Bougie

De Cinémancie
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Nostalghia, plan 14. Les plumes (imperceptibles ici) viennent s'échouer sur la multitude de cierge. (L'autel ici, représente, comme nous allons le voir, l'humanité.)


Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Adorable Voisine (L') Bell Book and Candle Quine Richard Druten John van
Taradash Daniel
1958 USA 106
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Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Fanny et Alexandre Fanny och Alexander Bergman Ingmar Bergman I. 1982 Suède 188
Nostalghia (Voir détail : Nostalghia) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130


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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Nostalghia, d’Andreï Tarkovski

La figure de la bougie à une importance capitale dans ce film, nous devons donc observer son apparition, au fur et à mesure.

Première citation de la bougie

Au plan 39, près de la piscine de Sainte-Catherine, le Poète dialogue avec la Traductrice, elle lui explique : "Il (le Fou) a une manie, il entre dans la piscine avec une bougie allumée." [1] C'est un indice paradoxal, le feu dans l'eau ou plutôt sa persistance dans l'eau. C'est un point à ajouter dans le registre de la cigarette. Le Poète est tout à coup animé par une certaine euphorie, il demande à se rendre chez le Fou. La Traductrice demande son adresse aux baigneurs. Le Fou habite à Bagno-Vignoni.


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La bougie du Mystère de Sainte-Catherine

A Bagno-Vignoni, dans « La Maison de la fin du monde ». Au :

Plan 51 : 51' 54" : Le "Fou" est devant des étagères, enfoncées dans le mur. Comme si c'était "l'autel du lieu" ? Quelques instants plus tard, en effet, il tend religieusement un verre de vin et un morceau de pain au Poète (51b). Cela témoigne de la consubstantialité (graduelle) entre le Poète et "le Fou".

Plan 54 : 53' 24" : Trois bouteilles posées au sol. Elles sont à peine remplies d'eau.

Plan 55 : 53' 55" : Retour aux deux hommes.

- Le Fou (en voix off) : "Il faut avoir des idées plus grandes." [2]

- Le Poète : "Comment ?"

Le terme ici n'est pas à considérer d'une manière interrogative, mais d'une manière exclamative. En effet, le Poète était encore perdu dans ses pensées (dans son passé). [3] Le Fou continue :

Plan 56 : 54' 14" :
- Le Fou : " J'étais égoïste… Je voulais sauver ma famille… Il faut sauver le monde, le monde entier." (56b)
- Le Poète : "Comment ?" Maintenant le terme est un adverbe interrogatif. La question devient : "Comment sauver le monde ?"
- Le Fou : "C'est simple… Tu vois cette bougie." Il éteint une petite bougie qu'il tenait à la main. (Cf. Photogramme Bougie 1.) " Traverse l'eau avec la bougie allumée."


Photogramme - Bougie 1 : Nostalghia, Plan 56c. La bougie du "Fou", celle "qui sauvera le monde". (1ère apparition de la bougie.)


- Le Poète : " Quelle eau ?"
- Le Fou : " L'eau chaude, la piscine de Sainte Catherine, celle qui fume. "
- Le Poète : " Bon, quand ? "
- Le Fou : " Tout de suite. (…) Moi, je ne peux pas… On me crie "tu es fou."

Plan57 : 56' 02" :
- Le Poète : "Très bien."
- Le Fou : (En criant.) " Très mal."

Autre subtilité du discours. Car, quand le Poète dit : "Très bien", c'est pour dire : " J'irai dans la piscine." Mais "le Fou", rectifie le sens. En effet dans la suite du dialogue, la réplique du Poète est une affirmation de ce que les gens disent à son propos. Par ailleurs, ce dialogue évoque un fait superstitieux pour sauver le monde. Comment ? D'abord par la "vision" : "Tu vois cette bougie." Ensuite par la traversée d'une piscine sanctifiée, et enfin par la combustion de la bougie, dont la flamme évoque l'idée de purification par le feu. " Elle symbolise la vie dont Macbeth parle d'ailleurs comme d'une "brève bougie." [4]


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"L'hôtel Palma", 2ème partie - Rêves et Présages

Plan 71 : 1h 02' 42" : Le Poète entre dans le couloir de l'hôtel en ouvrant les portes d'un geste déterminé. Il n'est presque plus le même. Il est devenu vif, enthousiaste, content de sa "nouvelle mission" (Accomplir le « Mystère de Sainte-Catherine »). Il rentre dans sa chambre.

