« Stalker » : différence entre les versions

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==Aspects extra-filmiques ; Que veut dire "Stalker" ?==
==Aspects extra-filmiques ; Que veut dire "Stalker" ?==


Dans le film ''Stalker'' , le Stalker est un personnage clé. Il est la clé de la Zone : (…) "Un no man's land gardé par des militaires et qui contient la "Chambre des Désirs", capables d'exaucer les vœux de ceux qui y parviennent. Mais l'accès en est interdit et seul quelques guides - "les stalkers"- en connaissent le chemin. Un écrivain et un physicien, <ref>"Le physicien" dans le film s'appelle "Le professeur", nous n'avons pas modifié le texte.  </ref> demandent à un stalker de les y conduire." <ref>Plaquette présentation du film, ''Film de ma vie'', Editions FNAC, 1979.  </ref> Ainsi, le terme Stalker soulève des ambiguïtés dues précisément à la triple alliance du terme : il est le titre du film, la fonction et le nom d'un personnage, enfin, il suggère une palette de terminologie anglo-saxonne : d'ordinaire, le mot Stalker est un nom anglais, masculin, qui désigne un "chasseur à l'approche." <ref>Toutes les traductions proviennent du dictionnaire bilingue Harrap's Shorter.  </ref> Le mot "stalk" a trois sens différents. <ref>Deux substantifs (s.) et un verbe (v.) : a- "Stalk" : (s.) 1. Démarche fière. 2. Chasse à l'approche. b- "Stalk" : 1. (v. intransitive.) "To stalk", "marcher d'un pas majestueux, marcher à grand pas." 2. (v. transitif.) "Traquer (la bête) à l'approche. Chasser à l'approche", "Deer-stalking" : 1. Chasseur de cerf ; 2. Chapeau de chasse. "Stalking-horse" 1. Cheval d'abri ; 2. Prétexte, masque. c- Stalk : (s.) 1. Tige (de plante) ; queue (de fruit) trognon (de chou) ; 2. Pied (de verre à vin).  </ref> Pourquoi Andreï Tarkovski a-t-il choisi ce nom pour son personnage ? En regardant l'évolution de la genèse du film nous allons voir que la décision de choisir un [[nom]] (ou un [[mot]]) est parfois un long travail. Il a fallu presque trois années pour privilégier le nom Stalker. Grâce à ce détail, un nom, nous assisterons à la genèse du film. De plus, les interminables attentes que Tarkovski a du subir entre chaque film ont contribué certainement à donner plus de poids au film en chantier. L'[[attente]] est par ailleurs, un puissant révélateur [[Thèse:Résumé|cinémantique]] : là où il y a attente, il y a des possibilités d'observations d'actes ou d'actions [[Thèse:Résumé|cinémantiques]]. Ainsi, le premier moment inscrit dans le ''Cahier Journal'' de Tarkovski, à propos du film Stalker, date de 1973. Il n'y a pas plus qu'une phrase.
Dans le film ''Stalker'' , le Stalker est un personnage clé. Il est la clé de la Zone : (…) "Un no man's land gardé par des militaires et qui contient la "Chambre des Désirs", capables d'exaucer les vœux de ceux qui y parviennent. Mais l'accès en est interdit et seul quelques guides - "les stalkers"- en connaissent le chemin. Un écrivain et un physicien, <ref>"Le physicien" dans le film s'appelle "Le professeur", nous n'avons pas modifié le texte.  </ref> demandent à un stalker de les y conduire." <ref>Plaquette présentation du film, ''Film de ma vie'', Editions FNAC, 1979.  </ref> Ainsi, le terme Stalker soulève des ambiguïtés dues précisément à la triple alliance du terme : il est le titre du film, la fonction et le nom d'un personnage, enfin, il suggère une palette de terminologie anglo-saxonne : d'ordinaire, le mot Stalker est un nom anglais, masculin, qui désigne un "chasseur à l'approche." <ref>Toutes les traductions proviennent du dictionnaire bilingue Harrap's Shorter.  </ref> Le mot "stalk" a trois sens différents. <ref>Deux substantifs (s.) et un verbe (v.) : a- "Stalk" : (s.) 1. Démarche fière. 2. Chasse à l'approche. b- "Stalk" : 1. (v. intransitive.) "To stalk", "marcher d'un pas majestueux, marcher à grand pas." 2. (v. transitif.) "Traquer (la bête) à l'approche. Chasser à l'approche", "Deer-stalking" : 1. Chasseur de cerf ; 2. Chapeau de chasse. "Stalking-horse" 1. Cheval d'abri ; 2. Prétexte, masque. c- Stalk : (s.) 1. Tige (de plante) ; queue (de fruit) trognon (de chou) ; 2. Pied (de verre à vin).  </ref> Pourquoi Andreï Tarkovski a-t-il choisi ce nom pour son personnage ? En regardant l'évolution de la genèse du film nous allons voir que la décision de choisir un [[nom]] (ou un [[mot]]) est parfois un long travail. Il a fallu presque trois années pour privilégier le nom Stalker. Grâce à ce détail, un nom, nous assisterons à la genèse du film. De plus, les interminables attentes que Tarkovski a du subir entre chaque film ont contribué certainement à donner plus de poids au film en chantier. L'[[attente]] est par ailleurs, un puissant révélateur [[Thèse:Résumé|cinémantique]] : là où il y a attente, il y a des possibilités d'observations d'actes ou d'actions [[Thèse:Résumé|cinémantiques]]. Ainsi, le premier moment inscrit dans le ''Cahier Journal'' de Tarkovski, à propos du film Stalker, date de 1973. Il n'y a pas plus qu'une phrase.


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==Stalker dans le Cahier Journal de Tarkovski (1973 - 1979)==
==Stalker dans le Cahier Journal de Tarkovski (1973 - 1979)==
 
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Titre complet du 1er chapitre : Redrick Souhart, 23 ans, Célibataire, préparateur de la Filiale Harmontoise de l'Institut International des Cultures Extra-terrestres.<br/>
Titre complet du 1er chapitre : Redrick Souhart, 23 ans, Célibataire, préparateur de la Filiale Harmontoise de l'Institut International des Cultures Extra-terrestres.<br/>
2ème chapitre : R. S. 28 ans, marié, sans profession.<br/>
2ème chapitre : R. S. 28 ans, marié, sans profession.<br/>
3ème chapitre : Richard Nounane, 51 ans, représentant des Fournisseurs de l'Equipement Electronique auprès de la Filiale Harmontoise de l'I.I.C.E.<br/>
3ème chapitre : Richard Nounane, 51 ans, représentant des Fournisseurs de l’Équipement Électronique auprès de la Filiale Harmontoise de l'I.I.C.E.<br/>
4ème chapitre : R.S. 31 ans.  </ref> avec Dostoïevski il est attiré par la peinture minutieuse de l'âme humaine. Mais, à ce jour là, Andreï Tarkovski ne sait toujours pas quel sujet il va traiter. Quelques jours plus tard :
4ème chapitre : R.S. 31 ans.  </ref> avec Dostoïevski il est attiré par la peinture minutieuse de l'âme humaine. Mais, à ce jour là, Andreï Tarkovski ne sait toujours pas quel sujet il va traiter. Quelques jours plus tard :


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== Stalker, le film plan par plan ==
== Stalker, le film plan par plan ==
 
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===Le départ pour la « Zone » : Description, composition et situation (plans 2 – 42)===
===Le départ pour la « Zone » : Description, composition et situation (plans 2 – 42)===


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====Enquête théophanique ou théophanie d’une enquête : ====
====Enquête théophanique ou théophanie d’une enquête : ====
 
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===== Le météorite (plan 2)=====
===== Le météorite (plan 2)=====


Comme ''Citizen Kane'' d'Orson Welles, comme ''Les Chevaux de Feu'' de Sergeï Paradjanov. ''Stalker'' est aussi un film qui commence par la chute d'un objet, d'un objet colossal, phénoménal. Un objet qui dépasse jusqu'à présent tout ce que nous avons pu voir, dans l'ordre de grandeur d'un objet : il s'agit d'un météorite, <ref> Soulignons au passage le changement de registre du statut de l'objet d'une plume dans ''Nostalghia'', nous passons à un météorite. Nous allons constater comment cet "objet" va dessiner toute la physionomie du film. </ref> qui donne d'emblée au film un caractère catalogique<ref> Certes, comme le souligne M. Dominique Avron, à titre personnel, il peut y avoir un lapsus à propos du caractère catalogique, dans lequel il fait la distinction entre un "objet humain" (perdus, jetés, etc.) et des "objets non-humains" (météorite). En fait cette question a été abordée dans le ''Mémoire de D.E.A''. (''[[Thèse:Bibliographie#ancre_9|op. cit.]]'') Elle concerne "le propriétaire d'un objet" (soit il est personnel, soit il appartient à un tiers). Dans tous les cas, ce qui compte, c'est "l'émanation" de l'objet sur l'humain. </ref> extrême ; d'où, par conséquent, les aspects et les significations, si l'on ose dire, extrêmes, voire paradoxaux des données du film. <ref> Cf. J. Mitry, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 1, p. 84. </ref> Pourtant, comme le signale l'intertitre du début du film : "Ce n'est pas sûr." Voilà un premier paradoxe, car, nous ne verrons pas le météorite tomber. Nous n'en saurons rien, hormis quelques rares signalisations verbales dans le corps de l'œuvre. Dans ces conditions, nous perdons au fur et à mesure du déroulement de l'action, la réalité effective de la chute d'un objet céleste. Regardons de près le développement de cet aspect : la première signalisation est annoncée dès le plan 4. <ref> Le découpage des plans du film repose sur la revue Stalker, L'Avant-Scène Cinéma, décembre 1993, N° 427.
Comme ''Citizen Kane'' d'Orson Welles, comme ''Les Chevaux de Feu'' de Sergeï Paradjanov. ''Stalker'' est aussi un film qui commence par la chute d'un objet, d'un objet colossal, phénoménal. Un objet qui dépasse jusqu'à présent tout ce que nous avons pu voir, dans l'ordre de grandeur d'un objet : il s'agit d'un météorite, <ref> Soulignons au passage le changement de registre du statut de l'objet d'une plume dans ''[[Nostalghia]]'', nous passons à un [[météorite]]. Nous allons constater comment cet "[[objet]]" va dessiner toute la physionomie du film. </ref> qui donne d'emblée au film un caractère [[Catalogie (de l'objet)|catalogique]]<ref> Certes, comme le souligne M. Dominique Avron, à titre personnel, il peut y avoir un lapsus à propos du caractère [[Catalogie (de l'objet)|catalogique]], dans lequel il fait la distinction entre un "objet humain" (perdus, jetés, etc.) et des "objets non-humains" (météorite). En fait cette question a été abordée dans le ''Mémoire de D.E.A''. (''[[Thèse:Bibliographie#ancre_9|op. cit.]]'') Elle concerne "le propriétaire d'un objet" (soit il est personnel, soit il appartient à un tiers). Dans tous les cas, ce qui compte, c'est "l'émanation" de l'objet sur l'humain. </ref> extrême ; d'où, par conséquent, les aspects et les significations, si l'on ose dire, extrêmes, voire paradoxaux des données du film. <ref> Cf. J. Mitry, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 1, p. 84. </ref> Pourtant, comme le signale l'intertitre du début du film : "Ce n'est pas sûr." Voilà un premier paradoxe, car, nous ne verrons pas le météorite tomber. Nous n'en saurons rien, hormis quelques rares signalisations verbales dans le corps de l'œuvre. Dans ces conditions, nous perdons au fur et à mesure du déroulement de l'action, la réalité effective de la chute d'un objet céleste. Regardons de près le développement de cet aspect : la première signalisation est annoncée dès le plan 4. <ref> Le découpage des plans du film repose sur la revue ''Stalker, L'Avant-Scène Cinéma'', décembre 1993, N° 427.
</ref> Sur un fond bleu, au centre de l'écran, le texte suivant défile<ref> Ibid, p. 14. </ref> :
</ref> Sur un fond bleu, au centre de l'écran, le texte suivant défile<ref> Ibid, p. 14. </ref> :


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Même l'avis d'un prix Nobel est incertain. De plus, nous apprenons qu'il y a eu des troupes qui ne sont pas revenues. <ref> C'est une autre question du film : est-ce un bonheur ou un malheur ? Nous aurons une autre indication à ce sujet, au plan 48 : Le Professeur : "Finalement en a conclu que ce météorite, (…) n'en était pas tout à fait un, (…) Et pour commencer, on a posé le fil de fer barbelé… </ref>
Même l'avis d'un prix Nobel est incertain. De plus, nous apprenons qu'il y a eu des troupes qui ne sont pas revenues. <ref> C'est une autre question du film : est-ce un bonheur ou un malheur ? Nous aurons une autre indication à ce sujet, au [[#ancre_48|plan 48]] : Le Professeur : « ''Finalement en a conclu que ce météorite, (…) n'en était pas tout à fait un, (…) Et pour commencer, on a posé le fil de fer barbelé…'' »</ref>


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===== Est-ce que le météorite est un « message du ciel » ?=====
===== Est-ce que le météorite est un « message du ciel » ?=====


Quoi qu'il en soit, la "Zone" devient un espace interdit, un lieu à éviter, défendu, le mirage d'un miracle. Tout l'intérêt et le drame du film résident dans l'accession et la progression de l'homme à l'intérieur de l'interdit. Tarkovski peint avec une lumière sombre le périple d'hommes transgresseurs. Le réalisateur est-il un homme transgresseur ? <ref> Yves-Marie Dumontier, Stalker, une introduction à une approche géopolitique du cinéma, mémoire de D.E.A. Cinéma, Paris III, 1999.</ref> Par ailleurs, dans le livre des frères Strougatski, le météorite est absent ; il s'agit d'une visite d'extra-terrestre. La question qui se pose est donc celle de savoir pourquoi Tarkovski accorde une importance à ce météorite. Il faut constater que : « (…) L'aérolithe est considéré comme une théophanie, une manifestation et un message du ciel. (…) (Il) Remplit une mission analogue à celle de l'ange : mettre en communication le ciel et la terre. L'aérolithe est le symbole d'une vie supérieure, qui se rappelle à l'homme comme une vocation ou qui se communique à lui." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 10.</ref>
Quoi qu'il en soit, la "Zone" devient un espace interdit, un lieu à éviter, défendu, le mirage d'un miracle. Tout l'intérêt et le drame du film résident dans l'accession et la progression de l'homme à l'intérieur de l'interdit. Tarkovski peint avec une lumière sombre le périple d'hommes transgresseurs. Le réalisateur est-il un homme transgresseur ? <ref> Yves-Marie Dumontier, Stalker, une introduction à une approche géopolitique du cinéma, mémoire de D.E.A. Cinéma, Paris III, 1999.</ref> Par ailleurs, dans le livre des frères Strougatski, le météorite est absent ; il s'agit d'une visite d'extra-terrestre. La question qui se pose est donc celle de savoir pourquoi Tarkovski accorde une importance à ce météorite. Il faut constater que : " (…) L'aérolithe est considéré comme une théophanie, une manifestation et un message du ciel. (…) (Il) Remplit une mission analogue à celle de l'ange : mettre en communication le ciel et la terre. L'aérolithe est le symbole d'une vie supérieure, qui se rappelle à l'homme comme une vocation ou qui se communique à lui." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 10.</ref>


