Manteau
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Longs Manteaux (Les) | Longs Manteaux (Les) | Behat Gilles | Behat G. Leconte J.-L. | 1986 | Argentine, France | 94 |
Manteau (Le) | Il cappotto | Lattuada Alberto | Lattuada A., Prosperi G., Sinisgalli L., Zavattini C. Nouvelle de Gogol Nicolas | 1952 | Italie | 85 |
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Andreï Roublev §. Une femme nue sous un manteau |
Andreï Rublyov | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Boulevard du Crépuscule | Sunset Boulevard | Wilder Billy | Brackett Charles, Marshman Jr. D. M., Wilder Billy. | 1950 | USA | 110 |
Café du Pont (Le) | Café du Pont (Le) | Poirier Manuel | Poirier Manuel, d'après l'autobiographie épopnyme de Pierre Perret | 2010 | France | 95 |
Citizen Kane
§. Une tache de ciment tombe sur le manteau propre de Kane. |
Citizen Kane | Welles Orson | Mankiewicz Herman J., Welles Orson | 1941 | USA | |
Jeremiah Johnson §. Le manteau fabriqué par Swan… |
Jeremiah Johnson | Pollack Sydney | Anhalt Edward, Milius John, d’après les romans de Fisher Vardis, The Mountain Man et Throp Raymond, The Crow Killer | 1972 | USA | 108 - 116 |
Nostalghia | Nostalghia | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Retour à Cold Mountain | Cold Mountain | Minghella Anthony | Minghella Anthony, d'après le roman éponyme de Frazier Charles (1997) | 2004 | USA | 148 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Café du Pont (Le), de Manuel Poirier
Supplément, ajouté le 26.05.2013
Une nuit, durant la guerre, Pierre Perret (Thomas Durastel) rencontre dans le jardin, Marek (Sacha Bourdo), un évadé polonais. Les parents de Pierrot décident de l'aider en le présentant aux maquisards de la région. Ils lui fournissent des nouveaux habits. Le père de Pierre, Maurice (Bernard Campan), avant de conduire Marek chez ses amis, devait se débarrasser du manteau compromettant de Marek. Ils passent sous un pont, Maurice enroule le manteau en boule et le jette dans l'eau... À la fin du film, Maurice devient un représentant en tissus...
Voir également : Café
Nostalghia, d’Andreï Tarkovski
Le hall d'hôtel Palma - Variations sur le thème de passage : Postures et costumes
Plan 19 : 13' 19" : Le Poète et la Traductrice sont dans le hall sombre d'un hôtel. La composition du plan indique d'emblée la relation des deux personnages. C'est une relation de passage, comme un couloir, qui sert à passer d'une chambre à une autre. Ils attendent la réceptionniste de l'hôtel pour s'y établir.
Le Poète est "perdu" dans ses pensées. Il fume une cigarette. Il est habillé d'un manteau sombre, qu'il ne quittera qu'une seule fois, quand il va rencontrer "le Fou". (Voir : Résonance) (Cf. Photogramme – Manteau 1.)
Il est ainsi, comme un éternel voyageur. Il est "nulle part chez lui". Il n'est chez lui que dans ses rêves ou dans ses rêveries, d'où l'importance des séquences en flash-back, en noir et blanc. Mais la réalité est tout autre. Et c'est cet épais manteau qui constitue ou "reste", son "chez lui". Il n'est pas "chez lui". Mais il le porte "sur lui". Le manteau se transforme en "un épiderme natal". Il devient une enveloppe protectrice. Un tissu "édénique" de son passé, le paletot opaque de ses souvenirs. Une pelote de son fil d'Ariane, organisée en bloc. [1] (Voir : Livre)
Plan 21 : 15' 18" : La Traductrice commence à raconter au Poète, une petite histoire qui va nous intéresser.
- La Traductrice : " A Milan, une domestique a mis le feu à une maison…"
- Le poète : " Quelle maison ?"
- La Traductrice : " La maison de ses patrons. Par nostalgie elle voulait rentrer en Calabre. Elle a brûlé la maison qui s'opposait à ce désir. Pourquoi ton musicien Sisnovski serait-il entré en Russie s'il savait qu'il redeviendrait esclave ? " (Le Poète se lève, commence à marcher.)
