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==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==

Version du 6 novembre 2011 à 17:40

Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Arbe, le maire et la médiathèque (L') Rohmer Eric Rohmer Eric 1993 France 106
Arbre aux âmes (L') Po di Sangui Gomes Flora Fernández A.
Gomes F.
1996 France

Guinée
Tunisie

Portugal
90
Arbre aux Sabots (L') L'Albero degli zoccoli Casati Amadeo Casati A. 1978 Italie. 190
Des journées entières dans les arbres Duras Margueritte Duras Margueritte 1976 France 85
* * *


Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Andreï Roublev (Voir détail : Andreï Rublyov) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Konchalovsky A.
1969 URSS 215
Colline des Poteaux (La) The Hanging Tree Daces Delmer Mayes W.
Welles H
1966 Italie 105
Intendant Sancho (L') Sanchô dayü Mizoguchi Kenji Fuji Yahiro
Yoda Yoshikata
1954 Japon 120
Nostalghia (Voir détail : Nostalghia) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
Source (La) Jungfrukällan (littéralement : La Source de la vierge) Bergman Ingmar Isaksson U. 1960 Suède 89


* * *

Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

[1] [2] [3]


Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski

La barque taillée

Plan 3 : 00' 40" : Plan rapproché fixe sur un tronc d'arbre qui occupe toute la moitié gauche du cadre, la moitié droite est occupée par les bords de la rivière, léger mouvement de la caméra vers la gauche, le tronc de l'arbre est à droite. Efim passe derrière l'arbre sur une petite barque sculptée dans un tronc d'arbre. Il rame rapidement, devant lui se trouve les harnais. (Cf. Photogramme Arbre 1.)


Photogramme - Arbre 1 : Andreï Roublev, Plan 3. La barque d'Efim taillée dans un arbre, devant lui se trouve les harnais.


La figure de la barque sera reprise à différents niveaux dans le corps du film. Ici, elle rejoint l'hypothèse de Gaston Bachelard qui y consacre une étude intitulée "le complexe de Caron." [4] Il va s'appuyer d'une part sur les travaux d'un mythologue, Saintine, qui, au culte des arbres, rattache le culte des morts. [5]


Dans le plan 3, il y a une proposition cinématographique significative. Il s'agit du plan rapproché sur l'énorme tronc d'arbre, qui occupe toute la moitié gauche de l'écran, laissant entrevoir la rivière dans la moitié droite. En fait, la composition plastique développe "un passage" d'une forme verticale, statique et puissante (l'arbre) à une forme horizontale, dynamique et légère (la barque). Cet argument est un point de plus à mettre au compte de la notion de passage cinématographique.


*


Le jeune bouleau et autre apparition d'arbre

Plan 23-2 [6] : 05' 39" : Plan général. Trois moines quittent le monastère de la Trinité. Ils ne sont pas sortis dans le monde depuis plus de neuf ans. Il s'agit de Daniel, d'Andreï et de Kyril. Le premier objet qu'ils admirent en sortant du monastère est un jeune arbre, un bouleau. (Cf. Photogramme Arbre 2.)


Photogramme - Arbre 2 : Andreï Roublev, Plan 23b. Les trois moines qui admirent le jeune bouleau. Andreï Roublev qui dit à Daniel : "Tu vois, ce bouleau, je ne l'avais pas remarqué avant."


Il pleut. Ils courent sous la pluie. Cut.

Dans les plans suivants, les trois moines vont s'abriter de la pluie dans une ferme. C'est le IIème épisode , celle du Bouffon, dans laquelle, deux cavaliers vont cogner le bouffon contre un arbre. (Cf. Photogramme - Arbre 3.)


Photogramme - Arbre 3 : Andreï Roublev, Plan 44. Deux cavaliers qui cognent le bouffon contre un arbre.


Et, à la fin de l'épisode, au :

Plan 47 : Au second plan, à gauche, le bouffon est emporté sur le dos d'un cheval. Les moines passent devant trois troncs d'arbres imposants. Il faut comparer ce plan avec le plan 23b,celui du jeune bouleau. (Cf. Photogramme - Arbre 4)


Photogramme - Arbre 4 : Andreï Roublev, Plan 47. Au second plan, à gauche, le bouffon est emporté sur le dos d'un cheval. Comparez avec le plan 26b : les moines représentaient des petites silhouettes minuscules, avec ce plan nous obtenons l'inverse. C'est une autre figure d'inversion.