Ainsi, le film s'engage sur une voie biblique, grâce à un certain nombre d'indices qui vont se multiplier et vont acheminer le film vers cette voie. <ref>Il n'est pas faux non plus de dire que la plupart des films d'Andreï Tarkovski s'engagent dans une voie biblique. Toutefois "l'aspect religieux" est principalement axé dans sa vertu de conduire l'homme dans une ascension sacralisante. Il ne s'agit pas de délivrer un "message" religieux (comme une doctrine), mais d'engager l'homme dans une réconciliation avec la "nature".  </ref> Après la biographie d'Andreï Roublev, moine-peintre du XVème siècle russe, Andreï Tarkovski propose une transposition biblique de la création dans une époque contemporaine. Cette composante biblique est en permanence sous-jacente : elle donne au film son caractère constamment pesant, pensant et perçant : pesant, car les protagonistes et les [[Objet|objets]] acquièrent un poids constant. Même l'[[eau]] dans ce film est lourde, métallique. Les murs suintent avec des reflets gris acier, comme s'ils transpiraient. <ref>Nous rappelons que le décor a été exécuté par Andreï Tarkovski (et de A. Merkoulov), ce qui donne à ce film un caractère supplémentaire du fait de l'intervention directe de l'auteur.  </ref>  Pensant, parce que tous les personnages adultes <ref> Une enfant "Ouistiti", qui est la fille du Stalker, ouvre et clôt le film. Elle a, quand elle pense, un pouvoir [[Télékinésie|télékinésique]] : elle peut déplacer les [[Objet|objets]] à distance. </ref> sont anxieux : dos courbés par un poids moral, fronts ridés, traits tirés. Perçant, parce que nous allons découvrir le mystère de la "Zone", et pénétrer dans son secret. De plus, les trois caractéristiques citées, illustrent d'une manière cinématographique les apparences et les facettes d'une dramaturgie qui vont au-delà de la configuration filmique.  
<span id="ancre_bib"></span> Ainsi, le film s'engage sur une voie biblique, grâce à un certain nombre d'indices qui vont se multiplier et vont acheminer le film vers cette voie. <ref>Il n'est pas faux non plus de dire que la plupart des films d'Andreï Tarkovski s'engagent dans une voie biblique. Toutefois "l'aspect religieux" est principalement axé dans sa vertu de conduire l'homme dans une ascension sacralisante. Il ne s'agit pas de délivrer un "message" religieux (comme une doctrine), mais d'engager l'homme dans une réconciliation avec la "nature".  </ref> Après la biographie d'''[[Andreï Roublev]]'', moine-peintre du XVème siècle russe, [[Tarkovski Andreï|Andreï Tarkovski]] propose une transposition biblique de la création dans une époque contemporaine. Cette composante biblique est en permanence sous-jacente : elle donne au film son caractère constamment pesant, pensant et perçant : pesant, car les protagonistes et les [[Objet|objets]] acquièrent un poids constant. Même l'[[eau]] dans ce film est lourde, métallique. Les murs suintent avec des reflets gris acier, comme s'ils transpiraient. <ref>Nous rappelons que le décor a été exécuté par Andreï Tarkovski (et de A. Merkoulov), ce qui donne à ce film un caractère supplémentaire du fait de l'intervention directe de l'auteur.  </ref>  Pensant, parce que tous les personnages adultes <ref> Une enfant « Ouistiti », qui est la fille du Stalker, ouvre et clôt le film. Elle a, quand elle pense, un pouvoir [[Télékinésie|télékinésique]] : elle peut déplacer les [[Objet|objets]] à distance. </ref> sont anxieux : dos courbés par un poids moral, fronts ridés, traits tirés. Perçant, parce que nous allons découvrir le mystère de la « Zone », et pénétrer dans son secret. De plus, les trois caractéristiques citées, illustrent d'une manière cinématographique les apparences et les facettes d'une dramaturgie qui vont au-delà de la configuration filmique.  


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===== Le passage du particulier au général =====
===== Le passage du particulier au général =====




Le film ne se contente pas de re-présenter le drame de ces trois principaux protagonistes, mais encore, le drame de la destinée humaine : drame de l'excès (matérialisme du Professeur), drame du succès (mondanité de l'Ecrivain), drame de la place du sacré (spiritualisme [[Hésitation|hésitant]] du Stalker), et en fin de compte, le drame d'être. Jean Mitry, en citant Gisèle Brelet, écrit: (…) "Le drame c'est essentiellement un devenir" <ref> '''Jean Mitry''', ''Esthétique et psychologie du cinéma,'' Editions universitaires, 1963, tome 1, p. 307. La question est souvent analysée par J. Mitry. Voir tome 1 : (…) "La composition filmique suppose et implique nécessairement deux plans compositionnels : la composition dramatique (ou du "réel" représenté)… ; et la composition esthétique ou plastique… " pp. 171-172 ; "Dramatisation de la peinture", pp. 255-256 ; "Le temps dramatique", §. 43. Temps et espace en musique, pp. 307-311 ; 376. Tome 2 : Section VI, Temps et espace du drame : Chapitre 14, En quête d'une dramaturgie, pp. 281-368 ; Chapitre 15, Le fonds et la forme, §. 77. Dramaturgie d'un film, pp. 385-405. </ref>, "le drame sert de prétexte à l'évocation d'un climat" <ref>''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]'', tome 2, p. 303.  </ref>, "les événements sont orientés (ou choisis) en vue d'une certaine "finalité". <ref> ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]'', tome 2, p. 308.  </ref> Dans Stalker, le climat est double, d'une part le climat proprement filmique, d'autre part, le climat social. Ainsi, Tarkovski anticipe d'une dizaine d'années, la chute du communisme, la fin de la guerre froide et la menace nucléaire (hantise du réalisateur). Il pose la question cruciale suivante : Que se passera-t-il après ? Comment l'homme va-t-il réagir à ces profonds changements ? Qu'est-ce qui de l'homme ou de la société, change ? Une fois de plus, nous assistons d'une manière frappante, à une convergence du monde filmique dans le monde contemporain. D'ailleurs, comme l'écrit à juste titre R. Dadoun : (…) "Toute image, quelle qu'elle soit, est comme intrinsèquement, du seul fait d'être là, marquée voire saturée par le politique." <ref>''Cinéma, psychanalyse et politique,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_14|op. cit.]]'', p. 14. </ref>
Le film ne se contente pas de re-présenter le drame de ces [[Trois (chez Tarkovski)|trois]] principaux protagonistes, mais encore, le drame de la destinée humaine : drame de l'excès (matérialisme du Professeur), drame du succès (mondanité de l'Écrivain), drame de la place du sacré (spiritualisme [[Hésitation|hésitant]] du Stalker), et en fin de compte, le drame d'être. Jean Mitry, en citant Gisèle Brelet, écrit: (…) "Le drame c'est essentiellement un devenir" <ref> '''Jean Mitry''', ''Esthétique et psychologie du cinéma,'' Éditions universitaires, 1963, tome 1, p. 307. La question est souvent analysée par J. Mitry. Voir tome 1 : (…) "La composition filmique suppose et implique nécessairement deux plans compositionnels : la composition dramatique (ou du "réel" représenté)… ; et la composition esthétique ou plastique… " pp. 171-172 ; "Dramatisation de la peinture", pp. 255-256 ; "Le temps dramatique", §. 43. Temps et espace en musique, pp. 307-311 ; 376. Tome 2 : Section VI, Temps et espace du drame : Chapitre 14, En quête d'une dramaturgie, pp. 281-368 ; Chapitre 15, Le fonds et la forme, §. 77. Dramaturgie d'un film, pp. 385-405. </ref>, "le drame sert de prétexte à l'évocation d'un climat" <ref>''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]'', tome 2, p. 303.  </ref>, "les événements sont orientés (ou choisis) en vue d'une certaine "finalité". <ref> ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]'', tome 2, p. 308.  </ref> Dans Stalker, le climat est double, d'une part le climat proprement filmique, d'autre part, le climat social. Ainsi, Tarkovski anticipe d'une dizaine d'années, la chute du communisme, la fin de la guerre froide et la menace nucléaire (hantise du réalisateur). Il pose la question cruciale suivante : Que se passera-t-il après ? Comment l'homme va-t-il réagir à ces profonds changements ? Qu'est-ce qui de l'homme ou de la société, change ? Une fois de plus, nous assistons d'une manière frappante, à une convergence du monde filmique dans le monde contemporain. D'ailleurs, comme l'écrit à juste titre R. Dadoun : (…) "Toute image, quelle qu'elle soit, est comme intrinsèquement, du seul fait d'être là, marquée voire saturée par le politique." <ref>''Cinéma, psychanalyse et politique,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_14|op. cit.]]'', p. 14. </ref>


Regardons de près les images de ce film exceptionnel.
Regardons de près les images de ce film exceptionnel.
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==== Les pèlerins de la « Zone » (plans 2 – 42)====
==== Les pèlerins de la « Zone » (plans 2 – 42)====
 
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===== Le Professeur et le néon clignotant (plan 3)=====
===== Le Professeur et le néon clignotant (plan 3)=====


<span id="ancre_3p"></span>[[Fichier:neonp2.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 2 : Plan 3.''' Le Professeur entre dans le bar, au-dessus de sa tête, un néon blanc ne cessera pas de clignoter.| ''Stalker'', '''Photogramme - 2 : Plan 3.''' Le Professeur entre dans le bar, au-dessus de sa tête, un néon blanc ne cessera pas de clignoter.]]
<span id="ancre_3p"></span>[[Fichier:neonp2.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 2 : Plan 3.''' Le Professeur entre dans le bar, au-dessus de sa tête, un néon blanc ne cessera pas de clignoter.| ''Stalker'', '''Photogramme - 2 : Plan 3.''' Le Professeur entre dans le bar, au-dessus de sa tête, un néon blanc ne cessera pas de clignoter.]]


'''<span id="ancre_3">Plan</span> 3''' : ''01' 00"'' : "Le Professeur" est le [[Première|premier]] protagoniste qui apparaît dans le film. C'est un physicien. Il entre dans un bar singulier, le sol est d'apparence mouillée, aux reflets brillants, presque argentés. Le Professeur porte un bonnet et tient une espèce de petit [[sac]] à dos, à bandoulière. Le bar est le lieu de rencontre des gens qui se rendent dans la "Zone". Au-dessus de sa tête un néon blanc <ref> Article Gérard Pangon, "Un film du doute sous le signe de la trinité", ''Etudes cinématographiques, Andreï Tarkovski'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 105.</ref> ne cessera pas de clignoter, c'est le premier témoignage d'une incertitude dominante dans le film. (Cf. '''Photogramme - 2.''')
'''<span id="ancre_3">Plan</span> 3''' : ''01' 00"'' : "Le Professeur" est le [[Première|premier]] protagoniste qui apparaît dans le film. C'est un physicien. Il entre dans un bar singulier, le sol est d'apparence mouillée, aux reflets brillants, presque argentés. Le Professeur porte un bonnet et tient une espèce de petit [[sac]] à dos, à bandoulière. Le bar est le lieu de rencontre des gens qui se rendent dans la "Zone". Au-dessus de sa tête un néon blanc <ref> Article Gérard Pangon, "Un film du doute sous le signe de la trinité", ''Études cinématographiques, Andreï Tarkovski'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 105.</ref> ne cessera pas de clignoter, c'est le premier témoignage d'une incertitude dominante dans le film. (Cf. '''Photogramme - 2.''')


Le Professeur est le premier [[Arrivée|arrivé]]. Il est donc avant l'heure, c'est un indice de sa ponctualité. Nous l'apercevons le temps du défilement du générique du film. Aussitôt après, passe le texte que nous avons cité sur [[#ancre_mété|"le mystère de la Zone"]] (plan 4).  
Le Professeur est le premier [[Arrivée|arrivé]]. Il est donc avant l'heure, c'est un indice de sa ponctualité. Nous l'apercevons le temps du défilement du générique du film. Aussitôt après, passe le texte que nous avons cité sur [[#ancre_mété|"le mystère de la Zone"]] (plan 4).  
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===== Le Stalker : Gîte du guide (plans 5 - 14)=====
===== Le Stalker : Gîte du guide (plans 5 - 14)=====


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======Transposition de la Bible ?======
======Transposition de la Bible ?======


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
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=====Le chapeau de l’Ecrivain sur le capot (plan 14)=====
=====Le chapeau de l’Ecrivain sur le capot (plan 14)=====


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======Les indices du chapeau======
======Les indices du chapeau======


Le chapeau est un indice significatif (…) : "Le rôle du chapeau paraît correspondre à celui de la couronne, signe de pouvoir, de la souveraineté, et ce d'autant plus qu'il s'agissait autrefois d'un tricorne." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 207.  </ref> Car, "la corne symbolise la puissance, et le chiffre trois est magique. En outre, le chapeau couvre une partie de la tête, siège du cerveau et de la pensée." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 334.  </ref> Ici, le chapeau représente "la vie mondaine" de l'Écrivain. Mais c'est une mondanité qui va disparaître, emportée par la dame mondaine : le chapeau posé sur le toit de sa voiture, c'est le départ de cette vie mondaine (en vitesse). Ainsi, le chapeau, représente l'Écrivain, il devient l'Écrivain, et en laissant partir "son" chapeau, il laisse partir une partie de lui-même. Progressivement, nous allons assister à l'émergence du "vrai" visage de l'Écrivain, qui est par ailleurs le personnage le plus prolixe parmi les trois protagonistes silencieux et laconiques du film. <ref>Comme le [[Manteau#Le hall d'hôtel Palma - Variations sur le thème de passage : Postures et costumes|manteau]] du Poète dans ''[[Nostalghia]]'', le chapeau de l'Ecrivain est l'agent de liaison (indirecte) dans la dynamique (et thématique) de [[passage]]. </ref>
Le chapeau est un indice significatif (…) : "Le rôle du chapeau paraît correspondre à celui de la couronne, signe de pouvoir, de la souveraineté, et ce d'autant plus qu'il s'agissait autrefois d'un tricorne." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 207.  </ref> Car, "la corne symbolise la puissance, et le chiffre trois est magique. En outre, le chapeau couvre une partie de la tête, siège du cerveau et de la pensée." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 334.  </ref> Ici, le chapeau représente "la vie mondaine" de l'Écrivain. Mais c'est une mondanité qui va disparaître, emportée par la dame mondaine : le chapeau posé sur le toit de sa voiture, c'est le départ de cette vie mondaine (en vitesse). Ainsi, le chapeau, représente l'Écrivain, il devient l'Écrivain, et en laissant partir "son" chapeau, il laisse partir une partie de lui-même. Progressivement, nous allons assister à l'émergence du "vrai" visage de l'Écrivain, qui est par ailleurs le personnage le plus prolixe parmi les trois protagonistes silencieux et laconiques du film. <ref>Comme le [[Manteau#Le hall d'hôtel Palma - Variations sur le thème de passage : Postures et costumes|manteau]] du Poète dans ''[[Nostalghia]]'', le chapeau de l'Écrivain est l'agent de liaison (indirecte) dans la dynamique (et thématique) de [[passage]]. </ref>


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<span id="ancre_sta202d2"> </span>
======Trois protagonistes, trois couvre-chefs======
======Trois protagonistes, trois couvre-chefs======


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<span id="ancre_sta202d3"> </span>
======Le cas du Stalker======
======Le cas du Stalker======


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 




<span id="ancre_sta203"> </span>
===== Première manifestation de l’eau =====
===== Première manifestation de l’eau =====


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<span id="ancre_15p"> </span>   
<span id="ancre_15p"> </span>   
[[Fichier: Trebuchement_Tarkovski_Stalker_1400p.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 11 : Plan 15.'''  L’Ecrivain glisse et tombe genou à terre : (râlant) "''C'est plein de flotte ici.''"|''Stalker'', '''Photogramme - 11 : Plan 15.'''L’Ecrivain glisse et tombe genou à terre : (râlant) "''C'est plein de flotte ici.''" ]]
[[Fichier: Trebuchement_Tarkovski_Stalker_1400p.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 11 : Plan 15.'''  L’Écrivain glisse et tombe genou à terre : (râlant) "''C'est plein de flotte ici.''"|''Stalker'', '''Photogramme - 11 : Plan 15.'''L’Écrivain glisse et tombe genou à terre : (râlant) "''C'est plein de flotte ici.''" ]]




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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 


<span id="ancre_sta204"> </span>


===== La question des « noms » =====
===== La question des « noms » =====
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'''<span id="ancre_16b">Plan</span> 16b''' :  Au bout d'un moment, nous entendons un sifflet de train retentir. Le Stalker leur dit : « ''Vous entendez, c'est notre train.'' » Ils sortent du bar. Ils montent dans une jeep, et ici commence la seule course-poursuite de voiture qu'Andreï Tarkovski ait réalisée. (Plans 18 - 42 )
'''<span id="ancre_16b">Plan</span> 16b''' :  Au bout d'un moment, nous entendons un sifflet de train retentir. Le Stalker leur dit : « ''Vous entendez, c'est notre train.'' » Ils sortent du bar. Ils montent dans une jeep, et ici commence la seule course-poursuite de voiture qu'Andreï Tarkovski ait réalisée. (Plans 18 - 42 )


 
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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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===« L’Avant-Zone » : Disposition, citation et coloration (Plans 18 – 42 )===
===« L’Avant-Zone » : Disposition, citation et coloration (Plans 18 – 42 )===


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[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_19_Avant_zone_un passage.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 13 : Plan 19a.'''  Un passage que la jeep va bientôt emprunté. Nous pouvons constater la haute qualité poétique de l’image.|''Stalker'', '''Photogramme - 13 : Plan 19a.'''  Un passage que la jeep va bientôt emprunté. Nous pouvons constater la haute qualité poétique de l’image.]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_19_Avant_zone_un passage.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 13 : Plan 19a.'''  Un passage que la jeep va bientôt emprunté. Nous pouvons constater la haute qualité poétique de l’image.|''Stalker'', '''Photogramme - 13 : Plan 19a.'''  Un passage que la jeep va bientôt emprunté. Nous pouvons constater la haute qualité poétique de l’image.]]