Plan 72 : 1h 03' 20" : Il est étonné de trouver sur son lit la Traductrice en train de se sécher les cheveux. "Je croyais que tu étais parti ?" Elle lui donne le prétexte qu'il n'y avait pas d'eau chaude dans sa chambre à elle. Le Poète n'y accorde aucune importance. Heureux, comme un enfant, il rejoint la Traductrice dans le lit, et lui dit : "Regarde ce qu'il m'a donné : une bougie" (plan 73). Il lui montre la bougie, et la pose quelques instants devant elle, avant de la remettre dans sa poche. Il se relève aussitôt du lit.

Plan 74a : 1h 04' 28 " : La Traductrice est devant le miroir (celui du plan 27f). Elle est en colère. Elle commence son discours sur un ton vindicatif de reproche : " Tu as peur… Tu as des complexes… Tu n'es pas libre. (…)" (Elle se dirige vers une fenêtre.) (74b) " À Moscou j'ai rencontré des hommes extraordinaires." (Elle ouvre la fenêtre.) Aussitôt : " Que voulez-vous de moi ?" (Elle dénude son sein droit.) (74c) Le dévoilement du sein droit est une image hybride, qui oscille entre une invitation au désir et le devoir de la maternité, [5] qui est, en fin de compte, directement reliée avec le plan 65 : le lait renversé.

La Traductrice, prise dans une spirale délirante, entre dans la salle de bains. Elle sort de la salle de bains, fait quelques pas, se retourne et jette sa brosse à cheveux. (Plan 31a)

En somme, nous apercevons que le cinéma d'Andreï Tarkovski est un cinéma de combinaisons sémantiques parallèles. C'est-à-dire que des séquences disparates détachées de leurs contextes diégétiques sont à tout moment susceptibles d'intervenir dans un sens déterminé. Il en est ainsi pour le parallélisme en chaîne des séquences suivantes : celle de l'ouverture du ventre de la Vierge (plan 10b), du lait qui se renverse (plan 65), du sein dénudé (plan 74c), ou la suite répétitives des séquences de la cigarette, jusqu'à "l'eau qui fume", ou encore la bougie. De même nous avons pu constater tous les parallélismes, parfois contraires dans cet épisode.

Plan 75 : 1h 08' 34 " : Le Poète tourne ses talons, et sort dans le couloir (plan 76). Tout un coup, le sang coule du nez. Le Poète s'assied sur un banc, sort son mouchoir pour s'essuyer (76c). Il s'incline vers le sol, essuie le sang qui est tombé sur les dalles du couloir (plan 77). L'image semble plutôt suggérer "le mariage de sang" du Poète, avec le lieu sur lequel il se trouve. [6] Le Poète n'était absolument pas concerné par les vicissitudes de la Traductrice. Il est encore bouleversé par le discours du Fou, "avoir des grandes idées", "il ne suffit pas de sauver sa famille, il faut sauver le monde, le monde entier." Comment ? Grâce à la bougie qui est restée tout ce temps-là dans sa poche. Comme une flamme de la résurrection ? Le début d'un nouvel âge d'or ?

Plan 77a.
La Traductrice s'en va dans sa chambre. Elle revient avec les valises (77d). Cette fois-ci, elle a les cheveux enroulés sous un béret. C'est la marque d'un changement de son attitude. Une grande partie de son "charme" est voilée. Elle se dirige vers la chambre du Poète. Elle sort de son sac la lettre qu'il lui a donnée la veille, à propos du compositeur russe Sisnovski. Elle hésite à frapper. Elle tente de glisser la lettre dans la fente de la porte (77e). Elle regarde la lettre. Elle se dirige à un endroit éclairé du couloir (77f), et lit la lettre.

Soulignons que le poète avait la lettre dans sa poche, et elle a été remplacée par un autre "rêve", la bougie du "Fou".


