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Cloche

2 140 octets ajoutés, 26 janvier 2015 à 14:09
/* Des aspects techniques élémentaires de la fonte d'une cloche */
<span id="ancre_1"> </span>
[[Fichier: Cloche_Andreiroublev_Tarkovski_1600p.jpg|600px400px|thumb|centerright|alt=''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_357|plan 357]]. ''' Après avoir complètement enlevé le moule d'argile, Boris s'assied près de la cloche.| ''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_357|plan 357]]. ''' Après avoir complètement enlevé le moule d'argile, Boris s'assied près de la cloche.]]<br/>  <center>* * *</center>
==Autres titres de films==
<tr>
<td> '''[[#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|Andreï Roublev]]'''</td>
<td>(Voir détail : ''[[Andreï Roublev|Andre&iuml; Rublyov]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Konchalovsky A.</td>
<td>215</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_dra"> </span>''' Drakkars (Les) '''<br/>
'''&#167;.''' L'affrontement des Vikings et des Maures pour la conquête d'une légendaire cloche en or “La mères de toutes les voix”. </td>
<td>''Long Ships (The)'' </td>
<td>'''Cardiff Jack'''</td>
<td> Cross Beverley, Mather Berkely, d'après la saga de Bengtsson Franc Gunnar, ''Röde Orm (Orm le Rouge)''</td>
<td>'''1964'''</td>
<td> Angleterre, Yougoslavie</td>
<td> 126</td>
</tr>
<tr>
<td> '''Narcisse Noir (Le)'''</td>
<td>'' Black Narcisses''</td>
<td>'''Powell Michael, Pressburger Emeric'''</td>
<td>Powell Michael, Pressburger Emeric, d'après le roman éponyme de Godden Rumer</td>
<td>'''1947'''</td>
<td> Angleterre</td>
<td> 100</td>
</tr>
</table>
<center>* * *</center>    
==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==
=====Le drap plié en cloche=====
<span id="ancre_319p"> </span> [[Fichier: Drap_cloche_Tarkovski_Andreiroublev_plan319_800p.jpg|300px|thumb|right|alt=''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_319|plan 319.]]''' Boris qui tombe en déformant le drap tendu en une forme de cloche.|''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_319|plan 319.]]''' Boris qui tombe en déformant le drap tendu en une forme de cloche.]]
L’épisode commence par une grande subtilité de la part de Tarkovski, en introduisant à la fois le fondeur de cloche, Boris, et l’objet qu’il sera censé de fabriquer, une cloche.
[[Drap#La figure du drap plié en cloche|Lire la suite]]
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'''[[Drap#La figure du drap plié en cloche|Lire la suite]]'''
 