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[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_19b_Avant_zone_Ne bougez pas.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 14 : Plan 19b.'''  La jeep à l’arrêt. |''Stalker'', '''Photogramme - 14 : Plan 19b.'''  La jeep à l’arrêt. ]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_19b_Avant_zone_Ne bougez pas.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 14 : Plan 19b.'''  La jeep à l’arrêt. |''Stalker'', '''Photogramme - 14 : Plan 19b.'''  La jeep à l’arrêt. ]]


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<span id="ancre_sta206"> </span>
==== La course-poursuite ====
==== La course-poursuite ====


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>


 
<span id="ancre_sta207"> </span>
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==== Les grilles et les barrières  (plans 22 – 35) ====
==== Les grilles et les barrières  (plans 22 – 35) ====


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'''<span id="ancre_26">Plan</span> 26''' :  Le Professeur regarde à droite dans la direction du Stalker. L’Écrivain  a la tête baissée sur ses mains, il lève la tête et commence à parler au Professeur : « ''Ce que je vous disais hier… c’était du bla-bla. Je me foutais de l’inspiration. D’ailleurs, comment savoir le nom… de ce que je veux ? Et comment savoir qu’en réalité, je ne veux pas ce que je veux ? Ou que je ne veux vraiment pas ce que je veux ? Ces choses sont insaisissables. Il suffit de les nommer et leur sens disparaît. (…) Mon « moi » voudrait que je devienne végétarien… et mon inconscient se languit d’un beau morceau de viande. Qu’est-ce que je veux vraiment ?'' » Ces propos anticipent les révélations (inspirées) de l’Écrivain au seuil de la « Chambre des Désirs », à la fin du film.
'''<span id="ancre_26">Plan</span> 26''' :  Le Professeur regarde à droite dans la direction du Stalker. L’Écrivain  a la tête baissée sur ses mains, il lève la tête et commence à parler au Professeur : « ''Ce que je vous disais hier… c’était du bla-bla. Je me foutais de l’inspiration. D’ailleurs, comment savoir le nom… de ce que je veux ? Et comment savoir qu’en réalité, je ne veux pas ce que je veux ? Ou que je ne veux vraiment pas ce que je veux ? Ces choses sont insaisissables. Il suffit de les nommer et leur sens disparaît. (…) Mon « moi » voudrait que je devienne végétarien… et mon inconscient se languit d’un beau morceau de viande. Qu’est-ce que je veux vraiment ?'' » Ces propos anticipent les révélations (inspirées) de l’Écrivain au seuil de la « Chambre des Désirs », à la fin du film.
 
<span id="ancre_sta208"> </span>
Deux images pertinentes vont suivre :
Deux images pertinentes vont suivre :


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- (Off) ''Jamais ! Ils en ont peur comme de la peste.'' <br/>
- (Off) ''Jamais ! Ils en ont peur comme de la peste.'' <br/>
- ''Peur de qui ?'' » <br/>
- ''Peur de qui ?'' » <br/>
Le Stalker ne répond pas. L’Ecrivain baisse les yeux et s’assoupit.
Le Stalker ne répond pas. L’Écrivain baisse les yeux et s’assoupit.


Les plans 39 à 42 montrent des gros plans des têtes des trois protagonistes. Ils arrivent enfin dans la Zone. C’est la fin de la voie ferrée, nous assistons au début de la couleur.  
Les plans 39 à 42 montrent des gros plans des têtes des trois protagonistes. Ils arrivent enfin dans la Zone. C’est la fin de la voie ferrée, nous assistons au début de la couleur.  




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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_sta209"> </span>
===« La Zone » : Solutions, inspirations et convictions (Plans 43 -131)===
===« La Zone » : Solutions, inspirations et convictions (Plans 43 -131)===


 
<span id="ancre_sta210"> </span>
==== L’extérieur de la « Zone » ====
==== L’extérieur de la « Zone » ====


 
<span id="ancre_sta211"> </span>
===== Les poteaux de la « Zone » - 1 - =====
===== Les poteaux de la « Zone » - 1 - =====


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<span id="ancre_sta212"> </span>
=====La question de la dénomination - 2 - =====
=====La question de la dénomination - 2 - =====


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<span id="ancre_sta213"> </span>
===== Le petit tour du Stalker =====
===== Le petit tour du Stalker =====


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<span id="ancre_sta214"> </span>
=====Les bandes de tissu lestées par des écrous=====
=====Les bandes de tissu lestées par des écrous=====


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''' <span id="ancre_48">Plan</span>  48 : ''' '' 43' 02&quot;'' : Retour au Professeur qui parle à l’Écrivain : «'' Il ya une vingtaine d’années, une métorite serait tombée à cet endroit. Le village a été réduit en  cendres. (…) '' (Le professeur cherche dans son sac les écrous afin de les lester aux bandelettes.) ''Puis, les gens se sont mis à disparaître…  ''  (…) ''Finalement on a conclu que ce météorite… n’en était pas tout à fait un… pour commencer… on a posé le fil de fer barbelé, pour préserver les curieux. ''»   
''' <span id="ancre_48">Plan</span>  48 : ''' '' 43' 02&quot;'' : Retour au Professeur qui parle à l’Écrivain : «'' Il y a une vingtaine d’années, une métorite serait tombée à cet endroit. Le village a été réduit en  cendres. (…) '' (Le professeur cherche dans son sac les écrous afin de les lester aux bandelettes.) ''Puis, les gens se sont mis à disparaître…  ''  (…) ''Finalement on a conclu que ce météorite… n’en était pas tout à fait un… pour commencer… on a posé le fil de fer barbelé, pour préserver les curieux. ''»   
   
   
Le Professeur commence à lester les bandelettes avec des écrous, qui ressemblent à des anneaux. Il attache consciencieusement le ruban de gaze à l'un des écrous. C'est grâce à ces écrous que le Stalker va guider les deux personnes dans la Zone. Il plie la bandelette en deux afin d'obtenir une boucle, qu'il introduit dans le trou de l'écrou. Il fait passer les bouts du tissu dans la boucle et tire en serrant. (Cf. '''Photogramme – 26.''') Il en fait trois de la sorte, comme les trois protagonistes. (Cf. '''Photogramme – 27.''')
Le Professeur commence à lester les bandelettes avec des écrous, qui ressemblent à des anneaux. Il attache consciencieusement le ruban de gaze à l'un des écrous. C'est grâce à ces écrous que le Stalker va guider les deux personnes dans la Zone. Il plie la bandelette en deux afin d'obtenir une boucle, qu'il introduit dans le trou de l'écrou. Il fait passer les bouts du tissu dans la boucle et tire en serrant. (Cf. '''Photogramme – 26.''') Il en fait trois de la sorte, comme les trois protagonistes. (Cf. '''Photogramme – 27.''')
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<span id="ancre_sta215"> </span>
======L'ambivalence marquée de l’écrou======
======L'ambivalence marquée de l’écrou======


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<span id="ancre_sta216"> </span>
======Le n&#156;ud de la boucle======
======Le n&#156;ud de la boucle======


Dans le système varié des nœuds, ce n&#156;ud s'appelle "l'empile à boucle". En effet, si la bandelette suggère les petits trajets effectués par les protagonistes, la boucle détermine le film en boucle, et les entrelacs enfin, proposent les ramifications de la Zone. Cette accumulation de symboles est au cœur même du "stalkrisme", si l'on ose dire, sa raison d'être. Ces bandelettes lestées sont les véritables clés de la Zone. Elles ouvrent des portes invisibles. C'est une problématique tarkovskienne. Dans "la maison de la fin du monde", du film ''[[Nostalghia]]'', Domenico traverse une [[Porte#La porte inutile de « La Maison de la fin du monde »|porte]] plantée au milieu d'une pièce, qui n'a aucune raison d'être. Ici, c'est grâce à ces bandelettes lestées que les deux visiteurs vont pouvoir progresser dans la Zone, à travers des passages invisibles. (A partir du plan 52.) Le Stalker procède de la façon suivante : il lance l'écrou auquel est attachée la bandelette, qui atterrit à un endroit donné. L'écrou semble ainsi muni de petites "[[Aile|ailes]]" blanches. Le Professeur et l'Écrivain se dirigent vers le point de chute, <ref> '''Gerstenkorn et Strudel''' remarquent, à juste titre, que le point de chute de l'écrou (herbe, métal, sable, etc.) (…) "constituent un excellent indicateur matériel de la disposition spirituelle du personnage qui le lance." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, pp. 92 et 102.</ref> le Stalker les suit. Ils ramassent l'écrou et le Stalker recommence son geste.  
Dans le système varié des nœuds, ce n&#156;ud s'appelle "l'empile à boucle". En effet, si la bandelette suggère les petits trajets effectués par les protagonistes, la boucle détermine le film en boucle, et les entrelacs enfin, proposent les ramifications de la Zone. Cette accumulation de symboles est au cœur même du "stalkrisme", si l'on ose dire, sa raison d'être. Ces bandelettes lestées sont les véritables clés de la Zone. Elles ouvrent des portes invisibles. C'est une problématique tarkovskienne. Dans "la maison de la fin du monde", du film ''[[Nostalghia]]'', Domenico traverse une [[Porte#La porte inutile de « La Maison de la fin du monde »|porte]] plantée au milieu d'une pièce, qui n'a aucune raison d'être. Ici, c'est grâce à ces bandelettes lestées que les deux visiteurs vont pouvoir progresser dans la Zone, à travers des passages invisibles. <span id="ancre_geste1"></span>(A partir du plan 52.) Le Stalker procède de la façon suivante : il lance l'écrou auquel est attachée la bandelette, qui atterrit à un endroit donné. L'écrou semble ainsi muni de petites "[[Aile|ailes]]" blanches. Le Professeur et l'Écrivain se dirigent vers le point de chute, <ref> '''Gerstenkorn et Strudel''' remarquent, à juste titre, que le point de chute de l'écrou (herbe, métal, sable, etc.) (…) "constituent un excellent indicateur matériel de la disposition spirituelle du personnage qui le lance." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, pp. 92 et 102.</ref> le Stalker les suit. Ils ramassent l'écrou et le Stalker recommence son geste.  




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<span id="ancre_sta217"> </span>
 
======Les symbolismes du nœud ======
======Les symbolismes du nœud ======
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<span id="ancre_sta218"> </span>
======Le rapport avec le livre des Strougatski======
======Le rapport avec le livre des Strougatski======


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<span id="ancre_sta219"> </span>


======Les dangers dans le film======
======Les dangers dans le film======




Les "dangers" de la Zone sont exprimés par le Stalker lui-même, <ref>Cf. '''J. Mitry''', tome 2, ''Esthétique et Psychologie du cinéma'', 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, aspects du dialogue, p. 99 ; structure du dialogue, p. 101. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]''</ref> car il les connaît et il les a vus, Ainsi, au plan 65, il dit : "''La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels.(…) Des pièges disparaissent, d'autres les remplacent.''(…)" Ou alors, le danger est exprimé par la Zone elle-même. Comme au plan 61, quand l'Écrivain voulait "prendre le chemin le plus court", une "voix" l'arrête : "''Halte, ne bougez pas''." Avec ce parti pris, il nous semble qu'Andreï Tarkovski réalise une "inversion des cadres" de projection de la réalité, c'est-à-dire que ce que nous voyons constitue les cadres de la conscience des protagonistes, <ref>Cf. '''Gerstenkorn et Strudel''', (…) "le décor de la zone n'est rien d'autre, en définitive, que la projection extérieur de leur monde intérieur." "''La Quête et la Foi''" ou "''Le Dernier Souffle de l'Esprit.''" Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, p. 91. </ref>comme le dit d'ailleurs le Stalker, au plan 65 : "''C'est ça la Zone. (…) à chaque instant, elle est telle que l'avons faite, (…) par notre propre état d'esprit. (…) Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous.''" Donc, en résumé, la Zone est compliquée, mortelle et capricieuse. Pour y progresser, il faut "stalker", marcher à pas de loup. La bandelette lestée constitue "l'appât" mécanique du complexe organique de la Zone.
Les "dangers" de la Zone sont exprimés par le Stalker lui-même, <ref>Cf. '''J. Mitry''', tome 2, ''Esthétique et Psychologie du cinéma'', 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, aspects du dialogue, p. 99 ; structure du dialogue, p. 101. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]''</ref> car il les connaît et il les a vus, Ainsi, au plan 65, il dit : "''La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels.(…) Des pièges disparaissent, d'autres les remplacent.''(…)" Ou alors, le danger est exprimé par la Zone elle-même. Comme au plan 61, quand l'Écrivain voulait "prendre le chemin le plus court", une "voix" l'arrête : "''Halte, ne bougez pas''." Avec ce parti pris, il nous semble qu'Andreï Tarkovski réalise une "'''inversion des cadres'''" de projection de la réalité, c'est-à-dire que ce que nous voyons constitue les cadres de la conscience des protagonistes, <ref>Cf. '''Gerstenkorn et Strudel''', (…) "le décor de la zone n'est rien d'autre, en définitive, que la projection extérieur de leur monde intérieur." "''La Quête et la Foi''" ou "''Le Dernier Souffle de l'Esprit.''" Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, p. 91. </ref>comme le dit d'ailleurs le Stalker, au plan 65 : "''C'est ça la Zone. (…) à chaque instant, elle est telle que l'avons faite, (…) par notre propre état d'esprit. (…) Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous.''" Donc, en résumé, la Zone est compliquée, mortelle et capricieuse. Pour y progresser, il faut "stalker", marcher à pas de loup. La bandelette lestée constitue "l'appât" mécanique du complexe organique de la Zone.




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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_sta220"> </span>
 
=====La bande son ou le son de la bande - 1 - =====
=====La bande son ou le son de la bande - 1 - =====


<span id="ancre_48p"></span> [[Fichier:poteaup2.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 28 : Plan 48.'''Au retour du Stalker, une partie d'un poteau se détache et tombe.| ''Stalker'', '''Photogramme - 28 : Plan 48.'''Au retour du Stalker, une partie d'un poteau se détache et tombe.]]
<span id="ancre_48p"></span> [[Fichier:poteaup2.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 28 : Plan 48.'''Au retour du Stalker, une partie d'un poteau se détache et tombe.| ''Stalker'', '''Photogramme - 28 : Plan 48.'''Au retour du Stalker, une partie d'un poteau se détache et tombe.]]
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La bande-son du film est particulièrement importante. <ref>Cf. '''Gestenkorn et Strudel''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 97. '''J. Mitry''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 2, "La Parole et le son", pp. 87-176.  </ref> Elle participe pleinement à l'émergence d'une partie poétique du film. Plus encore, elle ancre le film dans une dimension profonde. Elle est, si l'on ose dire, sa quatrième dimension. Andreï Tarkovski dit qu'en fin de compte seule la course-poursuite constitue le côté science-fiction de la nouvelle des Strougatski. <ref>Andreï Tarkovski, Dossier Positif-Rivage, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'' </ref> Or, nous nous permettons d'ajouter aussi la bande-son. En effet, nous avons parlé précédemment du développement considérable du rapport "[[#ancre_14|plan à plan]]". Mais le rapport "son à plan" participe aussi du même développement, peut-être plus encore, comme nous allons le voir plus loin.  
La bande-son du film est particulièrement importante. <ref>Cf. '''Gestenkorn et Strudel''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 97. '''J. Mitry''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 2, "La Parole et le son", pp. 87-176.  </ref> Elle participe pleinement à l'émergence d'une partie poétique du film. Plus encore, elle ancre le film dans une dimension profonde. Elle est, si l'on ose dire, sa quatrième dimension. Andreï Tarkovski dit qu'en fin de compte seule la course-poursuite constitue le côté science-fiction de la nouvelle des Strougatski. <ref>Andreï Tarkovski, Dossier Positif-Rivage, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'' </ref> Or, nous nous permettons d'ajouter aussi la bande-son. En effet, nous avons parlé précédemment du développement considérable du rapport "[[#ancre_14|plan à plan]]". Mais le rapport "son à plan" participe aussi du même développement, peut-être plus encore, comme nous allons le voir plus loin.  