*


Au cours du IIIème épisode, lors de la rencontre insolite d'Andreï Roublev et de Théophane le Grec :

Plan 73-26 : 40'10" : Tout à coup, au pied d'un grand arbre, et à travers une petite flaque d'eau, une couleuvre traverse rapidement la flaque d'eau de droite à gauche, pour disparaître dans l'herbe. (Cf. Photogramme - Arbre 5)


Photogramme - Arbre 5 : Andreï Roublev, Plan 73. Une couleuvre traverse rapidement la flaque d'eau, au pied d'un arbre.


Plan 75-28 : 40' 40" : La couleuvre réapparaît deux plans plus loin. Andreï Roublev continue à parler à son élève : "Seule la prière permet à l'âme d'atteindre l'invisible."


Plan 79-32 : 41' 06" : Le maître et l'élève marchent sur un tronc d'arbre abattu au sol qui suggère la fonction d'un pont. (Cf. Photogramme - Arbre 6.)


Photogramme - Arbre 6 : Andreï Roublev, Plan 79. L'arbre qui fait fonction de pont.


Plan 80-33 : 41'42" : Panoramique à droite, vers la main de Roublev en gros plan.

Plan 81-34 : 42' 09" : Gros plan sur des racines d'arbre géantes. Panoramique à gauche. Transition avec le plan suivant:

Plan 82-35 : 42'23" : Théophane le Grec assis "en majesté", éclatant de lumière, les pieds nus jusqu'aux genoux plongés dans une fourmilière. Les fourmis courent sur ses pieds dans tous les sens.


*


Les polarités de la figure de l'arbre dans Andreï Roublev

Au cours du Vème épisode, quand Roublev, triste (après le massacre de ses camarades de chantier), dit à un enfant qui lisait une bible : "pourquoi t'arrêtes-tu, continue ?" L'enfant continue sa lecture. Cependant on observe une rupture dans la continuité des plans. En effet, Roublev dirige son regard à gauche, vers une fenêtre :

Plan 175b-33b [7] : 1h27'29 " : c'est un plan de réminiscence, un flash-back. Nous apercevons dans un plan d'ensemble, les trois moines qui courent dans un sentier sous une pluie battante. C'est un rappel du IIème épisode quand les trois moines sortent du monastère.

Plan 176-34 : 1h27'48 " : Plan général d'un arbre placé au centre de l'image(Cf. Photogramme – Arbre 7.)

Photogramme - Arbre 7 : Andreï Roublev, Plan 176. L'arbre qui abrite sous la pluie, la silhouette de Kyril et à droite la silhouette d'Andreï Roublev à gauche.

Plan 177-35 : 1h 27' 59" : Plan rapproché sur l'arbre. Nous distinguons Kyril à gauche qui tient, confondu par son habit sombre, un corbeau noir et docile. (Cf. Photogramme – Arbre 8.)

Photogramme - Arbre 8 : Andreï Roublev, Plan 177. Kyril à gauche qui tient, confondu par son habit sombre, un corbeau noir et docile.

La caméra pivote à droite:

Plan 178-36 : 1h 28' 06 " : Nous voyons Andreï Roublev. Tous les deux s'abritent de la pluie au pied de l'arbre. Ils sont placés en équilibre de part et d'autre de l'arbre. L'arbre est un chêne.


Dans le cours du film, nous avons rencontré à plusieurs reprises la figure de l'arbre, d'une façon associative, c'est-à-dire que la figure de l'arbre est associée à une autre figure. Mais nous ne l'avons jamais rencontré de cette façon : c'est un "plan arbro-centrifuge". [8] De plus, à chaque moment, l'arbre traduit par extrapolation une densité particulière : de l'arbre-totenbaum (plan 3) à l'arbre-fragile (plan 23b); de l'arbre-instrument (plan 44) de torture à l'arbre-pont (plan 79) ; du fondement de l'arbre, les racines (plan 73), à sa combustion, le feu et ceci jusqu'à l'arbre protecteur maternel (plan 176), sans oublier de parler des éléments provenant d'un arbre : les bûches (plans 41 et 63), les branches, le poteau(plan 38), etc. A chaque instant, les différentes facettes interprétatives résonnent comme un écho à la forme générale de la séquence. Les nombreuses allusions, directes ou indirectes, à la figure de l'arbre, lui confèrent une place aussi importante que la foule, le cheval noir ou la Bible.