 
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=====Le tracé de la cloche=====
Pour la pleine compréhension de la fonte d'une cloche, nous devons parler de quelques aspects techniques élémentaires : (…)"la fonte d'une cloche comprend trois opérations successives : le tracé, le moulage, la coulée dans le moule du métal en fusion. (Généralement du bronze : 18 à 22 % d'étain et 78 à 82 % de cuivre.) Le tracé consiste à déterminer la forme et les proportions de la cloche. Le moulage s'exécute dans la fosse même où doit avoir lieu la coulée. Il consiste dans l'établissement du moule (a.) et de la "fausse cloche" ou noyau (b.) séparés l'un de l'autre par une certaine épaisseur de terre (c.) Le moule étant achevé, on le sèche au moyen d'un feu allumé sous le noyau ; les diverses pièces constituant le moule." <ref>D''ictionnaire Larousse'', article : cloche. </ref> (Cf. Schéma - Cloche )
<span id="ancre_1ancre_1clo"></span> [[Fichier:clochep1.jpg|200px300px|thumb|right|alt=|'''Schéma - Cloche ''' : La fonte d'une cloche :
a. moule ;
b. fausse cloche ;
Il semble précisément que les aspects techniques que nous venons de citer, et que nous allons voir en détail, lancent des ponts qui vont relier des îlots sémantiques entre eux. Ils ont comme but, de saisir, en quelque sorte, le thème de la création de l'intérieur, une espèce "d'embryologie de la création" ou sa "morphogenèse alchimique". Une fois encore, les figures et les [[Objet|objets]] du réalisateur ont une attirance mystique vers le bas, vers la terre. Ils sont comme absorbés, aspirés. Tout commence par l'acte fécondant de Boris qui enfonce un piquet au milieu du talus ([[#ancre_322|plan 322]]). Ce piquet devient l'axe du monde, et tout va se dérouler autour de cet axe, pour aboutir, à la fin du film, à un poteau autour duquel va s'accomplir le miracle : Roublev parlera de nouveau. <span id="ancre_geste1"></span>Autour de ce piquet, Boris va tracer un cercle, image de la perfection : c'est le geste mythique de la première habitation de l'homme, car l'habitation primitive était ronde. <ref>(…) "Parce que l'homme trace plus facilement un contour circulaire qu'un contour rectiligne." '''Leroux''', ''Les origines de l'édifice hypostyle'', Edition Altmann. </ref>
Le [[Cercle (''Stalker'')|cercle]] évoque aussi la figure du cycle accompli. (…) "Le cercle est le deuxième symbole fondamental avec le centre, la croix et le carré. Le cercle est d'abord un point étendu ; il participe de sa perfection. (…) Le mouvement circulaire est parfait, immuable, sans commencement ni fin, ni variations ; ce qui l'habilite à symboliser le temps. Le temps se définit comme une succession continue et invariable d'instants tous identiques les uns aux autres. (…) Le cercle symbolisera aussi "le ciel", au mouvement circulaire et inaltérable." <ref>'''G. de Champeaux et S. dom Sterckx''', ''Introduction au monde des symboles'', Paris, 1966, p. 24. </ref> Le cercle est une figure universelle, que l'on retrouve de la Grèce antique au bouddhisme zen, chez les Babyloniens, chez les Indiens d'Amérique, etc. Et, entre autres, dans le monde celtique, (…) "le cercle avait une fonction magique, en tant que forme enveloppante, tel un circuit fermé, le cercle est protecteur. (Fonction que l'on retrouve dans l'[[anneau]], le bracelet, le collier, la [[ceinture]] ou la [[couronne]].)" <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'',p. 191.</ref> Ainsi, le symbolisme du cercle est double, à la fois magique et céleste. A partir du tracé du cercle, nous n'allons plus nous en détacher. Trois représentations vont l'illustrer successivement : d'abord, le [[#ancre_323|plan 323]], avec le tracé au sol, ensuite au [[#ancre_324|plan 324]] avec le mouvement circulaire de la caméra avec la vue de l'arbre majestueux comme tangente au cercle, et à la fin du mouvement, une vue de l’arbre en contre plongée qui annonce le plan 325, qui est à la fois un plan de transition et une ellipse.
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''' <span id="ancre_348">Plan</span> 348-37 :''' '' 2h 42' 38''&quot; : Plan général de la fonderie. On fait couler le bronze.
 
<span id="ancre_350p"></span> [[Fichier:Clochep2_Andreiroublev_Tarkovski_yeux creation_1600.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 350'''. La forge qui propose l'image "des yeux de la création."|'''Photogramme - Cloche 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 350'''. La forge qui propose l'image "des yeux de la création." ]]
''' <span id="ancre_350">Plan</span> 350-39 :''' '' 2h 44' 06''&quot; : Le plan propose l'image "des yeux de la création". Boris devient en quelque sorte une incarnation d'Héphaïstos, le dieu forgeron. (Cf. '''Photogramme – Cloche 1''')
 
 
<span id="ancre_350p"></span> [[Fichier:Clochep2_Andreiroublev_Tarkovski_yeux creation_1600.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 1''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 350'''. La forge qui propose l'image "des yeux de la création." ]]
''' <span id="ancre_353">Plan</span> 353-42 :''' '' 2h 46' 00''&quot; : Boris tâte le moule. On commence à casser le moule.
=====L’élévation de la cloche=====
<span id="ancre_367p"></span> [[Fichier:clochep4.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 367'''. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.|'''Photogramme - Cloche 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 367'''. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.]]
''' <span id="ancre_367">Plan</span> 367-56 :''' '' 2h 52' 49''&quot; : Plan général du chantier de la cloche. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des cordes, le poids imposant de la cloche. Tout le village commence à se réunir pour l'ultime acte d'élévation. (Cf. '''Photogramme – Cloche 3''')
 