- Le poète : (Il lui tend une lettre.) "Lis… et tu comprendras… C'est la lettre de Bologne. (Celle du compositeur russe Sisnovski) … Il se mit à boire, et après il s'est suicidé…"
Cette histoire est à rapprocher de l'immolation par le feu de Domenico "le Fou", à la fin du film. (Cf. Photogramme – Manteau 2.)
Dans ce cas, c'est son corps qui s'opposait à son désir d'apporter la paix dans le monde. Soulignons aussi les combinaisons qui se créent :
Maison → feu → corps → manteau
Nous remarquons que le Poète sursaute quand il entend le mot "maison". Il demande : "quelle maison ?" C'est un point important, puisque le dernier plan du film, nous présente le Poète assis, avec le même manteau, sur le sol, près de lui une flaque d'eau et un chien.
Plan 24 : 16' 13" : Une élégante résidente de l'hôtel traverse le couloir, tenant en laisse un chien blanc et noir. (Cf. Photogramme – Chien. )
La robe du chien ne représente-elle pas le dilemme du Poète ? Ou celui de la Traductrice ? N'est-il pas une figure de "l'hésitation" ? Ne sera-t-il pas lié au lieu ? Mais le Poète est toujours "absent". Il est suspendu à ses idées. Il est ailleurs. Il pense au plan suivant :
Plan 25 : 18' 56": (4ème flash-back, en noir et blanc.) Un enfant suivi par un berger allemand et par une jeune fille. Celle-ci lance un bout de bois, au-delà d'une flaque d'eau, pour amuser le chien. (Cf. Photogramme – Chien. )
Plan 26 : 19' 29" : C'est un plan de transition. La bande-son rejoint la bande-image. La concierge continue à parler à la Traductrice. Elles montent un escalier, la concierge est inquiète du silence du Poète. Elle dit (au moment où la jeune fille jette le bout de bois au chien, au plan 25) "Nos clients reviennent." Comment ne pas voir d'une part, une transition subtile entre la dernière phrase de la concierge, et le dernier geste de la jeune fille. (Voir : Clédon.) Nous verrons en fait, comme le chien noir et blanc tenu en laisse, le poète sera aussi "tenu en laisse", et au lieu de rentrer chez lui, à Moscou, il va "choisir" au dernier moment d'accomplir son geste "héroïque", "sisyphien" dirait F. Ramasse, d'abord, en refusant de se rendre dans son espace "euphorique" (Moscou) [2] et d'accomplir le "Mystère de sainte-Catherine".
Aspects du complexe de résonance
C’est l’épisode de la piscine de Sainte-Catherine.
Plan37a : 30' 51" : Dans un village pittoresque ayant en son centre une piscine thermale, nous voyons "le Fou" accompagné par sa chienne Zoé. Il longe la piscine de sainte Catherine. En voix off, des estivants aristocrates se baignent dans la piscine. Nous apercevons, venant derrière "le Fou", le Poète qui porte son second manteau, un manteau plus clair que le précédent (37b). (Cf. Photogramme - Manteau 3.)
Ce court passage doit retenir notre attention. Ce sont des images pertinentes qui dévoilent une espèce de " transfert psychologique d'identité". Ce type de transfert se réalise à partir du prolongement d'une "ligne de force", entre deux ou plusieurs personnages ou comme dans Le Miroir, incluant un objet (un livre). Nous verrons que le manteau du Poète représentait son "chez lui", c'est en fait "sa maison" qu'il porte sur lui. Or, en enlevant son "manteau" au plan 31f, et en en revêtant un autre dans ce plan, n'annonce-il pas sa "sa future maison" ? Sa future mission ? A ce propos, Béla Balázs dans L'esprit du cinéma, formulait la question de la manière suivante : (…) "Ne pourrait-on pas voir apparaître un jour sur la scène, au lieu d'un arrière plan spatial, l'arrière-plan spirituel des personnages qui parlent." [3] Il donne, en plus, un terme qui caractérise cet aspect spécifique : (…) "une résonance (informulable)". Plus loin, il écrit : "Un corps de résonance optique" [4] Cependant, la question qui se pose est celle de savoir si au cinéma cette résonance est "systématique", quand il y a deux protagonistes sur le prolongement d'une ligne. Nous pensons, pour qu'il y ait "résonance", il faut au moins une condition, comme celle qu'on trouve au plan 37b. En effet, au plan 37b, l'aspect résonant est obtenu parce que Gortchakov porte son manteau en "enveloppant" en quelque sorte, "le Fou".