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>


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====== Des poteaux animés======  
====== Des poteaux animés======  


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 




<span id="ancre_sta222"> </span>
==== Les déplacements dans la « Zone » ====
==== Les déplacements dans la « Zone » ====




 
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=====Comment on se déplace dans la Zone ? =====
=====Comment on se déplace dans la Zone ? =====


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<span id="ancre_sta224"> </span>
=====Les premiers pas dans la Zone =====
=====Les premiers pas dans la Zone =====


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'''<span id="ancre_52">Plan</span> 52''' :  ''47' 30"'' : Travelling avant sur un petit bus envahit d’herbes. (Cf. '''Photogramme – 32.''')La caméra s’avance dans l’encadrment d’une fenêtre brisée. On discerne à l’arrière du véhicule, une silhouette sombre. A travers l’encadrement de la fenêtre arrière, vont apparaître, d’abord, le Stalker, ensuite, le Professeur, et enfin, l’Écrivain. Comme les autres, l’Écrivain observe le véhicule : « ''Mon Dieu, mais où sont ? … Alors ils serait restés ici ? Des gens ? '' (On distingue au fond un groupe de chars de combat.)<br/>
'''<span id="ancre_52">Plan</span> 52''' :  ''47' 30"'' : Travelling avant sur un petit bus envahit d’herbes. (Cf. '''Photogramme – 32.''')La caméra s’avance dans encadrement d’une fenêtre brisée. On discerne à l’arrière du véhicule, une silhouette sombre. A travers l’encadrement de la fenêtre arrière, vont apparaître, d’abord, le Stalker, ensuite, le Professeur, et enfin, l’Écrivain. Comme les autres, l’Écrivain observe le véhicule : « ''Mon Dieu, mais où sont ? … Alors ils serait restés ici ? Des gens ? '' (On distingue au fond un groupe de chars de combat.)<br/>
- Stalker : '' Qui sait ? Ils sont montés à la gare, chez nous… Pour arriver ici dans la Zone. J’étais encore gosse. Les gens croyaient qu’on voulait nous envahir ! '' (Il lance un écrou lesté)  ''C’est à vous, Professeur. '' (Le Professeur disparaît dans la pente) ''Votre tour, l’Écrivain. '' » Ce dernier passe près du Stalker, se retenant à lui pour ne pas glisser.  (Cf. '''Photogramme – 33.''') Troisième déséquilibre de la part de l’Écrivain !
- Stalker : '' Qui sait ? Ils sont montés à la gare, chez nous… Pour arriver ici dans la Zone. J’étais encore gosse. Les gens croyaient qu’on voulait nous envahir ! '' (Il lance un écrou lesté)  ''C’est à vous, Professeur. '' (Le Professeur disparaît dans la pente) ''Votre tour, l’Écrivain. '' » Ce dernier passe près du Stalker, se retenant à lui pour ne pas glisser.  (Cf. '''Photogramme – 33.''') Troisième déséquilibre de la part de l’Écrivain !
   
   
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- Stalker : '' Mais il faut avoir le bras très long. Nous n’en avons pas. ''» (Il lance un écrou.)  
- Stalker : '' Mais il faut avoir le bras très long. Nous n’en avons pas. ''» (Il lance un écrou.)  


<gallery caption=" "><span id="ancre_53p">Plan</span>
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Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_52_Zone_b_E_trebuchement.jpg|''Stalker'', '''Photogramme - 33 : Plan 53.''' L’Écrivain passe près du Stalker, se retenant à lui pour ne pas glisser.
Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_52_Zone_b_E_trebuchement.jpg|''Stalker'', '''Photogramme - 33 : Plan 53.''' L’Écrivain passe près du Stalker, se retenant à lui pour ne pas glisser.
Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_54_Zone_a_E_portée_main.jpg|''Stalker'', '''Photogramme - 34 : Plan 54.'''  L’Écrivain qui dit au Stalker : ''Vous avez un peu exagéré, c’est à portée de la main. ''
Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_54_Zone_a_E_portée_main.jpg|''Stalker'', '''Photogramme - 34 : Plan 54.'''  L’Écrivain qui dit au Stalker : ''Vous avez un peu exagéré, c’est à portée de la main. ''
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<span id="ancre_sta225"> </span>
======Rappel des trébuchements dans le film - 1 - ======
======Rappel des trébuchements dans le film - 1 - ======


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=====Les écarts de l’Écrivain dans la Zone =====
=====Les écarts de l’Écrivain dans la Zone =====


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- L’Écrivain : '' Parfaitement. Quoi, encore ? '' <br/>  
- L’Écrivain : '' Parfaitement. Quoi, encore ? '' <br/>  
- Stalker : '' Rien, allez-y… Que Dieu vous protège… Écoutez si soudain vous remarquez quelque chose… ou si vous ressentez quelque chose d’insolite… revenez immédiatement, sinon… '' <br/>
- Stalker : '' Rien, allez-y… Que Dieu vous protège… Écoutez si soudain vous remarquez quelque chose… ou si vous ressentez quelque chose d’insolite… revenez immédiatement, sinon… '' <br/>
- L’Écrivain : '' Ne me jettez pas votre ferraille dans la nuque. '' »
- L’Écrivain : '' Ne me jetez pas votre ferraille dans la nuque. '' »


'''<span id="ancre_60">Plans</span> 60 - 61''' :  ''56' 23"'' : L’Écrivain se dirige très lentement, vers une grande batisse en pierre avec une grande entrée sans porte. A peine quelques pas, il s’arrête, il se passe la main sur la tête. Le vent se lève. Il commence à s’avancer timidement. Le vent s’amplifie, faisant ployer les herbes et les branches de l’arbre. L’Écrivain fait quelques pas. Un bruit de grincement se fait attendre, comme le grincement du poteau qui tombe. Et une voix caverneuse venant d’ailleurs se manifeste gravement : « ''Halte, ne bougez pas.'' » (Cf. '''Photogramme – 40.''')  Suivie immédiatement d’un zoom arrière et d’un chœur de voix mêlées au bruit du vent. Le zoom découvre les parois sombres de la bâtisse, et en fin de plan, un objet flou, comme un voile transparent sombre, traverse l’écran de haut en bas.  (Cf. '''Photogramme – 41.''')
'''<span id="ancre_60">Plans</span> 60 - 61''' :  ''56' 23"'' : L’Écrivain se dirige très lentement, vers une grande batisse en pierre avec une grande entrée sans porte. A peine quelques pas, il s’arrête, il se passe la main sur la tête. Le vent se lève. Il commence à s’avancer timidement. Le vent s’amplifie, faisant ployer les herbes et les branches de l’arbre. L’Écrivain fait quelques pas. Un bruit de grincement se fait attendre, comme le grincement du poteau qui tombe. Et une voix caverneuse venant d’ailleurs se manifeste gravement : « ''Halte, ne bougez pas.'' » (Cf. '''Photogramme – 40.''')  Suivie immédiatement d’un zoom arrière et d’un chœur de voix mêlées au bruit du vent. Le zoom découvre les parois sombres de la bâtisse, et en fin de plan, un objet flou, comme un voile transparent sombre, traverse l’écran de haut en bas.  (Cf. '''Photogramme – 41.''')
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Nous retrouvons la même situation dans [[Miroir (Le)|Le Miroir]], au [[Serviette#ancre_1|plan 23]], au réveil d'Aliocha, une [[serviette]] blanche mystérieuse, traverse le cadre de la [[porte]].
Nous retrouvons la même situation dans [[Miroir (Le)|Le Miroir]], au [[Serviette#ancre_1|plan 23]], au réveil d'Aliocha, une [[serviette]] blanche mystérieuse, traverse le cadre de la [[porte]].


'''<span id="ancre_62">Plan</span> 62''' :  ''57' 41"'' : Le Professeur et le Stalker observent l’Ecrivain :  
'''<span id="ancre_62">Plan</span> 62''' :  ''57' 41"'' : Le Professeur et le Stalker observent l’Écrivain :  


- Stalker :« '' Pourquoi vous… '' <br/>
- Stalker :« '' Pourquoi vous… '' <br/>
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- Le Professeur : ''Moi ? Je pensais que c’était vous…  ''  »  
- Le Professeur : ''Moi ? Je pensais que c’était vous…  ''  »  


'''<span id="ancre_63">Plans</span> 63 - 65''' :  L’Ecrivain se retourne vers les deux autres, et puis revient vers eux. Il s’approche d’eux. Nous entendons le son de sa respiration, il a eu vraisemblablement peur : « ''Mais pourquoi m’avez-vous dit d’arrêter ? '' (Plan 65) <br/>
'''<span id="ancre_63">Plans</span> 63 - 65''' :  L’Écrivain se retourne vers les deux autres, et puis revient vers eux. Il s’approche d’eux. Nous entendons le son de sa respiration, il a eu vraisemblablement peur : « ''Mais pourquoi m’avez-vous dit d’arrêter ? '' (Plan 65) <br/>
- Stalker : '' Je n’ai pas dit d’arrêter. '' <br/>
- Stalker : '' Je n’ai pas dit d’arrêter. '' <br/>
- L’Écrivain : '' Qui alors, vous ?  '' (Le Professeur fait non de la tête.) ''  Bon sang de bonsoir ! '' <br/>  
- L’Écrivain : '' Qui alors, vous ?  '' (Le Professeur fait non de la tête.) ''  Bon sang de bonsoir ! '' <br/>  
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=====Les écarts du Professeur dans la Zone =====
=====Les écarts du Professeur dans la Zone =====


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- Le Professeur (se lève, remet son sac à dos) : ''C’est bon, jetez votre écrou.  '' »
- Le Professeur (se lève, remet son sac à dos) : ''C’est bon, jetez votre écrou.  '' »


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
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==== Dans la bâtisse de la « Zone » ====
==== Dans la bâtisse de la « Zone » ====
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<span id="ancre_sta229"> </span>
=====Le trébuchement du Professeur=====
=====Le trébuchement du Professeur=====


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Voilà que le Stalker devient [[Superstition|superstitieux]] (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1728. Par ailleurs, cf., '''J. Donner''', dans ''La Nuit des forains'' (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|Op. cit.]]'', p. 49. </ref>
Voilà que le Stalker devient [[Superstition|superstitieux]] (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1728. Par ailleurs, cf., '''J. Donner''', dans ''La Nuit des forains'' (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|Op. cit.]]'', p. 49. </ref>


Soulignons le fait qu'au [[#ancre_15|plan 15]], lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "''C'est plein de flotte ici.''" A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons.
<span id="ancre_geste2"></span>Soulignons le fait qu'au [[#ancre_15|plan 15]], lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "''C'est plein de flotte ici.''" A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons.


Le trébuchement du Professeur nous relie au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire "la chambre des désirs". Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74.  
Le trébuchement du Professeur nous relie au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire "la chambre des désirs". Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74.  
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=====Le Professeur perd son sac =====
=====Le Professeur perd son sac =====


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=====Le Professeur disparaît =====
=====Le Professeur disparaît =====




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[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_69b_Ecrou puits.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 45 : Plan 69d.'''  Le Stalker fait pendre un écrou au-dessus du puits. L’Ecrivain apparaît derrière lui : « ''Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer. ''» |''Stalker'', '''Photogramme - 45 : Plan 69d.'''  Le Stalker fait pendre un écrou au-dessus du puits. L’Ecrivain apparaît derrière lui : « ''Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer. ''»  ]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_69b_Ecrou puits.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 45 : Plan 69d.'''  Le Stalker fait pendre un écrou au-dessus du puits. L’Écrivain apparaît derrière lui : « ''Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer. ''» |''Stalker'', '''Photogramme - 45 : Plan 69d.'''  Le Stalker fait pendre un écrou au-dessus du puits. L’Écrivain apparaît derrière lui : « ''Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer. ''»  ]]


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<span id="ancre_sta232"> </span>
=====Premier travelling d’objets sous l’eau =====
=====Premier travelling d’objets sous l’eau =====


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<span id="ancre_sta233"> </span>
=====Le Professeur apparaît =====
=====Le Professeur apparaît =====


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[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_78_Professeur position foetale.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 49 : Plan 78.'''  Le Professeur a les genoux recroquevillés, et la tête posée sur son sac.|''Stalker'', '''Photogramme - 49 : Plan 78.'''  Le Professeur a les genoux recroquevillés, et la tête posée sur son sac.]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_78_Professeur position foetale.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 49 : Plan 78.'''  Le Professeur a les genoux recroquevillés, et la tête posée sur son sac.|''Stalker'', '''Photogramme - 49 : Plan 78.'''  Le Professeur a les genoux recroquevillés, et la tête posée sur son sac.]]


'''<span id="ancre_74">Plan</span> 74''' :  ''1h 10' 09"'' : On découvre le Professeur, assis sur un muret. L’Écrivain sort de l’ombre d’un passage : « '' Le voilà ! '' » (Cf. '''Photogramme – 48.''') Derrière l’Ecrivain, apparaît le Stalker.  
'''<span id="ancre_74">Plan</span> 74''' :  ''1h 10' 09"'' : On découvre le Professeur, assis sur un muret. L’Écrivain sort de l’ombre d’un passage : « '' Le voilà ! '' » (Cf. '''Photogramme – 48.''') Derrière l’Écrivain, apparaît le Stalker.  


On s’aperçoit qu’ils sont de retour au même lieu où ils s’étaient arrêtés une première fois. ( [[#ancre_67|Plan 67]]) Le Professeur est en train de se restaurer.  
On s’aperçoit qu’ils sont de retour au même lieu où ils s’étaient arrêtés une première fois. ( [[#ancre_67|Plan 67]]) Le Professeur est en train de se restaurer.  
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- Le Professeur : ''Devancés moi ? Je suis revenu chercher mon sac à dos.  '' »
- Le Professeur : ''Devancés moi ? Je suis revenu chercher mon sac à dos.  '' »


Tout à coup, l’Ecrivain lève la tête, il s’aperçoit qu’il y a un écrou suspendu : « Notre écrou, que fait-il ? <br/>
Tout à coup, l’Écrivain lève la tête, il s’aperçoit qu’il y a un écrou suspendu : « Notre écrou, que fait-il ? <br/>
- Stalker : ''  Seigneur, mais c’est un piège ! Porc-épic avait accroché spécialement l’écrou ici. Comment la Zone nous a-t-elle laissés passer ? Je ne ferai plus un pas tant que… ça alors !  Suffit ! Repos ! Tenez-vous loin de cet écrou, au cas où…  J’ai bien cru que le professeur ne s’en sortirait pas. ''(Le Professeur commence à ranger ses affaires et à s’éloigner de l’écrou pendu au-dessus de lui.) ''Je ne sais jamais à l’avance quelles personnes je conduis… Tout se précise ici, quand il est trop tard.'' <br/>
- Stalker : ''  Seigneur, mais c’est un piège ! Porc-épic avait accroché spécialement l’écrou ici. Comment la Zone nous a-t-elle laissés passer ? Je ne ferai plus un pas tant que… ça alors !  Suffit ! Repos ! Tenez-vous loin de cet écrou, au cas où…  J’ai bien cru que le professeur ne s’en sortirait pas. ''(Le Professeur commence à ranger ses affaires et à s’éloigner de l’écrou pendu au-dessus de lui.) ''Je ne sais jamais à l’avance quelles personnes je conduis… Tout se précise ici, quand il est trop tard.'' <br/>
- L’Écrivain : (off) ''Pour nous, l’essentiel, c’est que le sac du professeur, avec ses caleçons, soit resté intact.  '' <br/>  
- L’Écrivain : (off) ''Pour nous, l’essentiel, c’est que le sac du professeur, avec ses caleçons, soit resté intact.  '' <br/>  
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<span id="ancre_sta234"> </span>
=====Apparition du chien noir =====
=====Apparition du chien noir =====


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'''<span id="ancre_86">Plan</span> 86''' :  ''1h 18' 46"'' : Le Professeur est allongé sur le côté. Ses yeux sont fermés.<br/>
'''<span id="ancre_86">Plan</span> 86''' :  ''1h 18' 46"'' : Le Professeur est allongé sur le côté. Ses yeux sont fermés.<br/>
- L’Écrivain : (off)« '' C’est là, notre aristocratie intellectuelle ? Vous ne savez pas raisonner de façon abstraite. '' <br/>  
- L’Écrivain : (off) « '' C’est là, notre aristocratie intellectuelle ? Vous ne savez pas raisonner de façon abstraite. '' <br/>  
- Le Professeur : ''  Auriez-vous l’intention de… m’apprendre quel est le sens de la vie. Et m’apprendre aussi à réfléchir ?'' <br/>
- Le Professeur : ''  Auriez-vous l’intention de… m’apprendre quel est le sens de la vie. Et m’apprendre aussi à réfléchir ?'' <br/>
- L’Écrivain : (off)'' C’est inutile... Bien que Professeur, vous n’êtes pas un esprit éclairé. '' <br/>  
- L’Écrivain : (off)'' C’est inutile... Bien que Professeur, vous n’êtes pas un esprit éclairé. '' <br/>  
Ligne 942 : Ligne 938 :


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<span id="ancre_sta235"> </span>
=====Second travelling d’objets sous l’eau =====
=====Second travelling d’objets sous l’eau =====


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<span id="ancre_sta236"> </span>
=====Le monologue du Stalker =====
=====Le monologue du Stalker =====


Ligne 987 : Ligne 983 :
Fondu au noir.
Fondu au noir.