*


Le thème de l'arbre

C'est l'un des thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus. [9] La bibliographie de ce thème pourrait, à elle seule, faire l'objet d'un livre. Nous allons en mentionner quelques traits essentiels. Dans son "Traité d'histoire des religions", Mircea Eliade distingue sept interprétations principales du thème de l'arbre qui s'articulent toutes autour de l'idée du "cosmos vivant" en perpétuelle régénérescence. [10] "L'arbre source de vie", précise Mircea Eliade, (...) "présuppose que la source de vie se trouve concentrée dans ce végétal ; donc, que la modalité humaine se trouve là à l'état virtuel, sous formes de germes et de semences." [11] Selon Spencer et Gillen cités par le même auteur, la tribu Warramunga, du nord de l'Australie, croit que "l'esprit des enfants", petit comme un grain de sable, se trouve à l'intérieur de certains arbres, d'où (...) "il se détache parfois pour pénétrer par le nombril dans le ventre maternel." Ceci n'est pas sans rappeler la croyance très répandue, selon laquelle (...) "le principe du feu, comme celui de la vie, est caché dans certains arbres d'où on l'extrait par frottement." [12] Plus encore, ces aspects rejoignent les caractéristiques générales de l'arbre : (...) "L'arbre met en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s'enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirés par la lumière du ciel. Des reptiles rampent entre ses racines ; des oiseaux volent dans sa ramure : il met en relation le monde chtonien et le monde ouranien. Il réunit tous les éléments : l'eau circule avec sa sève, la terre s'intègre à son corps par ses racines, l'air nourrit ses feuilles, le feu jaillit de son frottement." [13] Par ailleurs, "l'arbre source de vie" peut, brusquement, renverser sa polarité et devenir "arbre de mort". C'est le cas de Nabuchodonosor en proie à ses songes [14] : chez Daniel, le songe de Nabuchodonosor, et chez Isaïe l'arbre de mort est un "arbre abattu". L'importance de la figure de l'arbre abattu est souvent annoncée dès l'ouverture d'un film. C'est, par exemple le cas dans le film Les Chevaux de Feu (1987), de Serge Paradjanov, dans lequel un arbre qui allait s'abattre sur Ivan-enfant s'abat sur son frère Oleska qui voulait le sauver in extremis en le poussant. [15] Il en est de même dans L'intendant Sancho (1954) de Kenji Mizoguchi.


*


[16]

Plan "

Fichier:P.jpg
Photogramme - Génuflexion 1 : Andreï Roublev, Plan .


Photogramme - Génuflexion 1 : Nostalghia, Plan 6.
Photogramme - Réalité : Le Miroir, Plan 25. L'eau qui ruisselle le long des murs de l'appartement.
Photogramme - Sac 6 : Stalker, Plan 107a.
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Liens spécifiques du film

Voir : Andreï Roublev


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Liens spécifiques du film

Voir : Miroir (Le)


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Voir aussi


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Notes et références

  1. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
  2. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie.
  3. Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves. Essai sur l'imagination de la matière, Librairie José Corti, Paris, 1942, p. 85 sq.
  4. Saintine, La Mythologie du Rhin et les contes de mère-grand, 1863.
  5. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
  6. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
  7. En effet, dans l'ordre, nous avons vu l'arbre dans les plans suivants :
    • Plan 3, l'arbre et la barque d'Efim.
    • Plan 23b, le jeune bouleau à la sortie des moines du monastère. Il représente la jeunesse et la fragilité d'Andreï Roublev. En revanche ici ou comme au plan 111, face à la femme nue, l'arbre représente l'âge mûr de Roublev ;
    • Plan 44, Le bouffon abattu contre un arbre. (Photogramme – Porte)
    • Plan 79, Thomas et Roublev qui marchent sur un arbre-pont.
    • Plan 81, les mains de Roublev sur les racines géantes d'un arbre.
    • Plan 107, Andreï Roublev et Thomas qui portent une branche d'arbre pour le feu.
  8. Cf. Gilbert Durand, Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Introduction à l'archétypologie générale, Éditions Dunod, (1969), 11é éditions, 1992. pp. 54 ; (...) "Tout lieu sacré, commence par le "bois sacré" (Bastide, Sociologie et psychologie, p. 63.)" pp. 280-281 ; arbre lactifère, 296 ; 297 ; 322 ; arbre-bâton, 369 ; croix, 379 ; feu, 381 ; l'imagination de l'arbre, 390-396 ; arbre renversé, 397 ; l'arbre croissant démesurément, 429.
  9. Mircea Eliade, Traité d'histoire des religions, Paris, (1949) 1964, pp. 230-231.
  10. Mircea Eliade, Ibid, p. 261.
  11. M. Granet, Fêtes et chansons anciennes de la Chine, Paris, 1919.
  12. Chevalier/Gherrbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit., pp. 62 sq.
  13. Cf. Daniel 2, 3, 4, 2, 78, 11, 17, 22. Cf. également, Ezéchiel, 31, 8-10 ; Isaïe 14, 13.
  14. Voir : Notre mémoire D.E.A. Le Lorgnon de Smirnov ; Place des Gros Plan d'Objets en Chute dans le Cinéma, Université des Sciences Humaines de Strasbourg, juin 1994, pp. 26 sq.


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