 
<span id="ancre_367p"></span> [[Fichier:clochep4.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 3''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 367'''. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.]]
Nous constatons que la succession des motifs obéit à un certain ordre. D'abord les deux plans d'ouvertures (392 et 424) sont significatives : l'inauguration avec les braises et donc le [[feu]] et la conclusion avec la pluie et donc l'[[eau]]. Ce lien peut avoir une articulation sur le poids des remords de Roublev. En effet, '''le [[passage]] du noir et blanc à la couleur ''' a en fait une double signification : d'une part elle exprime le passage de cette période obscur à la réalité chromatique de la peinture de Roublev, et d'autre part, elle devient un symbole du "silence" de Roublev qui accède enfin à la lumière. Ainsi ce passage du feu à l'eau peut aussi signifier le passage du feu qui dévorait Roublev éteint par la compassion divine : les larmes du Christ. Ensuite l'ensemble des motifs répond presque exclusivement au Nouveau Testament, à moins de considérer le début comme étant une introduction fugace de l'Ancien Testament. Le motif des [[Pied|pieds]] a une prépondérance particulière qui répond en écho à la structure interne du film, notamment dans les plans qui montrent cette figure. Il en va également de la figure du [[cheval]], des cavaliers et surtout du coup de tonnerre qui nous ramène à la [[réalité]], mais une réalité transfigurée, avec un paysage presque paradisiaque : les chevaux en liberté. Enfin il reste le motif qui établit le passage entre la peinture et l'extérieur, c'est la figure de la [[porte]]. Nous sommes tentés de voir dans cette dernière la même porte qu'au plan VII-286 : le plan en insert qui s'établit entre le retour de Kyril au monastère et l'entrée du père supérieur dans la grande salle, ce sont les doubles battants de porte qui laissent passer une lumière intense à travers les interstices. Comme si Kyril n'avait pu accéder au domaine enchanté de la peinture ? Ici au plan 424, nous avons l'impression de traverser la porte et de passer de l'autre côté.
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=====La dame en blanc=====
<span id="ancre_385p"></span> [[Fichier:Cheval_Tarkovski_Andreïroublev_cloche1_1600_3_dame blanche.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 385'''. La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.|'''Photogramme - Cloche 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 385'''. La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.]]
Comment ne pas voir un rapprochement entre le motif des anges et celui des deux personnages singuliers que nous rencontrons lors de l'élévation de la cloche : la petite fille et la dame en blanc accompagnées du cheval noir. En effet, nous pensons assister ici à une [[apparition]] dans le sens mystique du terme : en fait, ces deux personnages sont invisibles, ils n'apparaissent à la limite que pour Boris. (Cf. '''Photogramme – Cloche 4.''')
 
 
<span id="ancre_385p"></span> [[Fichier:Cheval_Tarkovski_Andreïroublev_cloche1_1600_3_dame blanche.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 4''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 385'''. La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.]]
 
En effet, au plan 385 leur passage pose problème : tout le peuple est debout en silence, il attend avec impatience le son de la cloche. Et nous voyons ces deux personnages au premier plan, qui traversent l'image allégrement, en souriant. Le peuple statique n'est pas étonné de les voir passer. Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas réels. C'est encore une innovation particulière du réalisateur : rendre l'irréel réel. Ainsi donc, ces deux personnages sont comme des divinités protectrices, qui ont toujours guidé l'audacieux Boris. Nous venons de l'entendre, son père ne lui a pas transmis le secret de la fonte de la cloche, il a donc tout le temps improvisé, inventé, imaginé. Et à son tour, Boris, touché par la grâce, guidera et amènera l'âme troublée et obscurcie de Roublev vers la lumière, vers la peinture. Le cheval noir qui accompagne les deux personnages est aussi à considérer attentivement. En effet, nous avons vu le [[Cheval#ancre_5ap|cheval noir]] dans tous ses états, gesticulant, dégringolant, transpercé, etc. A présent nous le voyons, (au plan 385 et 389) obéissant, majestueux, amical : c'est en fait une [[métaphore]] de la transformation (presque divine) du peuple. D'animal instinctif, il devient humain et raisonnable. De plus, il faut ajouter un autre point qui est en rapport direct avec le 1er épisode : le cheval noir était aussi une apparition, nous en avons pour preuve le fait de le voir au [[Cheval#Les métamorphoses de la figure du cheval noir|plan 5]], et de le voir disparaître au plan 6, au moment ou Efim sort de l'église. Et lors du vol d'Efim, les plans en plongée ne présentent aucune trace de l'animal. Ainsi le cheval noir constitue un liant qui conclut en boucle le film. Mais il n'est pas le seul ; il y en a plusieurs. C'est ce qui fait de ce film un chef d'œuvre à part dans le cinéma et cela pour plusieurs raisons.
A ce compte là, nous ne pouvons plus dire qu'il s'agit de coïncidences, il s'agit bel et bien d'une entreprise décidée par le réalisateur, afin de rendre l'œuvre infinie.
<span id="ancre_clo1"> </span> Une seconde idée rend l'œuvre puissante. Nous pensons qu'il n'existe pas une œuvre qui ait été construite sur une architecture si particulière, plus précisément : '''une architecture en cloche'''. Il faut voir tout le film avec cette structure singulière. En effet, si nous considérons le film épisode après épisode, nous remarquons qu'il s'amorce tout doucement. Avec l'évocation du climat de l'époque, nous apercevons Roublev au IIème épisode, et ce n'est qu'au IIIème épisode qu'il commence à s'exprimer sérieusement. Ainsi, nous assistons donc à une montée en cloche, et à partir du VIIème épisode nous assistons au déclin de Roublev. Un second tableau démontre en un clin d'œil la validité de nos propos : (Cf. '''Tableau : L'architecture générale en cloche du film Andreï Roublev.''')
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