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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 


<span id="ancre_sta237"> </span>
=====Le « Tunnel-Hachoir » =====
=====Le « Tunnel-Hachoir » =====


Ligne 1 043 : Ligne 1 039 :




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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 




<span id="ancre_sta238"> </span>
======Le tirage au sort - Ordalie======
======Le tirage au sort - Ordalie======


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<span id="ancre_sta239"> </span>
======Le "présage-ordalie"======
======Le "présage-ordalie"======


Ligne 1 074 : Ligne 1 070 :




Par ailleurs, cette ordalie est doublée d'un [[présage]], comme le "présage-ordalie" ou "présage-épreuve" conté par Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques (III, 317sq.) (…) : "Les Argonautes arrivent devant les Symplégades, roches au choc meurtrier, écueil mobile qui barre l'entrée du Bosphore. (…) Sur les conseils du devin aveugle Phinée, ils lâchent une [[colombe]]. Si elle arrive à passer, ils passeront eux aussi. Cette épreuve provoquée, ce présage-ordalie est sans recours. (…) Le sort des hommes est inscrit dans celui de la colombe qui le préfigure et le détermine. En fait, le passage du navire va répéter exactement le vol de l'oiseau. Celui-ci arrive à franchir la passe mais les rochers se referment et pincent les plumes les plus longues de sa queue. De même façon, le navire qui s'est lancé entre les écueils quand ceux-ci se furent écartés de nouveau parvient à passer mais sa poupe fut endommagée comme l'avait été la queue de la colombe. Le vol de l'oiseau avait ainsi préfiguré et même déterminé le destin des hommes. Il y a là un lien de causalité primitive qui est obscurci chez les auteurs classiques et naturellement dans notre vision mais que l'étude comparative permet de discerner clairement. De la même façon, les oracles grecs déterminaient et créaient l'avenir annoncé par eux." <ref>'''Raymond Bloch''', ''La divination dans l'Antiquité'' , P.U.F. 1984, p. 14sq.  </ref> Comme par ailleurs, l'écrit L. Lévy-Bruhl, l'analyse des faits recueillis chez les primitifs peut jeter une nouvelle lumière sur les présages dans les sociétés classiques et mieux les faire comprendre. <ref>'''L. Lévy-Bruhl''', ''La mentalité primitive'', Paris, 1922, p. 125.  </ref> Le fait que l'allumette soit entière, préfigure "le succès" de l'écrivain. Lui aussi, sera entier. Enfin, un geste significatif est encore à retenir. Au moment où l'Écrivain scrute attentivement le tunnel, il porte l'allumette à sa bouche, comme pour une paisible promenade. (Cf. '''Photogramme – 58.''')
Par ailleurs, cette ordalie est doublée d'un [[présage]], comme le "présage-ordalie" ou "présage-épreuve" conté par Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques (III, 317sq.) (…) : "Les Argonautes arrivent devant les Symplégades, roches au choc meurtrier, écueil mobile qui barre l'entrée du Bosphore. (…) Sur les conseils du devin aveugle Phinée, ils lâchent une [[colombe]]. Si elle arrive à passer, ils passeront eux aussi. Cette épreuve provoquée, ce présage-ordalie est sans recours. (…) Le sort des hommes est inscrit dans celui de la colombe qui le préfigure et le détermine. En fait, le passage du navire va répéter exactement le vol de l'oiseau. Celui-ci arrive à franchir la passe mais les rochers se referment et pincent les plumes les plus longues de sa queue. De même façon, le navire qui s'est lancé entre les écueils quand ceux-ci se furent écartés de nouveau parvient à passer mais sa poupe fut endommagée comme l'avait été la queue de la colombe. Le vol de l'oiseau avait ainsi préfiguré et même déterminé le destin des hommes. Il y a là un lien de causalité primitive qui est obscurci chez les auteurs classiques et naturellement dans notre vision mais que l'étude comparative permet de discerner clairement. De la même façon, les oracles grecs déterminaient et créaient l'avenir annoncé par eux." <ref>'''Raymond Bloch''', ''La divination dans l'Antiquité'' , P.U.F. 1984, p. 14sq.  </ref> Comme par ailleurs, l'écrit L. Lévy-Bruhl, l'analyse des faits recueillis chez les primitifs peut jeter une nouvelle lumière sur les présages dans les sociétés classiques et mieux les faire comprendre. <ref>'''L. Lévy-Bruhl''', ''La mentalité primitive'', Paris, 1922, p. 125.  </ref> Le fait que l'allumette soit entière, préfigure "le succès" de l'écrivain. Lui aussi, sera entier. Enfin, <span id="ancre_geste3"></span>un geste significatif est encore à retenir. Au moment où l'Écrivain scrute attentivement le tunnel, il porte l'allumette à sa bouche, comme pour une paisible promenade. (Cf. '''[[#ancre_97bp|Photogramme – 58.]]''')




Ligne 1 083 : Ligne 1 079 :




'''<span id="ancre_98">Plan</span> 98''' :  ''1h 30' 48"'' : De dos, l’Ecrivain avance dans le tunnel sombre. Bruit de sa respiration. A un moment, il est presque hors de vue.
'''<span id="ancre_98">Plan</span> 98''' :  ''1h 30' 48"'' : De dos, l’Écrivain avance dans le tunnel sombre. Bruit de sa respiration. A un moment, il est presque hors de vue.


- Stalker : (off) ''Plus vite, Professeur !  ''  
- Stalker : (off) ''Plus vite, Professeur !  ''  




Le Professeur entre de dos, en courant. Suivi du Stalker affolé. Le Professeur s’arrête, le Stalker se place derrière lui, s’accrochant à la veste du Professeur. L’Ecrivain continue son avancée à pas de loups. Il n’est pas très rassuré. Le Stalker et le Professeur le poursuivent à leur tour, et s’arrêtent. Quelques pas plus loin, l’Ecrivain heurte quelque chose et tombe.  (Cf. '''Photogramme – 60.''')
Le Professeur entre de dos, en courant. Suivi du Stalker affolé. Le Professeur s’arrête, le Stalker se place derrière lui, s’accrochant à la veste du Professeur. L’Écrivain continue son avancée à pas de loups. Il n’est pas très rassuré. Le Stalker et le Professeur le poursuivent à leur tour, et s’arrêtent. Quelques pas plus loin, l’Écrivain heurte quelque chose et tombe.  (Cf. '''Photogramme – 60.''')




Ligne 1 114 : Ligne 1 110 :




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<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_sta240"> </span>
=====Le Bunker =====
=====Le Bunker =====




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<span id="ancre_116bp"></span>
<span id="ancre_116bp"></span>
[[Fichier:puitsp1.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 68 : Plan 116b.''' L’Ecrivain laisse tomber une pierre dans un puits interminable. Notons dans l’image, la structure du puits qui rappelle la forme d’une [[couronne]].| ''Stalker'', '''Photogramme - 68 : Plan 116b.''' L’Ecrivain laisse tomber une pierre dans un puits interminable. Notons dans l’image, la structure du puits qui rappelle la forme d’une [[couronne]]. ]]
[[Fichier:puitsp1.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 68 : Plan 116b.''' L’Écrivain laisse tomber une pierre dans un puits interminable. Notons dans l’image, la structure du puits qui rappelle la forme d’une [[couronne]].| ''Stalker'', '''Photogramme - 68 : Plan 116b.''' L’Écrivain laisse tomber une pierre dans un puits interminable. Notons dans l’image, la structure du puits qui rappelle la forme d’une [[couronne]]. ]]




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<span id="ancre_sta241"> </span>
======Symbolisme du corbeau ======
======Symbolisme du corbeau ======


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'''<span id="ancre_115">Plan</span> 115''' :  ''1h 39' 53"'' : Le Professeur et le Stalker sont couchés derrière les monticules de sable. Le Professeur lève la tête : « '' Tout ça, c’est votre « tunnel ». Vous auriez dû passez en premier. Par peur, il s’est trompé de route. ''
'''<span id="ancre_115">Plan</span> 115''' :  ''1h 39' 53"'' : Le Professeur et le Stalker sont couchés derrière les monticules de sable. Le Professeur lève la tête : « '' Tout ça, c’est votre « tunnel ». Vous auriez dû passez en premier. Par peur, il s’est trompé de route. ''


'''<span id="ancre_116">Plan</span> 116''' :  ''1h 40' 22"'' : L’Ecrivain, les mains dans les poches, est allongé sur le côté dans une mare d’eau. Derrière lui, une sorte de puits en fer. A droite, un halo de lumière intense. Il se redresse, il s’agenouille : l’eau dégouline e ses vêtements. Il se lève et va s’asseoir sur le rebord du puits. Puis, il s’avance, ramasse une pierre, revient vers le puits et la laisse tomber dedans. (Cf. '''Photogramme – 68.''') Long temps avant qu’on entende l’impact de la pierre.  
'''<span id="ancre_116">Plan</span> 116''' :  ''1h 40' 22"'' : L’Écrivain, les mains dans les poches, est allongé sur le côté dans une mare d’eau. Derrière lui, une sorte de puits en fer. A droite, un halo de lumière intense. Il se redresse, il s’agenouille : l’eau dégouline e ses vêtements. Il se lève et va s’asseoir sur le rebord du puits. Puis, il s’avance, ramasse une pierre, revient vers le puits et la laisse tomber dedans. (Cf. '''Photogramme – 68.''') Long temps avant qu’on entende l’impact de la pierre.  
 
<center>* * *</center>


<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>




<span id="ancre_sta242"> </span>
======Le son du puits ======
======Le son du puits ======


Ligne 1 184 : Ligne 1 180 :


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<span id="ancre_sta243"> </span>
======Le puits : Recueil d’infiltration======
======Le puits : Recueil d’infiltration======


Ligne 1 193 : Ligne 1 189 :


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<span id="ancre_sta244"> </span>
======L’Écrivain est-il un saint homme ?======
======L’Écrivain est-il un saint homme ?======


Ligne 1 203 : Ligne 1 199 :




'''<span id="ancre_117">Plan</span> 117''' :  ''1h 44' 45"'' : Le Stalker, du fond du bunker, interpelle l’Écrivain : «''Vous en avez de la chance ! mon Dieu, à présent…Vous allez vivre cent ans !  ''<br/>
'''<span id="ancre_117">Plan</span> 117''' :  ''1h 44' 45"'' : Le Stalker, du fond du bunker, interpelle l’Écrivain : «''Vous en avez de la chance ! Mon Dieu, à présent…Vous allez vivre cent ans !  ''<br/>
- L’Écrivain : ''Pourquoi pas éternellement ? Comme le juif errant !  '' »
- L’Écrivain : ''Pourquoi pas éternellement ? Comme le juif errant !  '' »


Ligne 1 233 : Ligne 1 229 :




<span id="ancre_69p"></span>
<span id="ancre_119p"></span>
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_119_Piece_01_Chien.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 69 : Plan 119.''' Du fond d’une grande pièce, s’avance le chien noir qui traverse la pièce. | ''Stalker'', '''Photogramme - 69 : Plan 119.''' Du fond d’une grande pièce, s’avance le chien noir qui traverse la pièce.]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_119_Piece_01_Chien.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 69 : Plan 119.''' Du fond d’une grande pièce, s’avance le chien noir qui traverse la pièce. | ''Stalker'', '''Photogramme - 69 : Plan 119.''' Du fond d’une grande pièce, s’avance le chien noir qui traverse la pièce.]]


Ligne 1 245 : Ligne 1 241 :
'''<span id="ancre_119">Plan</span> 119''' :  ''1h 48' 14"'' : Plan d’ensemble d’une grande pièce en béton, le sol est recouvert d’eau et d’objets en forme de ballon de verre. Du fond s’avance le chien noir qui traverse la pièce. (Cf. '''Photogramme – 69.''')
'''<span id="ancre_119">Plan</span> 119''' :  ''1h 48' 14"'' : Plan d’ensemble d’une grande pièce en béton, le sol est recouvert d’eau et d’objets en forme de ballon de verre. Du fond s’avance le chien noir qui traverse la pièce. (Cf. '''Photogramme – 69.''')


- L’Écrivain : (off)« ''… et moi, individu inférieur, j’étais bon pour le tunnel. Le « hachoir », quel mot !  ''(Le chien s’arrête.)  ''De quel droit peux-tu choisir…entre la vie et le hachoir ?  ''  »
- L’Écrivain : (off) « ''… et moi, individu inférieur, j’étais bon pour le tunnel. Le « hachoir », quel mot !  ''(Le chien s’arrête.)  ''De quel droit peux-tu choisir…entre la vie et le hachoir ?  ''  »




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<span id="ancre_sta245"> </span>
=====La petite pièce du Bunker=====
=====La petite pièce du Bunker=====


Ligne 1 258 : Ligne 1 254 :
- Stalker : ''Les allumettes, c’est de la blague. Déjà sous l’écrou… la Zone vous ayant laissé passer, c’était à vous…''  (La sonnerie du téléphone retentit… Les trois hommes n’y prennent pas garde.) … ''de franchir le hachoir est nous derrière vous.''    <br/>
- Stalker : ''Les allumettes, c’est de la blague. Déjà sous l’écrou… la Zone vous ayant laissé passer, c’était à vous…''  (La sonnerie du téléphone retentit… Les trois hommes n’y prennent pas garde.) … ''de franchir le hachoir est nous derrière vous.''    <br/>
- L’Écrivain : '' Alors, ça ! '' <br/>  
- L’Écrivain : '' Alors, ça ! '' <br/>  
- Stalker : ''J’ai toujours peur de choisir. '' (La sonnerie continue de retentir.) ''C’est terrible de se tromper.  ''(L’Ecrivain se précipite machinalement sur le téléphone.) ''Mais il faut bien un premier.''  <br/>
- Stalker : ''J’ai toujours peur de choisir. '' (La sonnerie continue de retentir.) ''C’est terrible de se tromper.  ''(L’Écrivain se précipite machinalement sur le téléphone.) ''Mais il faut bien un premier.''  <br/>
- L’Écrivain : (le combiné à l’oreille) ''Non, ce n’est pas une clinique !'' (Il raccroche et il s’approche du Stalker '' « Un premier » ! voyez-vous ça !  ''  <br/>  
- L’Écrivain : (le combiné à l’oreille) ''Non, ce n’est pas une clinique !'' (Il raccroche et il s’approche du Stalker '' « Un premier » ! voyez-vous ça !  ''  <br/>  
Le Professeur esquisse le geste d’aller prendre le combiné.<br/>
<span id="ancre_geste4"></span>Le Professeur esquisse le geste d’aller prendre le combiné.<br/>
- Stalker : ''Ne touchez pas !  ''»  
- Stalker : ''Ne touchez pas !  ''»  


