur Viridiana qui en se levant, laisse découvrir sa cuisse. Elle se dirige lentement vers la chambre de Don Jaime.
 
<span id="ancre_30b">'''Plan 30b. '''</span> : Plan rapproché. Viridiana se dirige vers la chambre de Don Jaime.
 
* <span id="ancre_31a">'''[[#ancre_vir33|Photogramme – Plan 31a.]] '''</span> ''0h 12' 45&quot;'' : Gros plan du bouquet de fleurs artificielles sur le lit, que Don Jaime a jeter il y a quelques minutes, avec un certain mépris.
 
<span id="ancre_vir33"> </span>
[[Fichier: Viridiana33_Bunuel_12_45_somnanbulisme_06_lit_couronne_mariee.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31a.''' Gros plan du bouquet de fleurs artificielles sur le lit de Don Jaime. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31a.''' <br/> Gros plan du bouquet de fleurs artificielles sur le lit de Don Jaime.]]
 
* <span id="ancre_31b">'''[[#ancre_vir34|Photogramme – Plan 31b.]] '''</span> ''0h 12' 49&quot;'' : Viridiana avance près du lit, elle s’arrête et d’un geste lent, vide sa corbeille de cendre sur la couverture près des fleurs d’oranger.
 
<span id="ancre_vir34"> </span>
[[Fichier: Viridiana34_Bunuel_12_49_somnanbulisme_07_lit_couronne_cendre.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31b.''' Viridiana vide la corbeille de cendre sur la couverture près des fleurs d'orangers. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31b.''' <br/> Viridiana vide la corbeille de cendre sur la couverture près des fleurs d'orangers.]]
 
* <span id="ancre_31d">'''[[#ancre_vir35|Photogramme – Plan 31d.]] '''</span> ''0h 13' 03&quot;'' : Viridiana sa corbeille en main, passe, en frôlant Don Jaime de dos. Elle a toujours les yeux ouverts, le regard mort. Elle sort de la chambre. Don Jaime s’approche du lit et observe épouvanté la cendre que cette dernière vient d’y laisser. Il saisit une poignée pleine de cendre.
 
<span id="ancre_vir35"> </span>
[[Fichier: Cendre_couronne_main_Viridiana24_Bunuel_13_03_1500p.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31d.''' Don Jaime qui saisit la cendre, comme s'il voulait être sûre du spectacle peu ordinaire qu'il vient de voir. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 31d.''' <br/>Don Jaime qui saisit la cendre, comme s'il voulait être sûre du spectacle peu ordinaire qu'il vient de voir.]]
 
<span id="ancre_32">''' Plan 32'''</span> : Viridiana se dirige vers sa chambre. Don Jaime vient jusqu’au seuil de la sienne pour voir sa nièce pénétrer chez Dona Elvira.
 
<span id="ancre_33">''' Plan 33'''</span> : La porte de la chambre de Dona Elvira se ferme très lentement. On entend le faible déclic de la serrure.
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_vir207c"> </span>
=====Quelle est la valeur de la cendre ? =====
 
 
*'''[[Viridiana#ancre_00|Lire le chapitre.]]'''
 
<center>*</center>
 
 
Buñuel continue à introduire des objets et de les animer avec un grand art mais aussi de l'ambiguïté. Après la corde à sauter, les poignées de la corde, les instruments de crucifixion, le pis de vache, l'abeille et le coffre de Don Jaime, il nous présente maintenant une corbeille en osier, avec des aiguilles et pelote de laine. Ce qu'il faut souligner tout d'abord, c'est que la corbeille vient de faire sa première (et dernière) apparition ; nous n'avons rencontré personne qui tricote. Est-ce que la corbeille appartient à Ramona ? Seule femme de la maisonnée. Ou alors à Viridiana ? Cela reste un mystère, comme l'apparition mystérieuse de Viridiana à [[Instant (précis)|l'instant précis]] où Don Jaime a ouvert le coffre. En effet, il ouvre le coffre et voilà que Viridiana apparaît dans un état de somnambulisme, un état éveillé mais inconscient. Ne peut-on pas également déduire que c'est une apparition de feue Dona Elvira, étant donnée [[#ancre_vir202d|la grande ressemblance entre Viridiana et Dona Elvira ?]] Par ailleurs, nous pouvons constater que durant son état inconscient, Viridiana a constamment le regard fixe, en avant, comme si elle voyait au-delà des choses, comme si elle voyait le futur. Ainsi, au moment où elle remplace le contenu de la corbeille par de la cendre, elle ne regarde pas ce qu'elle fait, mais elle le fait adroitement. Il en est de même quand elle jette la cendre près de bouquet de fleurs artificielles, c'est comme si Elle savait ce qu'Elle faisait. Et la question est de savoir qui c'est Elle ? (Viridiana ou Dona Elvira ?)
 