Passages et messages
Plan 98 : 1h 31' 31" : Le Poète est devant le parvis d'un grand hôtel romain. Il vérifie ses sacs de voyage. Il est prêt à partir.
Plan 99 : 1h 32' 48" : La Traductrice est au téléphone. Elle lui demande de la part du "Fou" : "Si tu as fait ce que tu avais à faire." Une servante passe derrière Vittorio, et ferme soigneusement des rideaux blancs.
Plan 102 : 1h 25' 48" : Le Poète change son projet, celui de rentrer à "la maison". Il demande au taxi de le conduire à Bagno-Vignoni. Il fait quelques pas, il passe sous un porche sombre. Il reste dans l'ombre quelques secondes. (Cf. Photogramme – Passage.)
L'image n'indique-t-elle pas "la sombre décision" du Poète.
Il allume une cigarette, qu'il rejette aussitôt, en posant la main sur le cœur, comme s'il souffrait. C'est grâce à ce plan (et au plan 27d), que le cinéaste montre les problèmes de santé du Poète. Il est cardiaque et mourra au bout de sa mission.
(Lire la suite : A propos de l’immolation du Fou, plans 103 à 108.)
Bagno-Vignoni : La traversée de la piscine de Sainte Catherine.
Plan 119 : 1h 48' 18" : Le Poète allume la petite bougie, celle que le "Fou" lui a donnée. Il commence d'abord par toucher le bord de la piscine (119b). Aussitôt qu'il a fait quelques pas, la bougie s'éteint (119c). Il allume la bougie une seconde fois, il ouvre son manteau, et abrite la flamme de la bougie du vent. (119 e) Ce n'est qu'à la troisième tentative qu'il réussit à avancer, sans que la bougie s'éteigne. (Cf. (Cf. Photogramme – Manteau 4.)
Il arrive enfin au bord opposé de la piscine, il est extrêmement épuisé, il s'agrippe à un petit escalier métallique. (119i) Il réussit à fixer la bougie sur le bord de la piscine. Il pousse un petit cri, et s'effondre. (119 j)
Plan 121 : 1h 57' 06" : Gros plan de la bougie allumée.
Lire la suite :
Liens spécifiques du film
Voir : Nostalghia
Retour à Cold Mountain d'Anthony Minghella
Supplément, ajouté le 23 juin 2013
Le contexte
Ruby (Renée Zellweger) découvre un étranger qui volait du maïs. C'était son père Stobroad Thewes (Brendan Gleeson) qui l'avait abandonné quand elle était une petite fille. Elle va lui pardonner, mais elle ne pourrait pas l’accueillir à la ferme, car l'impitoyable Teague (Ray Winstone) et ses miliciens cherchent les déserteurs.
Avant de repartir, Ruby propose d'offrir à son père un manteau, ce dernier décline l'offre, mais il suggère de l'offrir à un de ses amis musicien, Pangle (Ethan Suplee), qui n'en a pas.
Le lendemain
Ada (Nicole Kidman) et Ruby sont surprises pas une musique qui provient de l'extérieur : son père et Pangle font de la musique en reconnaissance de leur générosité (Cf. Photogramme – Manteau 5 et 6.).
Ruby inquiète de la présence des deux hommes (Teague et ses miliciens rodent dans les parages), crie en leur disant : « Retourne d'où tu viens !
- (Les deux hommes en courant) Merci pour le manteau !
- Et la bouffe !
- J'adore mon manteau.»
Entre les fêtes de fin d'année
Les trois musiciens dorment à la belle étoile. Ils avaient mangés un chevreuil congelé que Georgia (Jack White) n'a pas digéré. Il se lève et va dans un coin retiré. Dans sa cachette il entend des bruits de sabots. L’infatigable Teague et sa bande sont arrivés. Ils demandent à Stobroad de jouer un morceau. Ce dernier réveille Pangle, qui demande aussitôt : « Où est Georgia ?
- Teague : Où est la Géorgie ?
- Stobroad : Teague veut nous voir jouer.
- Pangle : Avec joie.
- Teague : Il y aurait des déserteurs par ici planqués dans une grotte.
- Stobroad : Pas au courant.
- Teague : Tu ne sais pas où est la grotte ?
- Stobroad : Non.