Ligne 1 284 : Ligne 1 280 :


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<span id="ancre_sta246"> </span>
====== La couronne en fil de fer======
====== La couronne en fil de fer======


Ligne 1 308 : Ligne 1 304 :




<center>* * *</center>
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 


<span id="ancre_sta247"> </span>
===== « La Chambre des Désirs »=====
===== « La Chambre des Désirs »=====


Ligne 1 327 : Ligne 1 323 :


<center>* </center>
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<span id="ancre_sta248"> </span>
======La bombe du Professeur======
======La bombe du Professeur======


Ligne 1 336 : Ligne 1 332 :
- L’Écrivain : « ''Moi ? je ne veux pas.  '' <br/>  
- L’Écrivain : « ''Moi ? je ne veux pas.  '' <br/>  
- Stalker : (off) ''Je sais, ce n’est pas si facile. Ne craignez rien, ça passera.  '' <br/>
- Stalker : (off) ''Je sais, ce n’est pas si facile. Ne craignez rien, ça passera.  '' <br/>
- L’Écrivain : ''Cela m’étonnerait… que ça passe…  '' (Il avance face caméra.) '' D’abord, en me souvenant de ma vie. Je ne deviendrais pas meilleur. Et puis, ne sens-tu pas à quel point… à tel point, c’est… bas ?  '' (De dos, il s’avance vers les deux hommes en jetant la couronne d’épine. Il ramasse un caillou au pied du Stalker, le jette dans un geste désœuvrement. Derrière eux, le Professeur fouille dans son sac.) '' S’abaisser, pleurnicher, prier ?  ''  <br/>  
- L’Écrivain : ''Cela m’étonnerait… que ça passe…  '' (Il avance face caméra.) '' D’abord, en me souvenant de ma vie. Je ne deviendrais pas meilleur. Et puis, ne sens-tu pas à quel point… à tel point, c’est… bas ?  '' (De dos, il s’avance vers les deux hommes en jetant la couronne d’épine. <span id="ancre_geste5"></span>Il ramasse un caillou au pied du Stalker, le jette dans un geste de désœuvrement. Derrière eux, le Professeur fouille dans son sac.) '' S’abaisser, pleurnicher, prier ?  ''  <br/>  
- Stalker : ''Quel mal y a-t-il dans la prière ? Vous dites ça par orgueil. Calmez-vous, vous n’êtes pas encore prêt, ça arrive assez souvent.  '' (Au Professeur) '' Voulez-vous passer le premier ? ''  (Le Professeur s’avance vers eux.)<br/>
- Stalker : ''Quel mal y a-t-il dans la prière ? Vous dites ça par orgueil. Calmez-vous, vous n’êtes pas encore prêt, ça arrive assez souvent.  '' (Au Professeur) '' Voulez-vous passer le premier ? ''  (Le Professeur s’avance vers eux.)<br/>
- Le Professeur : '' Moi !  '' (Il retourne vers son sac. Il en sort un objet cylindrique.)<br/>
- Le Professeur : '' Moi !  '' (Il retourne vers son sac. Il en sort un objet cylindrique.)<br/>
Ligne 1 350 : Ligne 1 346 :
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<span id="ancre_sta249"> </span>
======L’Écrivain s'interpose entre les deux hommes======
======L’Écrivain s'interpose entre les deux hommes======


Ligne 1 363 : Ligne 1 359 :
Lent zoom arrière. Plan d’ensemble  de la pièce. Le Stalker, d’un bond se jette sur le Professeur et tente de lui prendre la bombe des mains. <br/>  
Lent zoom arrière. Plan d’ensemble  de la pièce. Le Stalker, d’un bond se jette sur le Professeur et tente de lui prendre la bombe des mains. <br/>  
- Stalker : «'' Donnez-moi ça !  '' (L’Écrivain le repousse au fond de la pièce, dans l’eau.) <br/>
- Stalker : «'' Donnez-moi ça !  '' (L’Écrivain le repousse au fond de la pièce, dans l’eau.) <br/>
- Le Professeur (à l’Écrivain) : ''Enfin, vous êtes un homme civilisé !  ''  (Cf. '''Photogramme – 75.''')  (Le Stalker se relève, trempé, et se jette sur le Professeur. L’Écrivain le renvoie dans l’eau.)<br/>
- Le Professeur (à l’Écrivain) : ''Enfin, vous êtes un homme civilisé !  ''  (Cf. '''Photogramme – 75.''')  (Le Stalker se relève, trempé, et se jette sur le Professeur. L’Écrivain le renvoie dans l’eau.)<br/>
- L’Écrivain : '' Espèce de sale larve hypocrite. '' (Le Stalker se relève difficilement essouflé.)<br/>  
- L’Écrivain : '' Espèce de sale larve hypocrite. '' (Le Stalker se relève difficilement essouflé.)<br/>  
- Stalker : ''Pourquoi me traitez-vous ainsi ? C’est lui qui veut tout détruire.  '' (Encore une tentative du Stalker pour s’emparer de la bombe, l’Ecrivain le repousse.) '' C’est l’unique endroit ou l’on peut venir ? Lorsqu’il n’y a plus rien à espérer. Vous êtes bien venus, vous. Pourquoi détruisez-vous la foi ? '' (Il s’avance à nouveau pour prendre la bombe. L’Écrivain l’intercepte.) <br/>
- Stalker : ''Pourquoi me traitez-vous ainsi ? C’est lui qui veut tout détruire.  '' (Encore une tentative du Stalker pour s’emparer de la bombe, l’Écrivain le repousse.) '' C’est l’unique endroit ou l’on peut venir ? Lorsqu’il n’y a plus rien à espérer. Vous êtes bien venus, vous. Pourquoi détruisez-vous la foi ? '' (Il s’avance à nouveau pour prendre la bombe. L’Écrivain l’intercepte.) <br/>
- L’Écrivain : ''Vas-tu taire ? Vas-tu te taire ! Je vois clair en toi. Tu t’en fous, des gens ! Tu gagnes du fric… sur notre angoisse. Et même sans fric, tu jouis ici, car tu y est tout puissant, espèce de larve ! Tu décides de notre vie ou de notre mort. '' (Il se retourne vers le Professeur.)  '' Dire que c’est lui qui choisit !  Voilà pourquoi les Satlkers n’entrent jamais dans la Chambre. C’est ici que vous savourez votre puissance… et votre autorité. Il ne reste plus de désirs.'' »<br/>  
- L’Écrivain : ''Vas-tu taire ? Vas-tu te taire ! Je vois clair en toi. Tu t’en fous, des gens ! Tu gagnes du fric… sur notre angoisse. Et même sans fric, tu jouis ici, car tu y es tout puissant, espèce de larve ! Tu décides de notre vie ou de notre mort. '' (Il se retourne vers le Professeur.)  '' Dire que c’est lui qui choisit !  Voilà pourquoi les Satlkers n’entrent jamais dans la Chambre. C’est ici que vous savourez votre puissance… et votre autorité. Il ne reste plus de désirs.'' »<br/>  
 


'''<span id="ancre_128">Plan</span> 128''' :  ''2h 06' 43"'' : Gros plan en plongée du Stalker. <br/>
'''<span id="ancre_128">Plan</span> 128''' :  ''2h 06' 43"'' : Gros plan en plongée du Stalker. <br/>
Ligne 1 383 : Ligne 1 380 :


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<span id="ancre_sta250"> </span>
======Le trébuchement de l’Écrivain======
======Le trébuchement de l’Écrivain======




<span id="ancre_125p"> </span>   
<span id="ancre_130p"> </span>   
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_130_Trébuchement Ecrivain.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 76 : Plan 130.''' L’Écrivain se déséquilibre et manque de tomber au delà du seuil de la Chambre. Le Stalker l’aide en le tirant en arrière par le manteau.|''Stalker'', '''Photogramme - 76 : Plan 130.'''  L’Écrivain se déséquilibre et manque de tomber au delà du seuil de la Chambre. Le Stalker l’aide en le tirant en arrière par le manteau.]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_130_Trébuchement Ecrivain.jpg|300px|thumb|right|alt=''Stalker'', '''Photogramme - 76 : Plan 130.''' L’Écrivain se déséquilibre et manque de tomber au delà du seuil de la Chambre. Le Stalker l’aide en le tirant en arrière par le manteau.|''Stalker'', '''Photogramme - 76 : Plan 130.'''  L’Écrivain se déséquilibre et manque de tomber au delà du seuil de la Chambre. Le Stalker l’aide en le tirant en arrière par le manteau.]]


Ligne 1 394 : Ligne 1 391 :


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<span id="ancre_sta251"> </span>
 
======Rappel des trébuchements dans le film - 2 - ======
======Rappel des trébuchements dans le film - 2 - ======


Ligne 1 410 : Ligne 1 406 :
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<span id="ancre_sta252"> </span>
====== « La Chambre observe »======
====== « La Chambre observe »======


<span id="ancre_131ap"> </span>   
<span id="ancre_131ap"> </span>   
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_131_Bombe démontée.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 77 : Plan 131a.''' La caméra est placée dans la Chambre. Le Le Professeur jette une autre pièce de la bombe dans la flaque d’eau : «'' Alors, je n’y comprends rien. Quel sens y-a-t-il de venir ici ?  ''  »|''Stalker'', '''Photogramme - 77 : Plan 131a.'''  La caméra est placée dans la Chambre. Le Le Professeur jette une autre pièce de la bombe dans la flaque d’eau : «'' Alors, je n’y comprends rien. Quel sens y-a-t-il de venir ici ?  ''  »]]
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_131_Bombe démontée.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 77 : Plan 131a.''' La caméra est placée dans la Chambre. Le Professeur jette une autre pièce de la bombe dans la flaque d’eau : «'' Alors, je n’y comprends rien. Quel sens y-a-t-il de venir ici ?  ''  »|''Stalker'', '''Photogramme - 77 : Plan 131a.'''  La caméra est placée dans la Chambre. Le Professeur jette une autre pièce de la bombe dans la flaque d’eau : «'' Alors, je n’y comprends rien. Quel sens y-a-t-il de venir ici ?  ''  »]]


<span id="ancre_131bp"> </span>   
<span id="ancre_131bp"> </span>   
Ligne 1 436 : Ligne 1 432 :
Des gouttes d’eau commencent à tomber, puis une pluie dense se déverse dans la Chambre, qui fait briller l’eau. Les trois hommes regardent longuement tomber la pluie. (Cf. '''Photogramme – 79.''') Le Professeur jette le reste de sa bombe dans l’eau de la Chambre. On entend, de loin, le bruit caractéristique de la draisine sur les rails.
Des gouttes d’eau commencent à tomber, puis une pluie dense se déverse dans la Chambre, qui fait briller l’eau. Les trois hommes regardent longuement tomber la pluie. (Cf. '''Photogramme – 79.''') Le Professeur jette le reste de sa bombe dans l’eau de la Chambre. On entend, de loin, le bruit caractéristique de la draisine sur les rails.


'''<span id="ancre_132">Plan</span> 132''' :  ''2h 16' 49"'' : Gros plan dans l’eau de la dernière partie de la bombe, celle avec les petits boutons sur la surface. Elle est sous l’eau, sur un carrelage noir et blanc. Le son de la draisine augmente. Un poisson apparaît rôdant près de la bombe. Un fluide noir et rouge dense apparaît à gauche de l’image, il se répand dans l’eau, masquant bientôt le poisson et la bombe, (Cf. '''Photogramme – 80.''') tandis qu’à travers le bruit des rails, on entend des extraits du crescendo final du boléro de Ravel.
'''<span id="ancre_132">Plan</span> 132''' :  ''2h 16' 49"'' : Gros plan dans l’eau de la dernière partie de la bombe, celle avec les petits boutons sur la surface. Elle est sous l’eau, sur un carrelage noir et blanc. Le son de la draisine augmente. Un poisson apparaît rôdant près de la bombe. Un fluide noir et rouge dense apparaît à gauche de l’image, il se répand dans l’eau, masquant bientôt le poisson et la bombe, (Cf. '''Photogramme – 80.''') tandis qu’à travers le bruit des rails, on entend des extraits du crescendo final du boléro de Ravel.
 
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<span id="ancre_sta253"> </span>
 
Ainsi, les trois hommes arrivent à leur destination, mais aucun des trois n'aura son vœu exaucé. Comme si le film voulait nous dire : peu importe la destination d'un trajet initiatique, seul compte l'accomplissement du trajet, la conviction de sa propre foi. Et inversement, l'homme ne peut accomplir la pleine réalisation de sa foi véritable, qu'au cours d'un "déplacement", d'une traversée. Ici la traversée est de deux ordres : elle est atemporelle et elle est dominée par une spatialité instable.
 
Il reste enfin la réponse de la Zone. Elle est souvent animale.  Nous citons les animaux qu'on  a vus : le chien noir, le corbeau et enfin un poisson qui apparaît rôdant près de la bombe. On entend également d'autre animaux : coucou, hurlement de loup. Tarkovski se détache encore une fois des Strougatski, par la nécessité intérieure de l'artiste de dévoiler ses champs de préoccupations et de labourer ses charges émotionnelles. Il est particulièrement intéressant de voir le développement d'un certain nombre de registres de significations qui s'emboîtent et qui évoluent en même temps séparément.
 
L'œuvre est cyclique : nous partons d'un bar, pour revenir à un bar (Plan 133). Un bar est parfois le lieu de rencontre de gens spéciaux, qui racontent des histoires extraordinaires, des légendes, des mythes, des contes. Le film prend souvent les proportions d'un conte. Il est un conte.<ref> Cf. Gestenkorn et Struedel, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', pp. 75-76 </ref> Au long [[#ancre_120|plan 120]], l'Écrivain demande au Professeur : ''Vous croyez à tous ces contes de fées ? '' Le Professeur lui répond : ''Aux beaux contes, non. Aux contes terribles, oui. '' En réalité, ''Stalker'' est un beau conte, raconté terriblement, dramatiquement. Comme toujours dans les contes, les animaux ont une place importante. Nous avons abordé avec la question du [[Nom#La question de la dénomination|nominalisme animal]] le statut des noms d'animaux.
 
L'agneau et le poisson s'inscrivent dans des registres privilégiés, et le poisson conclut l'issue de la Zone. C'est le dernier plan concernant la Zone. (…) "La symbolique du poisson s'est étendue du christianisme. (…) Toutefois dans la plupart des cas, le symbolisme, tout en restant strictement christologique, reçoit un accent un peu différent : comme le poisson est aussi une nourriture et que le Christ ressuscité en a mangé (Luc 24, 42), il devient symbole du repos eucharistique. (…) Enfin, comme le poisson vit dans l'eau, on poursuivra parfois le symbolisme, en y voyant une allusion au baptême, le chrétien est comparable à un petit poisson, à l'image du Christ.<ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 774. Cf. également Tertullien, Traité du Baptême.  </ref>
 
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
 
<span id="ancre_sta254"> </span>
===« L’après-Zone »  (Plans 133 - 144)===
<span id="ancre_sta255"> </span>
 
==== Retour au Bar, au point de départ ====
 
 
 
<span id="ancre_133p"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_133_Ouistiti_Béquilles.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme – 81 : Plan 133.''' La femme du Stalker est dehors avec sa petite fille. Elle l’aide à enlever ses béquilles et à s’asseoir sur un banc. |''Stalker'', '''Photogramme - 81 : Plan 133.'''  La femme du Stalker est dehors avec sa petite fille. Elle l’aide à enlever ses béquilles et à s’asseoir sur un banc.]]
 