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L'église inondée - Pré-figuration et trans-figuration : Le poème, la plume et l'ange : figures ascensionnelles

Plan 83 : 1h 17' 40" : C'est un plan rapproché d'une fontaine d'où jaillit une eau abondante (83a).(Cf. Photogramme – Eau 5.)


Plan 84 : 1h 18' 30" : Intérieur de l'église inondée. D'un côté d'un mur en ruine apparaît une petite fille qui se cache aussitôt que le Poète entre dans l'église. (84a) Sous un autre angle, et d'un autre côté de l'église, la petite fille apparaît de nouveau. (84b)

Plan 85 : 1h 19' 06" : Le Poète ne s'aperçoit pas de la présence de la petite fille. Il laisse tomber le livre. Il fait un petit feu, il boit de la vodka. Il pose le gobelet près du feu, le gobelet vacille, il le retient à la dernière seconde. Soudain, il remarque la petite fille : (85b) " Que fais-tu ici, tu as peur. (Plan 86.)

Plan 87a : 1h 20' 25" : "C'est moi qui devrais avoir peur de toi." Le Poète est saoul. Lui, d'habitude si réservé, si laconique, se met à parler sans arrêt. (Voir : Ange) Il allume une cigarette. Il pose son gobelet de vodka au bout d'un poteau flanqué au milieu de l'église, sans aucune raison apparente. Comme si le poteau (axe du monde) au plan 1 commençait à émerger ? (87c) (Cf. Photogramme Poteau.) Il se met à parler seul (…) "Les sentiments inexprimés ne s'oublient jamais."

Photogramme - Poteau: Nostalghia, Plan 87c. Le Poète saoul au milieu de l'église inondée, près d'un petit poteau.

Il se met à parler seul (…) Il s'adresse à la petite fille (87d) : -" Comment t'appelles-tu ? "
- La petite fille (off) : " Angela. "
- Le Poète : "Angela, bravo…" (89) Il veut se débarrasser de la cigarette suspendue à sa bouche, mais, cette dernière étant humide, le bout de la cigarette se détache du filtre, qui reste collé dans sa bouche. Ce bout de cigarette ne suggère-t-il pas le bout de la bougie ? Un poteau en miniature ?

Plan 92 : 1h 25' 10" : Second panoramique droite/gauche et gros plan de la tête du Poète allongé, près du feu. La caméra dépasse la tête du Poète et cadre le feu. (Cf. Photogramme - Feu.) Transition avec "le rêve du Poète".


Photogramme - Feu  : Nostalghia, Plan 91. Le panoramique droite/ gauche qui dépasse la tête du Poète, et fixe le feu. Soulignons le passage « tête → feu » .


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Passages et messages

« Il n'y a que mon semblable, la compagne ou le compagnon,

qui puisse m'éveiller de ma torpeur, déclencher la poésie, me lancer contre les limites du vieux désert afin que j'en triomphe. Aucun autre. Ni cieux, ni terre privilégiée, ni choses dont on tressaille.

Torche, je ne valse qu'avec lui. »

René Char.[7]

Messages et passages

Plan 97 : 1h 30' 44" : Vue générale aérienne de Rome, la ville éternelle.

Plan 98 : 1h 31' 31" : Le Poète est devant le parvis d'un grand hôtel romain. Il vérifie ses sacs de voyage. Il s’assied sur le banc. (Cf. Photogramme – Banc.)


Plan 102 : 1h 25' 48" : Le Poète change son projet, celui de rentrer à "la maison". Il demande au taxi de le conduire à Bagno-Vignoni.

Il allume une cigarette, qu'il rejette aussitôt, en posant la main sur le cœur, comme s'il souffrait. [8]

Le message du Fou.

Plan 103 : 1h 38' 18" : Rome. Dans une place publique, nous entendons d'abord, en voix-off, le "Fou" discourir. L'auditoire est peu nombreux, les gens sont éparpillés, les uns sont loin des autres. Plan général d'un escalier monumental, les gens sont disposés en diagonale.

Retour à Bagno-Vignon :

Plan 105 : 1h 41' 04" : Le Poète revient devant la piscine mystérieuse de sainte Catherine.

Plan 107 : 1h 43' 08" : Plan rapproché du Poète accoudé à l'intérieur de la piscine vide de Sainte Catherine. Il est visiblement fatigué, haletant. Il prend des pilules.