- Pangle : Mais si ! Il veut parler de... (Pangle est un simple d'esprit, un bienheureux innocent, qui sourit tout le temps et ne comprends pas les questions sournoises de Teague.)
- Stobroad : Ah oui... Il y a une grotte près de Bearpen Branch. On y a joué. C'était des déserteurs ?
- Pangle : Ça n'est pas du tout du côté de Bearpen Branch. (Il s'adresse à Teague) Aucun sens de l'orientation. Cette grotte, on y vit. Je m'y suis gelé, jusqu'à ce qu'on me donne ce manteau. Ruby me l'a fait. J'aime bien mon manteau. Ce côté appartenait à un pasteur et celui-ci à un cheval. Ruby disait : « Prie ou hennis, suivant le cas. » (Cf. Photogramme – Manteau 7 et 8.).
- Stobroad : Il ne sait pas ce qu'il raconte. Il a un cerveau pas plus gros qu'une noix.
- Teague : C'est un bon manteau. »
Stobroad va interrompre la discussion en jouant avec son violon. Mais à la fin du morceau, Teague pointe avec son doigt un endroit, et demande à Stobroad : « Mets toi là
- Stobroad : Ruby ne connaît rien à la guerre. Tu n'as rien à craindre d'elle, d'Ada non plus. Tu me suis ?
- Teague : (en direction de Pangle) Toi aussi, va là-bas.
- Pangle : On va se faire prendre en photo ? (Pangle s'approche de Stobroad et pose sa main autour de son épaule en souriant.) (Cf. Photogramme – Manteau 9.).
- Teague : Ne souris pas.
- Pangle : Quoi ?
- Teague : Arrête de sourire.
- Stobroad : Il sourit toujours, sans raison. (...).
- Teague : Ton chapeau, sur le visage. Couvre-toi le visage.»
À peine la phrase terminée, Teague tire sur Pangle, Stobroad veut prendre la fuite, mais Bosie (Charlie Hunnam) l'abat également.
En silence, Georgia court prévenir Ruby et Ada. Elle se précipitent vers le campement. (C'est à cinq heures de la ferme.) Elle constatent qu'ils avaient pris le manteau de Pangle, Ada se demande « Pourquoi ils ont pris son manteau ? » Le père de Ruby était encore vivant, mais gravement blessé. Elle vont le soigné dans des cabanes cachées. Et c'est à ce moment-là qu'Inman apparaît. (Lire la suite.)
Ada et Ruby sont capturés par Teague
Comme nous l'avons dit ailleurs, Ada et Ruby sont parties les premières des vieilles cabannes. Mais elles sont aussitôt surprises par Teague. Ils les accusent d'abriter des déserteurs (Georgia étant à la ferme.) Ada ne se laisse pas faire : « Il y aura des comptes à rendre. Aprés la guerre, il y aura des comptes à rendre.» Teague montre le manteau à Ada (Cf. Photogramme – Manteau 10.).« Tu as fait ce manteau ? Aider un déserteur, c'est trahir. Je sais qu'il est mi-cheval mi-pasteur. Des comptes à rendre ? Dans ton monde pas dans le mien. » [5]
A ce moment, ils entendent un cheval au galop hennir. Ils se retournent, ils reconnaissent, avec surprise, Stobroad. Teague lève son fusil pour tirer, mais Ruby tire en direction de Teague la première. Elle est aussitôt blessé par Bosie. Apparaît alors Inman, très efficace et précis en soldat expérimenté, il commence à éliminer la bande de Teague.
Les valeurs du manteau
Il faut rappeler que Teague avait des “vues” à la fois sur Ada et sur sa ferme. Il connaissait la liaison ardente entre Ada et Inman.
Durant la guerre, il lui déclare au bureau de poste-épicerie : « Il (Inman) ne reviendra pas. Vous devez le savoir dans votre cœur. Regardez-moi. Je ne suis pas rien. » [6] Mais Ada a constamment repoussé les avances de cet ignoble personnage, qui se pavanait dans les rues de la ville avec sa milice, loin de la guerre, en poursuivant des déserteurs fatigués et angoissés.
Le manteau va s'enrichir d'au moins trois valeurs : 1. Un agent de liaison ; 2. Une enveloppe protectrice ou un gardien de chaleur ; 3. Une preuve.
Un agent de liaison
Le manteau relie les principaux protagonistes du film pour aboutir à la délivrance finale, chèrement payée.