<span id="ancre_134p"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_134_Chien_ça.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 82 : Plan 134.''' Les trois hommes sont accoudés à la table haute du bar. Le Stalker donne à manger au chien noir de la Zone. La Femme apercevant le chien « '' D’où ça vient, ça ?  '' » |''Stalker'', '''Photogramme - 82 : Plan 134.'''  : Les trois hommes sont accoudés à la table haute du bar. Le Stalker donne à manger au chien noir de la Zone. La Femme apercevant le chien « '' D’où ça vient, ça ?  '' » ]]
 
 
'''<span id="ancre_133">Plan</span> 133''' :  ''2h 17' 01"'' : Plan de demi-ensemble vu de l’intérieur du bar au travers de l’encadrement de la porte en verre. C’est un plan en barrage, comme au [[#ancre_120bp|plan 120b]]. La femme du Stalker est dehors avec sa petite fille. Elle l’aide à enlever ses béquilles et à s’asseoir sur un banc. <ref>Nous avons vu les béquilles au [[#ancre_5p|plan 5]], et nous avons entendu l’Écrivain en parler, au [[#ancre_85p|plan 85]].</ref> Au fond de l’image une brume épaisse enveloppe des bâtiments d’usine et des cheminées d’une centrale nucléaire. (Cf. '''Photogramme – 81.''') La femme s’avance, attache ses lacets, monte les quelques marches, et entre à l’intérieur, face à la caméra. <span id="ancre_geste6"></span>Elle se passe une main dans les cheveux. <ref>L’Écrivain effectuera ce geste deux fois : au [[#ancre_14|plans 14]] et [[#ancre_60|60]] </ref>
 
'''<span id="ancre_134">Plan</span> 134''' :  ''2h 17' 47"'' : Les trois hommes sont accoudés à la table haute. Le Stalker donne à manger au chien noir de la Zone, qui se trouve dans l’un des encadrements de fenêtre. Le barman apparaît dans le fond, il regarde face caméra, en direction de la femme en hors champ. Il allume une cigarette. Le Professeur et l’Écrivain s’aperçoivent aussi de la présence de la femme. La femme avance vers les trois hommes.
 
- La Femme : «  ''Te voilà revenu.  ''(Le Stalker continue de donner à manger au chien.) '' D’où ça vient, ça ?  ''  (Cf. '''Photogramme – 82.''') <br/>
- Stalker : '' Il s’est attaché à moi. Comment l’abandonner ? '' »<br/>
 
'''<span id="ancre_135">Plan</span> 135''' :  ''2h 18' 59"'' : Travelling avant depuis l’intérieur du bar sur l’enfant assisse, qui reste immobile sur le banc. <br/>
- La Femme : (off) «  ''On y va ? Ouistiti attend… Alors, on y va ?  '' »
 
'''<span id="ancre_136">Plan</span> 136''' :  ''2h 19' 12"'' : Gros plan de la Femme, une cigarette à la main, elle passe devant le barman.
 
'''<span id="ancre_137">Plan</span> 137''' :  ''2h 19' 16"'' : Plan moyen des trois hommes. <br/>
- La Femme : (off) « ''Personne n’a besoin de chien ? '' <br/>
- L’Écrivain : '' J’en ai cinq chez moi. '' »
 
'''<span id="ancre_138">Plan</span> 138''' :  ''2h 19' 33"'' : Plan d’ensemble de l’intérieur du bar vers l’extérieur, comme au plan 133.  La Femme avance de dos jusqu’à la porte, elle reboutonne son manteau. Le chien la rejoint. Elle se retourne vers l’Écrivain.<br/>
- La Femme : « '' Vous aimez les chiens alors ? '' <br/>
- L’Écrivain : (off) '' Comment ça ? '' <br/>
- La Femme : '' C’est très bien. '' »
 
Le Stalker rejoint de dos, sa Femme, lui tend son sac en disant : «'' Allez, en route.'' » La Femme prend dans ses mains le sac du Stalker. Ils descendent le petit escalier. Le Stalker se dirige vers sa fille.<br/>
 
'''<span id="ancre_139">Plan</span> 139''' :  ''2h 20' 05"'' : Plan rapproché du Professeur et de l’Écrivain, ils regardent partir le Stalker. L’Écrivain allume une cigarette, il est accoudé au mur, il demeure pensif.
 
<center>* </center>
 
<span id="ancre_sta256"> </span>
==== Retour à l’appartement du Stalker ====
 
<span id="ancre_140ap"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_140a_Ouistiti.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 83 : Plan 140a.''' Gros plan de profil de la petite fille du Stalker, Ouistiti.|''Stalker'', '''Photogramme - 83 : Plan 140a.'''  : Gros plan de profil de la petite fille du Stalker, Ouistiti.]]
 
<span id="ancre_140bp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_140b_Plan ensemble.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 84 : Plan 140b.''' La famille réunit, accompagné du chien noir, descendent une pente avant de rejoindre l’appartement. |''Stalker'', '''Photogramme - 84 : Plan 140b.'''  : La famille réunit, accompagné du chien noir, descendent une pente avant de rejoindre l’appartement.]]
 
<span id="ancre_141ap"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_141a_Lait_.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 85 : Plan 141a.''' Le contraste frappant entre la blancheur du lait et l’obscurité du plancher. |''Stalker'', '''Photogramme - 85 : Plan 141a.'''  : Le contraste frappant entre la blancheur du lait et l’obscurité du plancher.]]
 
<span id="ancre_141bp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_141c_chien_noir.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 86 : Plan 141b.''' Le Stalker se couche sur le sol, sa tête, de profil, repose à côté de la gamelle et du chien. Il respire avec difficulté. |''Stalker'', '''Photogramme - 86 : Plan 141b.'''  : Le Stalker se couche sur le sol, sa tête, de profil, repose à côté de la gamelle et du chien. Il respire avec difficulté.]]
 
<span id="ancre_141cp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_141d_Livres.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 87 : Plan 141c.''' La femme se penche sur lui. Le champ s’élargit progressivement, on distingue des nombreux livres sur des étages, jusqu’au plafond.|''Stalker'', '''Photogramme - 87 : Plan 141c.'''  : La femme se penche sur lui. Le champ s’élargit progressivement, on distingue des nombreux livres sur des étages, jusqu’au plafond.]]
 
'''<span id="ancre_140">Plan</span> 140''' :  ''2h 20' 32"'' : Gros plan de profil de la petite fille du Stalker, Ouistiti. (Cf. '''Photogramme – 83.''') On voit s’éloigner Ouistiti portée sur les épaules de son père, accompagné de sa Femme et du chien. Ils descendent une pente. <ref> Ce plan est comparable au plan d’ouverture du film '' [[Nostalghia]] ''.</ref> Ils longent un étang aux bords boueux, aux fonds les cheminées d’usines qui crachent des fumées denses. (Cf. '''Photogramme – 84.''')
 
'''<span id="ancre_141">Plan</span> 141''' :  ''2h 22' 10"'' : Gros plan en plongée d’une gamelle dans l’obscurité. Une main verse du lait. Elle en verse un peu de côté. Le contraste est frappant entre la blancheur du lait et l’obscurité du plancher. (Cf. '''Photogramme – 85.''')
Le chien vient laper le lait, tandis que le chien continue de boire. Lent zoom arrière. Le Stalker se couche sur le sol, sa tête, de profil, repose à côté de la gamelle et du chien. Il respire avec difficulté. (Cf. '''Photogramme – 86.''')
 
- Stalker : «'' Si vous saviez, comme je suis las !  '' (Travelling arrière.) ''Dieu seul le sait. Ils se prétendent des intellectuels, ces écrivains, ces savants ! '' (Il frappe du poing contre le sol. La femme est à genou derrière le chien. )<br/>
- La Femme : '' Calme-toi ! ''  (Le chien sent la nervosité, hésite à reprendre du lait.)<br/>
- Stalker : ''Ils ne croient en rien ! Chez eux…  '' (Le chien sort à reculons.) '' l’organe de la foi est atrophié.  '' (La femme se penche sur lui. Le champ s’élargit progressivement, on distingue des nombreux livres sur des étages, jusqu’au plafond.) (Cf. '''Photogramme – 87.''')'' Faute de besoin.  ''  <br/>
- La Femme : '' Couche-toi, ici c’est humide… '' (Elle laide à se relever.) '' Ne reste pas là… Enlève ça…  '' »
 
Le Stalker enlève sa lourde veste en se dirigeant vers la gauche. Ils longent les étagères pleine de livre. Ils tournent à gauche. On découvre le lit du [[#ancre_5ap|plan 5a]]. La femme tire une couverture. Il s’assoit. Elle l’aide à retirer son pantalon. Il se met dans les draps et s’allonge. Elle s’assoit face à lui.
 
'''<span id="ancre_142">Plan</span> 142''' :  ''2h 24' 26"'' : Le Stalker et sa Femme sont de profil. Des flocons de pollen évoluent dans l’air. La femme se penche sur le Stalker, suréleve son oreiller.
 
- Stalker : «'' Seigneur… quels gens… '' <br/>
- La Femme : '' Ce n’est pas leur faute… ''  (Elle sort de sa poche un médicament.) '' Il faut les plaindre et non pas te fâcher. '' <br/>
- Stalker : '' As-tu vu, leurs yeux sont vides.  '' (La femme se saisit d’un verre sur la chaise, donne la pilule au Stalker et l’aide à boire.) '' Ils ne pensent qu’à se faire valoir, à se vendre au meilleur prix…  '' (La femme lui éponge tendrement son front.) '' à se faire payer chaque élan de l’âme. Ils considèrent ne « pas être nés pour rien », être « choisis »… Ils ne vivent « qu’une fois ». Comment peuvent-ils croire en quelque chose ? ''  <br/>
- La Femme : (off)  '' Calme-toi, ne parle plus. Essaie de dormir. … '' (Elle lui éponge le visage à l’aide d’un mouchoir plié.)<br/>
- Stalker : ''Personne ne croit, pas seulement ces deux-là. Qui vais-je emmener là-bas ? Ô seigneur, le plus terrible… c’est que personne n’en a besoin, de cette Chambre. Tous mes efforts ne servent à rien.  ''<br/>
- La Femme : (off)  '' Il ne faut pas parler ainsi. '' <br/>
- Stalker : (pleurant) ''Plus jamais je n’irai là-bas.  '' <br/>
- La Femme : (off)  ''Veux-tu que moi, j’aille avec toi ?  '' <br/>
- Stalker : '' Où ça ? '' <br/>
- La Femme : (off)  '' Tu crois que je n’aurais rien à demander ? '' <br/>
- Stalker : (Il ouvre les yeux) '' Ce n’est pas possible.  '' <br/>
- La Femme : (off)  '' Pourquoi ?  '' <br/>
- Stalker : '' Et si toi aussi… tu échouais ?  ''»
 
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_sta257"> </span>
===== La confession de la Femme du Stalker =====
 
 
'''<span id="ancre_143">Plan</span> 143''' :  ''2h 27' 02"'' : La femme entre dans le champ. Elle se tourne vers la caméra, elle regarde le Stalker hors champ, elle se tourne vers la fenêtre et va s’asseoir sur une chaise. Elle regarde face caméra, sort un paquet de cigarettes, et s’adresse à la caméra.<ref> Comme le fera le prêtre dans l’ouverture de ''Nostalghia ''au [[Attente#ancre_4|plan 4.]]</ref>
 
- La Femme : « '' Vous savez, maman était tout à fait contre. Vous avez bien compris que c’était un « bienheureux ». '' (Elle fait tourner nerveusement une cigarette entre ses doigts.) ''Tout le monde se moquait de lui, il était si pitoyable. Maman disait, c’est un Stalker… un condamné à mort, un forçat à perpétuité. Sais-tu quels enfants ont les Stalkers ? Moi, je ne discutais même pas.  '' (Elle allume sa cigarette.) ''Je savais qu’il était un condamné à mort. Prisonnier à vie… et aussi pour les enfants. Que pouvais-je faire ?  '' (Elle est au bord des larmes.) ''J’étais sûre qu’avec lui je serais bien. Je savais qu’il y aurait bien des malheurs mais un bonheur amer vaut mieux qu’une vie grise et maussade. Peut-être ai-je inventé tout cela après coup. '' (Elle se lève et se dirige vers la fenêtre, elle s’assoit sur le bord de la fenêtre.) ''Mais quand il m’a dit tout simplement : « Viens avec moi », je l’ai suivi. Je ne l’ai jamais regretté… Jamais. J’ai connu le malheur, la peur et la honte. Je n’ai jamais rien regretté ni envié personne. Car c’est le destin. Ainsi va la vie, ainsi sommes-nous. Sans malheur, notre vie n’aurait pas été meilleure. Elle aurait été pire. Car alors, il n’y aurait pas eu de bonheur. Et il n’y aurait pas eu d’espoir. ''»
 
 
 
<center>* </center>
 
 
<span id="ancre_sta258"> </span>
===== Les prodiges de Ouistiti =====
 
 
 
<span id="ancre_144ap"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144a_Ouistiti_Livre.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 88 : Plan 144a.''' Gros plan de profil de la fille du Stalker, Ouistiti qui tient un grand livre près de son visage.|''Stalker'', '''Photogramme – 88 : Plan 144a.'''  : Gros plan de profil de la fille du Stalker, Ouistiti qui tient un grand livre près de son visage.]]
 
<span id="ancre_144bp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144b_Ouistiti_Livre.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 89 : Plan 144b.''' Les yeux de Ouistiti passent d’une ligne à l’autre à une vitesse vertigineuse.|''Stalker'', '''Photogramme - 89 : Plan 144b.'''  : Les yeux de Ouistiti passent d’une ligne à l’autre à une vitesse vertigineuse.]]
 
<span id="ancre_144cp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144c_Ouistiti_Verre.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 90 : Plan 144c.''' Sous l’effet de regard de Ouistiti le verre se déplace.|''Stalker'', '''Photogramme - 90 : Plan 144c.'''  : Sous l’effet de regard de Ouistiti le verre se déplace.]]
 
<span id="ancre_144dp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144d_Ouistiti_Verre_Chien.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 91 : Plan 144d.''' On entend les couinements du chien, Ouistiti regarde le chien, hors-champ, un instant. |''Stalker'', '''Photogramme - 91 : Plan 144d.'''  : On entend les couinements du chien, Ouistiti regarde le chien, hors-champ, un instant.]]
 
<span id="ancre_144ep"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144e_Ouistiti_Verre_Chien.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 92 : Plan 144e.''' : Ouistiti se concentre à nouveau sur le verre qu’elle amène, par la force de son regard, au bord de la table au premier-plan. Puis, elle se concentre sur le bocal. Elle le fait déplacer jusqu’au milieu de la table. Ensuite, elle passe à l’autre verre qu’elle dirige aussi vers le bout de la table. |''Stalker'', '''Photogramme - 92 : Plan 144e.'''  : Ouistiti se concentre à nouveau sur le verre qu’elle amène, par la force de son regard, au bord de la table au premier-plan. Puis, elle se concentre sur le bocal. Elle le fait déplacer jusqu’au milieu de la table. Ensuite, elle passe à l’autre verre qu’elle dirige aussi vers le bout de la table.]]
 
<span id="ancre_144fp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144f_Ouistiti_Verre_Chien.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 93 : Plan 144f.''' : Ouistiti pose sa joue contre la table. Le verre tombe par terre. |''Stalker'', '''Photogramme - 93 : Plan 144f.'''  : Ouistiti pose sa joue contre la table. Le verre tombe par terre.]]
 
<span id="ancre_144gp"> </span> 
[[Fichier: Stalker_Tarkovski_Plan_144g_Ouistiti_Verre_.jpg|300px|thumb|right| alt=''Stalker'', '''Photogramme - 94 : Plan 144g.''' : Aussitôt une vibration se fait sentir sur la table. Lent zoom avant. Le verre tremble sur la table.  |''Stalker'', '''Photogramme - 94 : Plan 144g.'''  : Aussitôt une vibration se fait sentir sur la table. Lent zoom avant. Le verre tremble sur la table.]]
 
 
'''<span id="ancre_144">Plan</span> 144''' :  ''2h 29' 52"'' : Gros plan de profil de la fille du Stalker, Ouistiti qui tient un grand livre près de son visage. (Cf. '''Photogramme – 88.''')
 
Des flocons de pollen flottent dans l’air, comme précédemment, au [[#ancre_142|plan 142]]. Ses yeux passent d’une ligne à l’autre à une vitesse vertigineuse. (Cf. '''Photogramme – 89.''')
 
Lent zoom arrière. Elle est en plan-épaule, nous distinguons au premier plan deux verres et un bocal posés sur une table. Elle pose doucement son livre sur ses genoux. Le zoom arrière continue.
 