Quelle est alors la valeur de ce [[#ancre_vir34|plan unique]] dans le film ? Nous avons vu à quel point Don Jaime était inquiet et intrigué par la scène qui est exceptionnelle. La question reste ouverte, mais nous pensons assister au vœu de métamorphose souhaitée par Viridiana. Elle remplace des objets, encore une fois banales, par de la cendre : le produit de la fin de toute chose terrestre. D'autre part, il semblerait que la cendre « tire son symbolisme du fait qu'elle est par excellence valeur résiduelle : ce qui reste après l'extinction du feu. (Mais) Spirituellement parlant, la valeur de ce résidu est nulle. La cendre symbolisera la nullité liée à la vie humaine, du fait de sa précarité. » <ref> '''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' p. 187. Par ailleurs, les traditions chinoises font un distinguo entre cendre humide (présage de mort) et cendre sèche (capable d'arrêter les eaux du déluge). ''Ibid'', p. 187.</ref> Doit-on alors interpréter le plan 31b sous l'angle de la « nullité » ? La nullité du mariage de Don Jaime ? Un mariage artificiel à cause du bouquet de fleurs artificielles ? (Un '''[[#ancre_vir204a|parallélisme]]''' de plus.)
 
<span id="ancre_ vir208e1.1"> </span>
Enfin, il reste encore à développer d'une part, [[Viridiana#ancre_vir104d|les équations]] que nous avons pointé précédemment : <br/>
'''[1.1] : [[Viridiana#ancre_vir202|Corde]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir202a|Pied]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir202b|Poignée]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir202b|Serpent]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir31|Pelote de laine]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir32|Feu]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir32|Cendre]] &rarr; [[Viridiana#ancre_vir34|Lit]]'''<br/>
 
*'''[[Viridiana#ancre_vir208|Lire la suite.]]'''
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
<span id="ancre_vir210"> </span>
 
==== 10ème chapitre : 0h 15’ 32’’ – 0h 16’ 52’’ : Plan 40. La fin du déjeuner – Explication sur le somnambulisme de Viridiana====
 
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[[Fichier: Epluchure_Viridiana25z_Bunuel_15_31_1500p.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 40a.''' Viridiana qui épluche une orange.| ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 40a.''' <br/>Viridiana qui épluche une orange.]]
 
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[[Fichier: Viridiana26_Bunuel_15_46_epluchure_1500p.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 40b.''' Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange..| ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 40b.''' <br/>Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange.]]
 
* <span id="ancre_40a">'''[[#ancre_vir38|Photogramme – Plan 40a.]] '''</span>  ''0h 15' 32&quot;'' : Gros plan sur les mains de Viridiana en train de peler un fruit. L’épluchure forme en se déroulant une longue spirale. Elle pose le fruit sur une soucoupe et la porte à Don Jaime, qui est assis près de la cheminée, où un beau feu est allumé. Don Jaime est en train de nettoyer ses pipes. Il les abandonne pour remercier sa nièce de son chef-d’œuvre. Il admire la spirale : « ''Je n’ai jamais su faire ça, je suis très nerveux. '' (Cf. '''[[#ancre_vir39|Photogramme – Plan 40b]] ''') <br/>
- Viridiana (Elle contemple le feu. Puis elle se rapproche de Don Jaime, l’air perplexe.) : ''Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillée ? ''<br/>
- Don Jaime (En train de manger son fruit.) : ''On dit que c’est dangereux.''<br/>
- Viridiana : '' Ne le croyez pas. Il y a quelques années, la dernière fois où je me suis promenée endormie, on m’a réveillée en me giflant. Et vous voyez je suis encore vivante ! '' (Soudain, son visage s’assombrit.) ''Ce qui me préoccupe, c’est d’avoir porté des cendres sur votre lit. ''<br/>
- Don Jaime : ''Pourquoi ? Ce n’est pas plus étrange qu’autre chose. Les somnambules ne savent pas ce qu’ils font.''<br/>
- Viridiana (En secouant la tête négativement.) : ''Non, mon oncle. Les cendres veulent dire pénitence, et mort. ''<br/>
- Don Jaime :'' Alors, la pénitence pour toi, qui vas être nonne, et la mort pour moi, qui suis le plus vieux. ''(Viridiana s’est assise. Ramona qui est entrée un instant auparavant sert une tasse de café à Don Jaime.) ''Demain, si tu veux bien, je t’accompagnerai au village quand tu partiras.'' <br/>
- Viridiana : ''Merci, mon oncle.''<br/>
- Don Jaime (Regarde la pipe qu’il est en train de bourrer.) :'' Ce soir, il faudra faire quelque chose de spécial en signe d’adieux.''<br/>
- Viridiana : ''Ce que vous voudrez.''<br/>
- Don Jaime (Tend à sa nièce un morceau de fruit. Elle le prend et avec un air faussement détaché.) (Cf. '''[[Viridiana#ancre_vir40|Photogramme 40 – Plan 40c]] ''' ) : ''Je voudrais que tu me fasses un plaisir. Une chose innocente, mais qui me tient beaucoup à cœur. '' <br/>
- Viridiana : ''Aujourd’hui, je ne peux rien vous refuser.''<br/>
- Don Jaime : '' Alors, tu feras ce que je te demanderai ?''<br/>
- Viridiana (Sans inquiétude, mord sur le quartier de fruit que son oncle lui a donné.) : ''Ce que vous voudrez. Ordonnez-moi. ''<br/>
- Don Jaime  (Il la regarde avec gratitude. Mais aussitôt il est plein de pudeur.) : ''Non, attends… '' (Il sourit gauchement.) ''Quelle sottise ! Cela me coûte beaucoup de te le dire. '' » (Il prend une gorgée de café, rallume sa pipe. Il hoche la tête comme s’il avait pitié de lui-même.)
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
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===== Est-ce que le morceau d’orange est une allusion au fruit défendu ? Au corps de Viridiana ?=====
 