En résumé les liaisons s'établissent de la sorte :
1. Manteau ↔ Ada ↔ Révérend Monroe (Père d'Ada – Donald Sutherland) ↔ Inman ↔ Teague
2. Manteau ↔ Ruby ↔ Ada ↔ Inman ↔ Teague
3. Manteau ↔ Ruby ↔ Stobroad Thewes (Père de Ruby) ↔ Pangle ↔ Georgia ↔ Teague
Dans les trois équations, Teague termine la fin de chaîne. Ainsi, en tirant sur Pangle, Teague tire à la fois sur les pères des jeunes filles, l'un, pasteur, l'autre “cheval”. Soulignons qu'au moment où il exécute Pangle, Teague tire sur le visage caché par un chapeau et non pas directement sur le manteau. Tandis que Bosie tire sur le manteau de Stobroad
Un refuge “mobile”
Ruby n'a pas pu offrir un refuge à son père et ses amis, mais elle offrira à l'un deux, un “refuge mobile”. Mais ce refuge était un peu trop voyant. Il était fabriqué à partir de deux textures différentes : Un côté appartenait à un pasteur et un autre à un cheval. Ruby disait (à Pangle) : « Prie ou hennis, suivant le cas. » (Technique du patchwork.)
Toutefois le manteau n'a pas porté chance à Pangle, certes, il a eu chaud un moment, mais pas pour longtemps.
Une preuve de trahison
Teague était toujours intéressé par ce qui touche, de loin ou de près, à Ada. Il a comprit que le manteau constitue une preuve irréfutable sur la culpabilité et la trahison d'Ada, elle devient de la sorte, entiérement dépendante de son bon vouloir. C'est pour cette raison que Teague ne comprenait pas le sens des propos d'Ada quand elle lui disait : « Il y aura des comptes à rendre. Aprés la guerre, il y aura des comptes à rendre. »
Et hélas, le manteau ne portera pas chance à Ada non plus, car il deviendra l'indicateur de présence d'Inman. C'est grâce au manteau qu'Ada va retrouver Inman, mais aussi qu'elle va le perdre.
La valeur d'un objet
Encore une fois, on peut constater le poids sémantique considérable qu'un objet peut acquérir. Au fur et à mesure, le manteau passe d'une simple couverture banale, à des "ouvertures" de situations extraordinaires. On peut dire que le manteau n'a pas seulement habillé Pangle, mais il a également habillé le film.
Il nous semble ainsi, qu'un film qui essaye de se passer d'objet ou de les ignorer. Le film passe alors, à côté de grande liaison révélatrice. (Lire à ce propos : Faire un film. 4. Les Objets dans le film de Sean Penn, The Pledge.)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ A la question de l'habillement sombre de Gortchakov, François Ramasse trouve une "réponse" dans une citation de Tarkovski, il n'a pas accordé l'importance que le manteau mérite, op. cit., p. 118. A propos du costume, cf. E. Morin, op. cit., J. Epstein, tome 1, la redingote de Pasteur, op. cit., p. 56. F. Cesarman, dans Simon du désert, sa mère apparaît trois fois vêtue d'un uniforme de pensionnat, op. cit., p. 185. J. Donner, op. cit., p. 51 ; le manteau râpé en peau de mouton de Märta Lundberg, dans Les Communiants, p. 117. I. Lotman, le costume de Charlot, op. cit., pp. 90-91.
- ↑ Remarquons au passage, une fois de plus, la concomitance de la "fiction" et de la "réalité", car ce récit, comme nous l'avons déjà dit, concerne la vie personnelle et autobiographique du réalisateur, il illustre en quelque sorte, le geste "héroïque" d'Andreï Tarkovski, de rester en Europe et de ne plus rentrer en URSS : (…) "Le film est devenu l'écho de mon état d'âme, de ma souffrance : l'écho d'un homme qui a quitté sa patrie depuis un an." François Ramasse, op. cit., p 120. Citée dans le dossier de presse du film, propos recueillis par Cesare Biarese.
- ↑ Op. cit.,p 184.
- ↑ Ibid, p. 195. Cf. également, "Résonance d'un être", p. 247.
- ↑ « A reckoning is for your world, not mine. » (Source : IMDB.)
- ↑ « He ain't coming back. You must know that in your heart. Look at me. I'm not nothing. »