- Ouistiti : (off) « ''Comment ne pas aimer tes yeux  '' <br/>
''Et leur reflet étinclant.''<br/>
''Quand tu les lèves, malicieux,''<br/>
''Et traces un cercle miroitant''<br/>
''Tel un éclair venu des cieux…''<br/>
''Mais il est d’autres souvenirs,''<br/>
''Encore plus beaux : des yeux lassés.''<br/>
''Des baisers fous, l’âme en délire.''<br/>
''Et à travers les cils baissés''<br/>
''La flamme confuse du désir…''»
 
Elle se tourne un instant derrière elle, vers la fenêtre, puis, elle penche la tête en direction du verre. Bientôt sous l’effet de son regard le verre se déplace. Elle le dirige peu à peu vers le bout de la table. (Cf. '''Photogramme – 90.''')
 
On entend les couinements du chien, comme à la fin du [[#ancre_120|plan 120]]. Elle regarde le chien, hors-champ, un instant. (Cf. '''Photogramme – 91.''')
 
<span id="ancre_144e"></span>Elle se concentre à nouveau sur le verre qu’elle amène, par la force de son regard, au bord de la table au premier-plan. Puis, elle se concentre sur le bocal. Elle le fait déplacer jusqu’au milieu de la table. Ensuite, elle passe à l’autre verre qu’elle dirige aussi vers le bout de la table. (Cf. '''Photogramme – 92.''')
 
Zoom arrière accompagnant le mouvement du verre. Ouistiti pose sa joue contre la table. Le verre tombe par terre. (Cf. '''Photogramme – 93.''')
 
Aussitôt une vibration se fait sentir sur la table. Lent zoom avant. Le verre tremble sur la table. (Cf. '''Photogramme – 94.''')
 
Le bruit d’un train va en s’amplifiant, et dans le vacarme du train, on entend l’hymne à la joie de la neuvième symphonie de Beethoven. La petite fille est cadrée en gros plan. La musique diminue puis disparaît. Reste le bruit du train.
 
 
 
Fondu en noir.
 
 
 
''2h 33' 35"'' : Générique de fin.
 
 
<center>* </center>
<span id="ancre_sta259"> </span>
======Ouverture et fermeture du film avec des plans de verres======
 
 
C'est donc cela, la réponse d'Andreï Tarkovski : les v&#156;ux profonds des hommes se trouvent logés au fond du regard d'un enfant, comme un éternel hymne joyeux. Au fond du regard, c'est-à-dire au fond des yeux, au fond de deux orifices circulaires doués du miracle de la vue. Nous avons déjà vu une scène comparable à celle-ci, au plan 6 du film. (Cf. '''[[#ancre_6p|Photogramme – 4.]]''') Les deux plans du plateau de fer vibrant constituent des parenthèses étranges du personnage du Stalker. Et l'opposition de ces deux plans avec le plan 144, nous engage sur le véritable mystère du prodige de Ouistiti. Les protagonistes reviennent de la Zone, mais nous pensons, que les spectateurs, eux, y restent. En effet, nous déduisons de cette présentation en opposition de plan que l'étrangeté et l'[[insolite]] n'appartiennent pas exclusivement à la Zone ; car, ce qui est troublant, c'est que "le grand verre", <ref>Contrairement à la remarque de '''G. Pangon''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 110.  </ref> n'est pas "vide". Il nous semble, qu'il porte l'opacité grasse d'un verre de lait qu'on vient de boire. Or, nous venons de voir le chien noir lapant du lait. Ne peut-on pas voir dans ces images conclusives, une relation en boucle illustrant un élément maternel, le [[lait]] ? Ainsi, ces constatations nous font pencher sur les propriétés des verres.  


<center>* </center>
<center>* </center>
<span id="ancre_sta260"> </span>
======Propriétés des trois verres du plan 144======


Nous venons de voir le premier, le verre opaque. Le second est transparent et à moitié plein d'un liquide rouge (vin ou sang). <ref>'''G. Pangon''' parle du sang du Christ. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|Op. cit.]]'', p. 110.  </ref> Le troisième verre (caché à l'image) contient une coquille d'œuf ouverte vide et une [[plume]]. A cela, nous devons être attentifs au plateau de la [[table]] sur laquelle sont posées les trois verres : De forme rectangulaire, lisse et inondée, en grande partie, de lumière blanchâtre, qui ressemble et se confond avec la blancheur du "grand verre". Le plateau rectangulaire de la table du plan 144 ne contraste-t-il pas avec le plateau rond en fer qui vibre du [[#ancre_6p|plan 6]] ? Ne peut-on pas dire, en définitive, que ce qu'il faut retenir dans ce plan, n'est pas le pouvoir [[Télékinésie|télékinésique]] de Ouistiti, mais bien, plus simplement, les verres et la table lisse sur laquelle Ouistiti va, enfin, poser sa lisse joue ? Nous sommes, de nouveau, dans un système d'entrelacs et de nœud symbolique complexe. Mais en même temps, avec la [[chute]] du "grand verre", tout le poids et la densité dramatique du film se libèrent, <ref>Exactement comme dans ''[[Nostalghia]]'', avec la "Libération de la Maison de la fin du monde". </ref> illustré phonétiquement par le passage du vacarme strident de train (comme au plan 6), suivi par l'hymne à la joie de Beethoven. Ainsi, in extremis, à travers le plateau vide de la table, ne peut-on pas voir une abstraction géométrique (presque malévitchienne) de la "météorite" ? (Parce que tout le plan (pour ne pas dire tout le film) baigne dans le surnaturel). Et à travers cette abstraction, ne peut-on pas dire que nous assistons à une représentation d'une apparition théophanique, qui manifeste une perspective d'une "tabula rasa" ?


Ainsi, les trois hommes arrivent à leur destination, mais aucun des trois n'aura son vœu exaucé. Comme si le film voulait nous dire : peu importe la destination d'un trajet initiatique, seul compte l'accomplissement du trajet, la conviction de sa propre foi. Et inversement, l'homme ne peut accomplir la pleine réalisation de sa foi véritable, qu'au cours d'un "déplacement", d'une traversée. Ici la traversée est de deux ordres : elle est atemporelle et elle est dominée par une spatialité instable.
<span id="ancre_tabl"></span>Dans ces circonstances extrêmes, les trois verres ne suggèrent-ils pas le temps (ou plutôt, la progression du temps) ? Le passé présenté par la coquille éclose et la fraîcheur d'une plume ; le présent est le verre à demi-plein ; le futur, enfin, dévoile une maternité débordante et débordée. Pour clore, il faut considérer l'angle de chute du "grand verre". Il se dirige sur l'axe, droit vers le public (il aurait pu tomber à gauche ou à droite). Nous pensons ainsi, que le réalisateur cherche un débordement d'une contagion théophanique. G. Pangon, conclut son article sur la question de "la nécessité du renouveau intérieur" et "la foi en l'homme pour progresser vers l'absolu". Or, d'après le plan 144, l'absolu serait, selon une formule laconique : un moins et non pas un plus.
 
Il reste enfin la réponse de la Zone. Elle est souvent animale.  Nous citons les animaux qu'on  a vus : le chien noir, le corbeau et enfin un poisson qui apparaît rôdant près de la bombe. On entend également d'autre animaux : coucou, hurlement de loup. Tarkovski se détache encore une fois des Strougatski, par la nécessité intérieure de l'artiste de dévoiler ses champs de préoccupations et de labourer ses charges émotionnelles. Il est particulièrement intéressant de voir le développement d'un certain nombre de registres de significations qui s'emboîtent et qui évoluent en même temps séparément.
 
L'œuvre est cyclique : nous partons d'un bar, pour revenir à un bar (Plan 133). Un bar est parfois le lieu de rencontre de gens spéciaux, qui racontent des histoires extraordinaires, des légendes, des mythes, des contes. Le film prend souvent les proportions d'un conte. Il est un conte.<ref> Cf. Gestenkorn et Struedel, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', pp. 75-76 </ref> Au long [[#ancre_120|plan 120]], l'Écrivain demande au Professeur : ''Vous croyez à tous ces contes de fées ? '' Le Professeur lui répond : ''Aux beaux contes, non. Aux contes terribles, oui. '' En réalité, ''Stalker'' est un beau conte, raconté terriblement, dramatiquement. Comme toujours dans les contes, les animaux ont une place importante. Nous avons abordé avec la question du [[Nom#La question de la dénomination|nominalisme animal]] le statut des noms d'animaux.
 
L'agneau et le poisson s'inscrivent dans des registres privilégiés, et le poisson conclut l'issue de la Zone. C'est le dernier plan concernant la Zone. (…) "La symbolique du poisson s'est étendue du christianisme. (…) Toutefois dans la plupart des cas, le symbolisme, tout en restant strictement christologique, reçoit un accent un peu différent : comme le poisson est aussi une nourriture et que le Christ ressuscité en a mangé (Luc 24, 42), il devient symbole du repos eucharistique. (…) Enfin, comme le poisson vit dans l'eau, on poursuivra parfois le symbolisme, en y voyant une allusion au baptême, le chrétien est comparable à un petit poisson, à l'image du Christ.<ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 774. Cf. également Tertullien, Traité du Baptême. </ref>
 
 
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''La suite est en préparation''




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==Conclusions==
==Conclusions==
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===Les faits et les caractères cinémantiques du film===
===Les faits et les caractères cinémantiques du film===


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Nous constatons que les strates du film ne s'organisent pas d'une façon cohérente. En effet, le développement sémantique d'un certain nombre de plans du début résonne souvent dans un plan qui se trouve à la fin du film. <ref> L'inverse est aussi vrai. Pour cette raison, et d'autres encore, le [[Premier (plan d'un film)|début d'un film]] est toujours très important.</ref> Il en va ainsi du plateau vibrant au plan 6, qui trouve son développement au plan 144, du bonnet et du sac à dos du Professeur au plan 3 et de leurs développements multiples, des ramifications des bandelettes lestées, etc. Cela implique que nous pouvons distinguer pour le moment trois caractères dominants de la cinémancie : la topo-analyse, la spatio-temporalité et le formalisme. Nous avons abordé la topo-analyse avec Nostalghia ; la spatio-temporalité concerne l'ordre du déroulement des événements dans l'espace et dans le complexe du temps : le temps diégétique, culturel et universel (le chapeau de l'Écrivain ou les développements mythiques du "Porc-épic") ; et enfin, la formalité qui s'inscrit pour Stalker à un double niveau, d'une part, il s'agit de la structure formelle à l'intérieur d'un plan, c'est la relation des objets-choses avec les protagonistes ; d'autre part, il s'agit de la "forme générale" d'un film qui s'appuie sur des formes géométriques.
Nous constatons que les strates du film ne s'organisent pas d'une façon cohérente. En effet, le développement sémantique d'un certain nombre de plans du début résonne souvent dans un plan qui se trouve à la fin du film. <ref> L'inverse est aussi vrai. Pour cette raison, et d'autres encore, le [[Premier (plan d'un film)|début d'un film]] est toujours très important.</ref> Il en va ainsi du plateau vibrant au plan 6, qui trouve son développement au plan 144, du bonnet et du sac à dos du Professeur au plan 3 et de leurs développements multiples, des ramifications des bandelettes lestées, etc. Cela implique que nous pouvons distinguer pour le moment trois caractères dominants de la cinémancie : la topo-analyse, la spatio-temporalité et le formalisme. Nous avons abordé la topo-analyse avec Nostalghia ; la spatio-temporalité concerne l'ordre du déroulement des événements dans l'espace et dans le complexe du temps : le temps diégétique, culturel et universel (le chapeau de l'Écrivain ou les développements mythiques du "Porc-épic") ; et enfin, la formalité qui s'inscrit pour Stalker à un double niveau, d'une part, il s'agit de la structure formelle à l'intérieur d'un plan, c'est la relation des objets-choses avec les protagonistes ; d'autre part, il s'agit de la "forme générale" d'un film qui s'appuie sur des formes géométriques.


Par ailleurs, les faits cinémantiques s'inscrivent sur plusieurs registres, <ref> Une de nos premières préoccupations serait de mettre en évidence les différents registres [[Thèse:Résumé|cinémantiques]]. </ref> et, nous pouvons dire, finalement, que le dénominateur commun qui les soulignent, est le caractère de variabilité. En effet, ce caractère constitue un complexe dans lequel il faut distinguer plusieurs paramètres : celui de la matière (une chose, un mot ou un son) ; de l'objet (taille et structure) ; de la forme (situation et position), et enfin, de la durée des instants. <ref>Cf. '''G. Bachelard,''' ''L'Intuition de l'instant'', (…) "Or, toute évolution, dans la proportion où elle est décisive, est ponctuée par des instants créateurs." Editions Stock, Paris, (1931) 1992, p. 18.  </ref> En outre, ces paramètres sont toujours inclus dans une série, qui est elle-même incluse dans une autre série, et ainsi de suite. Ainsi, un film nous livre "le modèle fixe", immuable, d'un certain nombre de séries. Ceci nous pousse à croire qu'il y a un nombre limité de séries, mais un nombre considérable de variantes de séries. <ref> C. '''S. Peirce''' écrit (...) "En général, nous pouvons dire que les significations sont inépuisables", ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'',p. 98.</ref> Cela démontre que nos intuitions sont cohérentes, puisqu'il suffit qu'il y ait un simple fait [[Thèse:Résumé|cinémantique]] dans un film, pour qu'il soit aussitôt inscrit dans une série. Ainsi, un résumé succinct du film Stalker, nous permettra de voir plus clair. (Cf. Tableau général du film Stalker. )
Par ailleurs, les faits cinémantiques s'inscrivent sur plusieurs registres, <ref> Une de nos premières préoccupations serait de mettre en évidence les différents registres [[Thèse:Résumé|cinémantiques]]. </ref> et, nous pouvons dire, finalement, que le dénominateur commun qui les soulignent, est le caractère de variabilité. En effet, ce caractère constitue un complexe dans lequel il faut distinguer plusieurs paramètres : celui de la matière (une chose, un mot ou un son) ; de l'objet (taille et structure) ; de la forme (situation et position), et enfin, de la durée des instants. <ref>Cf. '''G. Bachelard,''' ''L'Intuition de l'instant'', (…) "Or, toute évolution, dans la proportion où elle est décisive, est ponctuée par des instants créateurs." Editions Stock, Paris, (1931) 1992, p. 18.  </ref> En outre, ces paramètres sont toujours inclus dans une série, qui est elle-même incluse dans une autre série, et ainsi de suite. Ainsi, un film nous livre "le modèle fixe", immuable, d'un certain nombre de séries. Ceci nous pousse à croire qu'il y a un nombre limité de séries, mais un nombre considérable de variantes de séries. <ref> C. '''S. Peirce''' écrit (...) "En général, nous pouvons dire que les significations sont inépuisables", ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'',p. 98.</ref> Cela démontre que nos intuitions sont cohérentes, puisqu'il suffit qu'il y ait un simple fait [[Thèse:Résumé|cinémantique]] dans un film, pour qu'il soit aussitôt inscrit dans une série. Ainsi, un résumé succinct du film Stalker, nous permettra de voir plus clair. <span id="ancre_tab"> </span>  (Cf. Tableau général du film Stalker. )


'''Légendes des deux dernières colonnes :'''
'''Légendes des deux dernières colonnes :'''
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===La forme cinémantique du film===
===La forme cinémantique du film===


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===Le fond cinémantique du film===
===Le fond cinémantique du film===


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===Le départ pour la « Zone » : Description, composition et situation (Plans 3 – 42)===
===Le départ pour la « Zone » : Description, composition et situation (Plans 3 – 42)===
          
          
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<span id="ancre_sta266"> </span>
===« L’Avant-Zone » : Disposition, citation et coloration (Plans 43 – 50 )===
===« L’Avant-Zone » : Disposition, citation et coloration (Plans 43 – 50 )===


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<span id="ancre_sta267"> </span>
===« La Zone » : Solutions, inspirations et convictions (Plans 51 -131)===
===« La Zone » : Solutions, inspirations et convictions (Plans 51 -131)===
          
          
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===« L’Après-Zone » : Position, direction et orientation (Plans 131 -144)===
===« L’Après-Zone » : Position, direction et orientation (Plans 131 -144)===
          
          
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===Conclusion (provisoire) :===
===Conclusion ===


*[[Stalker#Les faits et les caractères cinémantiques du film|Les faits et les caractères cinémantiques du film]]<br/>
*[[Stalker#Les faits et les caractères cinémantiques du film|Les faits et les caractères cinémantiques du film]]<br/>
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