Retour à Rome :

Plan 108 : 1h 43' 35" : Plan rapproché sur le "Fou à cheval". Il continue à discourir : "Où suis-je quand je ne suis pas dans la réalité ? Ni dans mon imagination ? (…)Les grandes choses finissent, ce sont les petites qui durent (…)" Un collègue du "Fou", tient un bidon d'essence dans la main. Il monte l'échafaudage et donne le bidon au "Fou" (plan 109a). "Le Fou" s'asperge d'essence (110). "Le Fou" allume le briquet (113). (Cf. Photogramme - Cheval en feu.)


Photogramme - Cheval en feu : Nostalghia, Plan 113. Le Fou à cheval en feu.

La Traductrice arrive aux pieds d'un escalier monumental (116). Zoé commence à aboyer avec vigueur (117). "Le Fou", en feu, descend (en off) de l'échafaudage, et vient mourir en croix aux pieds des gens (118).

Bagno-Vignoni : La traversée de la piscine de Sainte Catherine.

Plan 119 : 1h 48' 18" : Le Poète allume la petite bougie, celle que le "Fou" lui a donnée. Il commence d'abord par toucher le bord de la piscine (119b). Aussitôt qu'il a fait quelques pas, la bougie s'éteint (119c). Il allume la bougie une seconde fois, il ouvre son manteau, et abrite la flamme de la bougie du vent. (119 e) Ce n'est qu'à la troisième tentative qu'il réussit à avancer, sans que la bougie s'éteigne. (Cf. Photogramme - Bougie 2.)


Photogramme - Bougie 2 : Nostalghia, Plan 119h. Le poète protège la flamme de la bougie avec son manteau.

Il arrive enfin au bord opposé de la piscine, il est extrêmement épuisé, il s'agrippe à un petit escalier métallique. (119i) Il réussit à fixer la bougie sur le bord de la piscine. Il pousse un petit cri, et s'effondre. (119 j)

Plan 120 : 1h 56' 58" :Contre-champ du plan précédent. Une petite foule est amassée devant la piscine qui assiste à l'accomplissement du "mystère de Sainte Catherine". Le conducteur de Taxi court vers son "client".

Plan121 : 1h 57' 06" :Gros plan de la bougie allumée.

(Voir : "miniaturisation/monumentalisation".)


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Liens Spécifiques du film

Voir : Nostalghia



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Notes et références

  1. C’est le Mystère de Sainte-Catherine. Le « Fou » pense que grâce à ce rituel, il sauvera le monde.
  2. Cette phrase ressemble à la réponse du prêtre à l'intention de la Traductrice, au IIème épisode, plan 10. Cette dernière lui dit :
    - La Traductrice : "Pourquoi les femmes prient autant ?"
    - Le prêtre : "Moi je suis un simple homme. Une femme sert à avoir des enfants, à les élever avec patience et sacrifice. "
    - La Traductrice : "Elle ne sert qu'à ça."
    - Le prêtre : "J'en sais rien. Il y a des choses plus importantes. "
  3. Nous remarquons que cette subtile nuance propose une variante de clédon, comme d'ailleurs celle du "Fou", à l'entrée de la maison. Quand le Poète lui dit : "je sais pourquoi vous avez fait ça !" "Le Fou" répond :"le vélo !"
  4. Éloïse Mozzani, Le Livre des Superstitions. Mythes, Croyances, Légendes, Éditions Robert Laffont, Paris, (1995) 1996, p. 257 sq.
  5. Comme le dira par ailleurs le prêtre, au plan 8 : "Une femme sert à avoir des enfants et à les élever avec patience et sacrifice."
  6. Ce qui appuie l'interprétation du plan 27c, l'inclinaison du poète. D'autre part, les gouttes de sang deviennent une métaphore "sacralisante" des gouttes d'huiles du "Fou".
  7. Commune présence, titre du poème : "La bibliothèque est en feu", Editions Gallimard, Paris, 1978, p. 230.
  8. C'est grâce à ce plan (et au plan 27d) que le cinéaste montre les problèmes de santé du Poète. Il est cardiaque et mourra au bout de sa mission.


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