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[[Fichier: Viridiana39_Bunuel_15_46_epluchure_détail.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme 39 (bis) - Plan 40b. Détail''' <br/> Un agrandissement de l’épluchure d’orange.| ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme 39 (bis) - Plan 40b. Détail''' <br/> Un agrandissement de l’épluchure d’orange.]]
 
Reprenons dès le début, c’est Viridiana qui épluche le fruit et qui l’apporte sur une soucoupe, pour l’offrir à Don Jaime. C’est métaphoriquement, comme si elle s’offrait, inconsciemment à Don Jaime. Il en est de même quand Don Jaime contemple la spirale de l’épluchure, il admire la dextérité de Viridiana à découper la « peau » du fruit avec précision, mais ne peut-on pas dire qu’il contemple le « [[corps]] » de Viridiana ? « Un corps parfait qui se déroule devant lui », et qu’il tient par la main. Un corps qui est à la portée de sa main, et ça va être le cas. D’ailleurs, si l’on observe attentivement le photogramme du '''[[#ancre_vir39d|plan 40b, détail]]''', nous constatons une similitude schématique frappante, (un [[Viridiana#ancre_vir204a|parallélisme]] de plus, doublée d’une [[résonance]]), entre le corps de Viridiana et l’[[épluchure]]. En effet, l’amorce de l’épluchure qui est ronde, correspond à la tête et le reste de la spirale au corps. De plus, l’image montre Viridiana de dos, en face du feu de la cheminée. Le feu de sa détermination qui va hélas, indirectement céder.
 
Mais ne peut-on pas également déduire que la forme générale de l’épluchure, telle qu’elle est représentée dans le plan 39, devient une métaphore globale du « fruit défendu » ? Ne devient-elle pas ainsi, à la fois, l’arbre, le serpent et le fruit ? Nous assistons alors, à une intense condensation (concentration) et une [[inversion]] de la scène biblique de l’histoire d’Adam et d’Eve, puisque c’est Don Jaime qui donne un morceau du fruit à Viridiana. <ref>Nous imaginons que cette hypothèse peut surprendre et que l’on est en droit de poser la question de sa légitimité. Après tout, est-on obligé de pousser une hypothèse à un tel degré ? Ce que l’on peut dire, c’est que nous n’inventons rien. L’analyse part toujours à partir de l’image, et c’est à l’appui des données des images que nous arrivons parfois à des hypothèses surprenantes.</ref>
 
<center>[[#ancre_1|▲]]</center>
 
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===== La relation de l’épluchure avec les cendres=====
 
Il reste enfin un autre point important que nous risquons de passer sous silence, car très souvent, nous n’établissons pas de lien entre les plans, nous avons tendance à les traiter séparément, sans chercher les relations et les [[Combinaison (sémantique) |combinaisons]] qui peuvent s’établir entre eux, [[Viridiana#ancre_vir104a|nous avons déjà parler de ces aspects]]. Ainsi, en ce qui concerne la scène de l’épluchure, il est important de se rappeler ce qui s’est passé dans les plans précédents et qui sont en étroite relation avec celui-ci, et c’est d’ailleurs ce qui préoccupe Viridiana. Il s’agit des '''[[#ancre_vir207|plans 23 – 33]]''', les cendres sur le lit de Don Jaime. Nous retrouvons alors un autre [[Viridiana#ancre_vir204a|parallélisme]] :<br/>
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'''[Parallélisme 4] ''' : [[#ancre_vir34|Viridiana vide la corbeille de cendre sur la couverture près des fleurs d’oranger]] (''0h 12' 49&quot;'') / [[#ancre_vir38|Viridiana pose l’épluchure et l’orange sur une soucoupe et la porte à Don Jaime]] (''0h 15' 32&quot;'')
 
Ce qui est pertinent dans ce parallélisme et qui offre un dénominateur commun, c’est que les cendres et l’épluchure sont des « restes », pour ne pas dire des déchets ; le premier c’est ce qui reste d’une combustion, le second c’est l’enveloppe, la peau, à retirer pour accéder au fruit. Or, dans les deux cas, c’est Viridiana qui apporte les restes à Don Jaime.
 
A présent observons la descente de Don Jaime dans une spirale dangereuse.
 
*'''[[Viridiana#ancre_vir211|Lire la suite.]]'''
*'''[[Viridiana|Lire le début du film.]]'''
 
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>